Non, "Yatra" n’est pas le cri de guerre des ninjas dans un navet cinématographique de seconde ou troisième zone. Yatra n’est pas non plus le nom d’une ville au Pérou, enfin ça j’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que Yatra est un trio de sludge made in usa relativement actif ces dernières années (puisque désormais arrivé à quatre albums en 2022 pour une création en 2018). Bref, alors que Yatra vient de sortir une nouvelle méchanceté nommée "Born Into Chaos", petit retour sur son précédent effort : "All Is Lost".

C’est lourd, c’est gras, agressif et bien crade. "All Is Lost", troisième album de Yatra mais le second à sortir en 2020, est un opus pachydermique. Mêlant sludge et stoner dans une approche plus que sale, les neuf titres (pour 35 minutes) répondent parfaitement au credo de Yatra. Moins ambiant que son prédécesseur, "All Is Lost" est un gros pavé qu’on prend surtout dans la queue et sur les épaules. Évidemment, les plus rapides l’auront compris, on est plus du côté d’un Dopethrone et cie que d’un Kyuss ou d’un Mastodon. Il faut dire que, de base, la voix de Dana Helmuth n’est pas des plus mélodieuses. Il préfère plutôt emporter l’oreille vers des abysses à base de vocales éraillées et de raclures de gorge. Ce qui donne, pour le coup, une profondeur presque caverneuse à l’univers de Yatra ("Winter's Dawning", "Blissful Wizard", "'Twas The Night"). D’un titre à l’autre, c’est parfois les aspirations stoner qui donnent le ton à la grosse patte sludge, l’un des plus flagrants exemple étant "One For The Mountain". Si l’artwork n’est pas sans m’évoquer le "Prehistoric Dog" de Red Fang, il faut bien reconnaître que les décibels d’"All Is Lost" en sont bien loin. Pour le reste, ce disque plaira autant aux amateurs des grosses machines type EyeHateGod que des ferus de formations de l’underground ricain telles qu’Old Iron ("Talons Of Eagles", "Eyes Of Light", "Northern Lights").

Pour seul bémol, je soulignerai peut-être l’hyperactivité de Yatra qui le pousse parfois vers des titres à la qualité déséquilibrée. Un détail qui n’empêchera toutefois pas les amateurs de musique lente et sale d’apprécier ce disque.