Le groupe
Biographie :

Wolvennest est un groupe de black metal psychédélique et expérimental belge formé en 2015 et actuellement composé de : Déhà (batterie, piano, chant / Acathexis, COAG, Cult of Erinyes, Déhà, God Eat God, God Enslavement, Imber Luminis, Maladie, Merda Mundi, Schmerz, Silver Knife, Slow, Sorta Magora, The Penitent, We All Die (Laughing), Yhdarl, Ignifer, ex-Black Sin, ex-Deviant Messiah, ex-Sources of I, ex-Ter Ziele, ex-Vaer, Aardling, Aurora Borealis, Detrvire, Lidden, Nadddir, The Nest, Transcending Rites, ex-Clouds, ex-DunkelNacht, ex-Ithilien, ex-K.F.R, ex-Lebenssucht, ex-Deos, ex-Wunde, ex-Alenda, ex-Anal Cuntrona, ex-AutoDestructionNeeded, ex-Eat Their Crusts, ex-GigaPenzor, ex-Jah El Camino, ex-Khel, ex-NØD), John Marx (basse / Length Of Time, ex-Set The Tone, ex-Temple Of Nothing, The Nest), Marc De Backer (guitare / Mongolito, The Nest, ex-Mucky Pup), Michel Kirby (guitare / Arkangel, Length Of Time, La Muerte, The Nest, ex-Deviate), Corvus von Burtle (guitare, basse, clavier / Cult Of Erinyes, Monads, ex-Psalm, The Nest), Shazzula (chant, clavier, thérémine / The Nest, ex-Aqua Nebula Oscillator, ex-Sayona) et Bram Moerenhout (batterie / ex-Musth, The Nest). Wolvennest sort son premier album, "Void", en Mai 2018 chez Ván Records, suivi de "Temple" en Mars 2021.

Discographie :

2018 : "Void"
2019 : "Vortex" (EP)
2020 : "Temple"
2021 : "Ritual - MMXX" (Live)


La chronique


Le passage d’un être dans la noirceur et la corruption est un thème souvent abordé dans les musiques extrêmes, cependant peu l’abordent comme une bonne chose, le présentant la plupart du temps comme un abandon dans la force du désespoir. Wolvennest n’a pas pris cette décision et nous montre la passage d’une personne dans les ténèbres et qui va d’abord y être perdue, puis s’y complaire. C’est donc avec l’album "Temple" que la formation belge Wolvennest revient. Sur ce dernier album, le groupe nous propose un black metal qui n’en est presque plus, très expérimental autant dans le fond que la forme. Il semble en effet présenter une facette très introspective de la musique, proposant des ambiances très malsaines, invitant à laisser s’exprimer ses démons intérieurs, nous noyant ainsi dans un sabbat interne.

La plupart des morceaux sont plutôt longs et proposent des ambiances tantôt légères, tantôt pesantes. On a une réelle impression que la musique cherche à donner l’image d’un feu dansant au milieu de la nuit avec légèreté, et à la lumière duquel des ombres malsaines et difformes sont projetées sur les murs. Cette sensation est présente tout au long de l’album et se fait ressentir dès le tout début, invitant à laisser sortir ces démons à travers les paroles, on entend plusieurs fois "Open the gates" pendant le morceau "Mantra". Ces ambiances plutôt doom collent donc parfaitement avec la musique et ce qu’elle exprime. On retrouve également beaucoup de passages très ambiants durant lesquels la plupart des instruments sont soit absents, soit très discrets, laissant la place à toutes les ombres malsaines qui planent sur l’album. Ces passages très ésotériques servent réellement les passages plus musicaux, faisant à la fois office de ponts entre des riffs plus percutants, mais symbolisant aussi un passage d’une phase à un autre de cette libération des démons en nous. Si celle-ci est une composante majeure de l’album, les instruments sont loin d’être délaissés et on remarque quand même des riffs percutants et plus agressifs comme celui qui sert d’introduction au morceau "Swear To Fire", les trémolos rapides plus typiques du black metal de "Incarnation", ou encore une batterie extrêmement percutante et pesante dans "Alecto" qui proposera également par la suite une guitare très distordue qui semble présenter une entité difforme et innommable.

Pour ce qui est du chant, celui qui est le plus mis en avant par la production est le chant clair féminin, qui se veut très grave et insidieux et rappelle parfois celui du groupe de rock occulte Coven, et sert donc parfaitement les mélodies imposées parallèlement à ce chant. Ce dernier est majoritairement en anglais mais passe au français le temps d’un morceau. En effet la conclusion de l’album se fait dans la langue de Molière et le morceau "Souffle De La Mort" est intégralement chanté en français. Ce chant est superposé à un chant crié très éraillé dans le morceau "Mantra" et dans lequel on retrouve plus la composante black metal qui sert de fond à l’album, la mise en parallèle de ces deux chants qui débitent les mêmes paroles en même temps et au même rythme symbolise parfaitement les démons intérieurs qui essaient de sortir et sont liés à la personne qui les porte. Le chant se veut parfois aussi très incantatoire, perdant largement sa dimension musicale et n’étant plus supporté par les instruments. Le chant de King Dude lors du morceau "Succubus" vient également marquer une véritable césure dans l’album, comme si le démon avait enfin pris le contrôle et commençait à prendre des formes connues et humaines, parlant distinctement à travers son hôte, le tout dans le calme autant pour le chant que dans les instruments et qui impose une sérénité glaçante. Il sera, dans la suite de l’album, suivi par un autre chant masculin clair qui va sembler parfaitement coller au chant clair féminin qui refera également sa réapparition lors du morceau "Disappear", mais cette fois c’est ce dernier qui est mis en retrait, symbolisant le fait que le démon ait pris le dessus et que les deux entités, qui n’ont toujours été qu’une, a inversé les rôles.

Bien qu’il illustre une noirceur évidente, l’album présente un angle sous lequel l’hôte des démons libérés se complait dans sa condition et cela transparait à travers plusieurs riffs et ambiances très clairs et lumineux, notamment dans le morceau "Incarnation" qui propose un riff d’une très grande beauté dans sa légèreté. Cet complaisance dans la noirceur est directement confirmée par le morceau qui suit, "All That Black", notamment à travers les lyrics : "I like darkness, darkness is beautiful".

Wolvennest nous présente donc ici une plongée consentie et totale dans la noirceur, passant de l’être simple à une marionnette contrôlée volontairement par ses démons intérieurs. C’est à travers un album très long que l’on suit tout le processus qui prend son temps de façon insidieuse, on pourrait presque le ressentir comme la version musicale du film Hérédité de Ari Aster, ou encore The Witch de Robert Eggers, notamment à travers son épilogue qui présente une incantation à la gloire d’un esprit maléfique.


Praseodymium
Juin 2021


Conclusion
Note : 18/20

Le site officiel : www.facebook.com/wolvennestband