Du tout chaud de chez Great Dane Records avec un split cent pour cent français de death metal que le monde va nous envier, car comme on dit : "Y'a du level à Bordeaux". J’entame sans plus attendre avec les furieux de Withdrawn qui alignent trois compos toutes fraiches de death très furieux avec quelques blasts pas piqués des hannetons.

"Slaves Grinding Machine", c’est du costaud vachement bien produit et plutôt admirablement conçu. Sur un tapis de double omniprésent, la compo se déroule avec un certain sens de la mélodie tout aussi présent que les touches très violentes. D’ailleurs, au niveau des blasts sur ce morceau, ils me résonnent encore dans les oreilles tellement je les trouve ultra violents, c’est sûrement dû au mixage de la batterie qui met la caisse claire en avant, juste ce qu’il faut. Fini de jouer les mecs, le second morceau frappe très fort, j’assiste à un déferlement de violence et de blasts dès les premières notes, putain ça tape dur là ! Encore un excellent batteur qui, bien que ce ne soit pas le premier venu, est en train de sortir au grand jour pour notre plus grand plaisir et le plaisir du metal extrême français. Un morceau excellent, bien entendu, diablement bien soutenu par un excellent chant death. C‘est déjà la fin pour Withdrawn, sur un troisième titre plus détendu (jusqu’à la mi-morceau tout du moins) se termine donc leur prestation pour ce split. "Relentless Fear Hammer" est quand même plus posé afin qu’on admire toute l’étendue des riffs d’écorchés vifs qui sont passés dans mes oreilles durant les 12 minutes très convaincantes de Withdrawn. Le monde du death francais est définitivement gorgé de sang neuf après un énorme passage à vide dans les années 90 et début 2000, à cause d’une pénurie de bons batteurs qui auraient donné une autre dimension à certaines compos de bonne facture. Bref, cette époque des vaches maigres pour le metal extrême français est derrière nous. Withdrawn, un excellent groupe en devenir ? Aucun doute là dessus ! Peut-être un petit travail sur le chant afin qu’il porte un peu plus les compos serait le bienvenu, enfin moi je dis ça, je dis rien, mais je trouve qu’il accroche légèrement, mis à part ça, c’est du tout bon. Et quel putain de nom de Dieu de blasteur derrière les fûts !

Demented a lui aussi trois morceaux pour nous faire plaisir ! La prod' est différente, moins brute de décoffrage sur cette seconde partie de split, c’est la première chose qui me saute aux oreilles. Le death metal de Demented est lui aussi moins direct, plus vicieux que Withdrawn, mais je ne suis pas là pour comparer les deux groupes, d’autant plus qu’il y a un petit fossé entre les deux. "Mystical Experience" offre un death plutôt technique, et a considérablement ralenti le rythme par rapport à ses précédentes réalisations, les plans musicaux sont plus tortueux, et comme je disais un peu plus haut, c’est plus vicieux ans l’approche. "Mystical Experience" a une profondeur au niveau des compositions qui pourrait dérouter les fans de la première heure, avides de brutalité. Demented évolue et trace son chemin… quoi qu’il en soit, je ne suis pas réellement surpris car même si le groupe n’a pas pris une direction opposée à ce qu’il faisait par le passé, il n’en est pas moins plus mûr, et je pense que ces trois morceaux affichent les prémices d’un nouvel album qui sera très intéressant à écouter. Les multiples plans qui garnissent "Mystical Experience" s’emboîtent à merveille ! Demented révèle une identité bien à lui ! J’adore ! "Clearminded", c’est un peu comme un animal sauvage qui approche lentement derrière moi, la première partie du morceau est très fine, puis la brutalité de Demented reprend le dessus, c’est tout aussi violent mais de façon différente, une brutalité travaillée. "Clearmind" revient au death brutal tout en laissant la primeur à la finesse de composition et aux riffs qui doivent être de véritables casse-tête à composer. Excellent morceau que le chant transcende afin de lui donner la dimension inquiétante que j’ai ressenti à son écoute. "The Way" termine ce split de façon imparable en proposant ce qui est pour ma part un de ces meilleurs morceaux, la double grosse caisse déracine tout, l’ampleur du morceau est impressionnante car là aussi, c’est un labourage de riffs tous plus efficaces les uns que les autres. La compo est extrêmement dense, oppressante parfois, souvent même... Les 7 minutes qui la garnissent passent comme si en fait "The Way" ne durait que quatre malheureuses minutes. Un titre passionnant qui vient clore un excellent split.

Très peu de choses à dire sur les deux groupes, ils représentent dans leurs styles ce qu’il y a de mieux actuellement dans l’hexagone, et rien que ça, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Beaucoup de bons groupes en France mais trop peu d’excellents groupes en France, je pense que ces deux-là se sont engouffrés dans les brèches des excellents groupes à soutenir. Putain, y'a du level à Bordeaux !