Le groupe
Biographie :

Wyrgher est un groupe de black metal suisse formé en 2014 et actuellement composé de : Menetekel (chant, guitare, basse, synthé / Arkhaaik, Ateiggär, Kvelgeyst, Lykhaeon, Ungfell) et Voidgaunt (batterie). Wyrgher sort son premier album, "Üüberirdh (Lugubria)", en autoproduction en Août 2015, suivi de "Panspermic Warlords" en Juillet 2023 chez I, Voidhanger Records.

Discographie :

2015 : "Üüberirdh (Lugubria)"
2015 : "Kosmokrater" (EP)
2023 : "Panspermic Warlords"


La chronique


Nouvelle signature pour le label I, Voidhanger Records qui ne s'arrête décidément plus ces derniers temps, le duo suisse Wyrgher nous amène son deuxième album "Panspermic Warlords" et une fois de plus son black metal va nous triturer les tympans. "Üüberirdh", son premier méfait, nous faisait déjà entendre un mélange de black raw et proche de la seconde vague norvégienne d'un côté et des expérimentations plus noisy et dissonantes de l'autre. Vous pouvez déjà vous accrocher parce qu'avec "Panspermic Warlords", le groupe n'a pas prévu de se faire plus conventionnel.

"Dormant They Drift" ne perd pas de temps avec une quelconque introduction et démarre de suite sur des arpèges dissonants qui empruntent évidemment à Deathspell Omega avant de partir sur des leads plus mélodiques voire mélancoliques qui vont régulièrement se mélanger à ces fameuses dissonances pour créer un mélange particulier et forcément noir. C'est toutefois avec "Destroyer Of The Promethean Paths" que les choses sérieuses commencent puisque c'est le premier morceau à durer dix minutes et donc à proposer des ambiances plus développées. Le rythme se pose un peu plus, le mid-tempo reprend ses droits et les dissonances trouvent toute latitude pour s'exprimer librement et tisser leur toile sur des structures plus tortueuses. Le break en plein milieu du morceau prend des airs de rituel ou d'incantation avant de laisser le morceau repartir sur des rails plus violents avec le retour de ces bons vieux blasts et un quelques passages plus groovy qui viennent trancher encore un peu plus au milieu de ce mélange des genres parfois surprenant. Si certaines influences sont reconnaissables au niveau de l'utilisation des dissonances, il faut dire que Wyrgher a tout de même sa propre identité et ce deuxième album le confirme avec de longs morceaux qui n'hésitent pas à expérimenter et à sortir des schémas metal habituels. "Solar Harvest" se fait plus direct et plus brutal, avec quelques sonorités plus martiales sur certains passages. De quoi le rendre plus accessible et plus simple à saisir malgré là encore de multiples dissonances et quelques cassures rythmiques.

C'est le genre de "respiration" bienvenue (tout est relatif puisque ce morceau reste quand même tordu et dissonant à souhait) au milieu d'un album tout de même assez complexe qui a du mal à se tenir tranquille. Les structures bougent régulièrement, les ruptures de tons arrivent soudainement et fréquemment, les ambiances passent de la noirceur froide à la folie incantatoire sans prévenir et tout ça donne à "Panspermic Warlords" de multiples visages. "Summoning The Meteoric Titans" a beau être un instrumental de seulement trois minutes, ne comptez pas sur lui pour vous reposer les oreilles, il a des relents noisy assez marqués et l'ambiance qu'il pose est glauque à souhait et n'inspire vraiment pas la confiance. Quelques rayons de lumière arrivent pourtant parfois à percer comme sur la fin de "Supreme Leader Of A Dying Star" qui fait entendre des mélodies certes mélancoliques mais paradoxalement plus lumineuses que ce que le reste de l'album propose. En même le reste en question est tellement atonal et noir que ce n'est pas difficile de faire plus lumineux ! L'influence Deathspell Omega se fait par contre flagrante sur "The Weeping Of A Blazing Rock", un morceau sur lequel le groupe ne pourra clairement pas nier l'inspiration ! Entre les dissonances et certains patterns à la batterie, tout nous renvoie à Deathspell Omega et pour le coup c'est un peu dommage de l'entendre à ce point-là. Mais bon, cela ne nuit pas à l'écoute de ce nouvel album pour autant et Wyrgher fait entendre sur le reste de l'album qu'il a bien un univers à lui, un univers qu'il construit doucement mais sûrement.

"Panspermic Warlords" est donc un album difficile à saisir, aux structures mouvantes et aux sonirités dissonantes et atonales qui cherche à vous malmener de toutes les façons possibles. Quelques mélodies plus lumineuses se fraient parfois un chemin au milieu de cette noirceur et la folie ambiante recule alors pour laisser place à une mélancolie qui allège quelque peu la pression que nous met Wyrgher pendant une bonne cinquantaine de minutes. Certaines influences se font encore sentir mais le groupe confirme qu'il a tout de même quelque chose d'intéressant à proposer et on est donc curieux d'entendre la suite.


Murderworks
Septembre 2023


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.wyrgher.bandcamp.com