Si Wooden Throne est un nouveau one-man band, son instigateur n'est pas un inconnu puisque Mikko Lehto est aussi à la barre de Burial Choir et October Falls. Il revient donc avec "Under The Moon They Wander Until Fading Away", le premier album de ce nouveau projet qui évolue dans une sphère black metal atmosphérique aux relents spatiaux. Un credo bien résumé par la pochette qui nous montre la voie lactée surmontant une forêt noyée sous la brume.

"At The Sorrows Chamber" démarre directement l'album sans la moindre intro en nous envoyant des riffs froids teintés de mélodies mélancoliques qui ne tardent pas à laisser la place à un tempo plus doom et donc plus lourd. On sent un feeling proche du black atmosphérique des années 90 dans certains leads et ces passages vont fréquemment s'entrelacer avec d'autres plus doom justement. Le feeling spatial sur fond de black atmosphérique me renvoie d'une certaine façon quant à lui au Mundanus Imperium de "Ode To The Nightsky" dans l'esprit, en bien plus froid et sombre toutefois. Wooden Throne mélange en tout cas parfaitement ces deux mondes et arrive à les fondre en un tout mélancolique, froid et contemplatif. Si les morceaux atteignent fréquemment les six minutes, l'album, lui, n'en atteint que trente-deux et évite du coup de sombrer dans la répétitivité et l'ennui, Wooden Throne prend le temps de développer ses ambiances tout en gardant une certaine concision. L'immersion n'en est que facilitée et si ce type d'ambiances vous manque, il sera très facile de relancer une deuxième écoute, ce qui risque d'arriver tant le temps semble se figer pendant "Under The Moon They Wander Until Fading Away". Mikko Lehto a clairement un don pour poser des mélodies poignantes et les ambiances développées par ce premier album sont saisissantes. Précisons pour les bourrins du fond que l'étiquette black metal se ressent principalement dans le son corrosif des guitares, dans les leads en trémolo et dans le chant bien arraché mais qu'il n'y a évidemment pas de place pour des blasts effrénés par ici.

Wooden Throne offre une demi-heure de contemplation, de beauté froide et de mélancolie et pour peu que le black metal atmosphérique que l'on entendait assez fréquemment dans les années 90 vous manque, il se peut que vous y retrouviez un petit quelque chose sur "Under The Moon They Wander Until Fading Away". On retrouve ce côté sylvestre, ce froid qui s'infiltre dans chaque mélodie et cette impression de contemplation voire d'introspection qui accompagne les passages les plus mélancoliques ou aériens. Les Français que vous êtes y retrouveront peut-être des mélodies leur rappelant l'esprit du "Ultima Thulee" de Blus Aus Nord pour les passages les plus mélancoliquement épiques dirons-nous puisque Wooden Throne n'atteint jamais le même niveau d'agressivité. Il y a vraiment une espèce de sérénité glacée qui hante ce premier album et qui cohabite très bien avec cette mélancolie qui suinte par la moindre mélodie. Ce n'est pas surprenant quand on connaît le talent pour ce type d'ambiances dont le bougre a déjà pu nous donner un aperçu chez October Falls. Il ressort à travers de l'oeuvre de Mikko Lehto une cohérence et une authenticité qui vont de paire et qui donnent une patte à ses différents projets et groupes. Wodden Throne s'adressera comme dit précédemment à ceux qui aiment le black metal atmosphérique et sera instantanément compris par ceux qui ont connu la vague de groupes des années 90.

Si les influences distillées par ce premier album sont d'une certaine époque, ses mélodies et ses riffs mélancoliques lui donnent un petit quelque chose d'hors du temps et des airs de voyage aux confins de l'univers. Pas de violence effrénée ou de haine exacerbée par ici mais "Under The Moon They Wander Until Fading Away" développe des ambiances aussi belles que froides et se fera un plaisir de congeler vos déjà froides soirées d'hiver.