"The Betrayal" ouvre ce premier album de Witches Of Doom  sur un fond introductif de guitare sèche et d’harmonica bluesy agrémentés d’une voix profonde et envoûtante. Dès l’entrée des instruments et de la guitare électrique, on ressent profondément l’ambiance stoner-gothique qui se dégage de ce titre. Le refrain dévoile, lui, le côté plus hard rock évoqué dans la biographie du groupe ainsi que la puissance du chant. Le morceau semble extrêmement court et dure pourtant 3 minutes 49 : un bon format radio. Cela s’annonce plutôt bien, et nous donne en tout cas envie de continuer l’écoute afin de découvrir ce qui va suivre. S’en suit alors le titre éponyme non pas de l’album mais du groupe : "Witches Of Doom" : dès les premières mesures, la tonalité de la voix surprend. Non pas qu’elle nous soit désagréable, mais plus du tout dans les premiers tons, graves et caverneux, du titre précédent. Le morceau lui-même prend un aspect moins "roots", plus moderne et influencé par les années 90 et des groupes tels que  Type O Negative. Les deux titres suivants s’inscrivent également dans cette lignée, et l’ambiance sombre qui donnerait à l’album sa véritable touche gothique / doom se fait discrète face à l’enthousiasme aux influences plus orientées stoner / hard rock.

Le piano de la ballade "Crown Of Thorns" ralentit au moment opportun le rythme de l’album. Elle reste cependant, selon moi, très axée stoner / rock, révélant parfois même des sonorités proches des ballades du grand Ozzy Osbourne. La voix retrouve son grain grave et intriguant avec "Dance Of The Dead Flies", titre impulsif aux arrangements eléctro et aux riffs de guitares efficaces. Le côté Black Sabbath modernisé de ce titre dispose de ses charmes, nécessaires pour nous laisser entraîner durant les 5 minutes 06.

Je n’ai pas encore mentionné le son de la basse, qui affirme vraiment son identité avec une profondeur et une particularité qui convient très bien au style du groupe, comme dans "Rotten to The Core" par exemple. Le riff de piano au début de "It’s My Heart" me faisait espérer une ballade sombre et grandement dépressive, voire mélancolique à souhait, afin de retrouver les ambiances plus sombres du premier titre de l’album. Mais elle prend finalement une autre direction, chose qui pourrait évidemment être totalement légitime. Malheureusement, elle ne s’avère pas non plus assez "aiguisée" pour trouver la profondeur nécessaire à l’émotion, et reste trop lisse pour dégager l’énergie qu’elle pourrait déballer. Le titre final "Obey" commence sur des ambiances envoûtantes, voire mystiques. L’entrée de la guitare amène immédiatement une force à la fois profonde et rythmée. On remue de nouveau de la tête. Le morceau dure un peu moins de 9 minutes. Que vont-ils en faire ? Le pont nous replonge au sein d’ambiances parmi lesquelles j’aime tant me perdre passivement et me laisser porter. Voici un morceau réussi, on ne peut le nier. Le choix d’entamer et de conclure l’album sur ces deux titres, qui sont (pour moi du moins) les deux meilleurs de l’album est donc judicieux. Enfin je parle ici de conclure mais… il faut avouer qu’un titre caché, instrumental, prolonge la fin de l’album (ou peut-être simplement le dernier morceau) dans une frénésie harmonique que nous aurions aimé retrouver durant l’écoute de certains autres morceaux de l’album.

Pour conclure, ce premier opus s’avère prometteur, mais révèle encore quelques inégalités entre les différents morceaux. Si certains exploitent totalement leur potentiel, d’autres pourraient encore donner plus, devenir plus « tranchants » et moins "lisses" dans leur approche. Si vous êtes amateurs des styles énoncés dans la description du groupe, vous devriez donc tout de même prêter une oreille attentive à "Witches Of Doom".