Le groupe
Biographie :

Witchery est un groupe de blackened thash et speed metal suédois, originaire de Linköping. Il est formé en 1996 par d’anciens membres de Satanic Slaughter. Le groupe acquiert rapidement une popularité de par son style musical et son univers uniques. Leur humour très noir, faisant la part belle aux exécutions, aux meurtres, à la nécrophilie, aux résurrections et autres sujets macabres, se retrouve dans les titres de leurs albums, de leurs morceaux, et même jusque dans le nom de la mascotte du groupe (un squelette nommé Ben Wrangle en raison du mot suédois benrangel, "squelette" en français). Après cinq années de silence, Witchery annonce la sortie de son sixième album intitulé "In His Infernal Majesty's Service" pour le 25 Novembre 2016 chez Century Media. Le septième album du groupe, "I Am Legion", sort le 10 Novembre 2017. "Nightside" sort en Juillet 2022.

Discographie :

1998 : "Restless & Dead"
1999 : "Witchburner" (EP)
1999 : "Dead, Hot And Ready"
2001 : "Symphony For The Devil"
2006 : "Don't Fear The Reaper"
2010 : "Witchkrieg"
2016 : "In His Infernal Majesty's Service"
2017 : "I Am Legion"

2022 : "Nightside"


Les chroniques


"Nightside"
Note : 18/20

Witchery affiche maintenant vingt-cinq années de carrière. Créé en 1997 en Suède, le groupe composé de Patrik Jensen (guitare, The Haunted, Satanic Slaughter), Richard Corpse (guitare, Satanic Slaughter, Seance), Chris Barkensjö (batterie, Lik, Mefisto, ex-The Resistance…), Angus Norder (chant, Nekrokraft) et plus récemment Victor Brandt (basse, ex-Entombed, ex-Firespawn, live pour Dimmu Borgir) annonce en 2022 la sortie de "Nightside" chez Century Media Records.

L’album débute avec la solide et entraînante "Witching Hour" qui place le groove de son black / thrash au premier plan. Les hurlements morbides collent à la perfection à l’énergie malsaine du morceau, qui laissera sa place à "Don't Burn The Witch" et ses tonalités accrocheuses, accompagnés par Maciek Ofstad (Kvelertak). La basse joue un rôle important dans la base de la rythmique complétée par les guitares hurlantes et le chant motivant, puis la rythmique freinera pour accueillir "Storm Of The Unborn" et ses tonalités martiales froides. Le chant se montre également plus puissant, puis quelques parties de clavier donnent un aspect majestueux au morceau qui n’oublie pas ses racines abrasives avant "Er steht In Flammen", un interlude mystérieux et mystique. Ne comprenant rien à l’allemand, je ne peux que profiter de cette ambiance pesante qui nous mène droit à "Popecrusher", une composition très directe et old school qui nous offre des leads très mélodieux. Le contraste est imposant et extrêmement efficace, puis le tempo ralentit pour accueillir Hank Shermann (Mercyful Fate) sur "Left Hand March", laissant les riffs lancinants nous mener droit vers la noirceur de cette marche guerrière.

Les guitares furieuses donnent des tonalités flamboyantes à ce son lancinant, puis l’énergie impie refait surface sur "Under The Altar", une courte composition instrumentale qui s’apaise légèrement avant de retrouver sa rage où le groupe fait appel à Simon Johansson (Wolf, Memory Garden) pour finalement laisser place à "Churchburner" et ses riffs effrénés. On retrouvera également des harmoniques tranchantes et des passages lourds qui nous feront remuer le crâne avant que "Crucifix And Candle" ne reprenne l’assaut avec un groove agressif qui sera sans mal repris par des fosses en ébullition. Les harmoniques travaillées nous mènent à "A Forest Of Burning Coffins" et ses riffs effrénés qui piochent allègrement dans des racines black / death pour trois minutes de pure rage déchaînée en compagnie de Jeff Walker (Carcass), qui laissent une place aux harmoniques entêtantes du thrash metal avant que "Nightside", le titre éponyme, ne vienne refermer l’album avec une quiétude malsaine. Les murmures et l’ambiance mystérieuse (avec quelques paroles en français) referment lentement les portes de l’univers du groupe, qui débouche sur un vide hypnotique.

Le secret de la longévité de Witchery ? Je ne le connais pas. Par contre, je peux vous assurer que le groupe n’a jamais perdu de vitesse malgré ses changements de line-up, et ce n’est pas Nightside qui me fera mentir ! Il abrite énergie et quiétude, toutes deux utilisées à bon escient.


Matthieu
Juillet 2022




"I Am Legion"
Note : 17/20

Inspirés des grands classiques de l’horreur, des pratiques occultes et faisant souvent référence au satanisme, Witchery vient de sortir son septième album avec de nombreux guests : Hank Sherman et Mike Wead à la guitare (tous deux dans Mercyful Fate), Nicholas Barker pour quelques voix (batteur de Brujeria, Lock Up, Twilight Of The Gods), Nils Nielsen aux claviers et Jouni Havukainen aux samples. Si Sharlee D’Angelo (basse, également présent dans Arch Enemy, The Night Flight Orchestra, Spiritual Beggars et The Night Flight Orchestra), Richard Corpse (guitare) et Patrik Jensen (guitare, The Haunted) terrorisent les foules du monde entier depuis 1997, Christofer Barkensjö (batterie, ex-The Resistance) a succédé à Martin Axenrot (Opeth, Bloodbath) en 2016 et Angus Nordern (chant) a pris la place d’Emperor Magus Caligula (ex-Dark Funeral, ex-Hypocrisy) la même année. Toujours plus sombre, plus rapide et plus violent, "I Am Legion" s’inscrit dans la suite logique des compositions du groupe, qui reprend du service depuis l’arrivée de ses deux nouvelles recrues. J’espère que vous n’avez pas peur dans le noir…

Après une introduction assez angoissante nommée "Legion", le groupe enchaîne avec des claviers pour "True North". La voix d’Angus est toujours aussi puissante et unique, passant sans effort d’un chant black metal typique à un growl plus caverneux et imposant. La rythmique martiale et rapide se permet d’inclure quelques passages plus aériens, et "Welcome Night" sonne comme une suite plus vive. En effet, les riffs de ce titre sont plus rapides, plus tranchants et le chant ne semble faire aucun compromis. On sent que la rythmique peut partir à chaque instant, et cette situation oppressante sera finalement levée alors que la double pédale arrive. "Of Blackened Wings" profite d’une introduction pour nous offrir un peu de répit, avant de lâcher à nouveau la horde droit sur nous. Les riffs démoniaques ne perdent pas de temps et se parent de choeurs par moments pour un rendu guerrier. Encore une fois, c’est un démarrage plutôt lent qui sévit sur "Dry Bones", avant d’accélérer d’un coup. Les amateurs d’harmoniques en triolets vont être servis. Le blast acharné d’"Amun-Ra" se transformera en une double pédale meurtrière pour accompagner une rythmique soutenue et qui incite à la violence sous sa forme la moins contrôlée. Les sonorités malsaines de "Seraphic Terror", le titre le plus massif de l’album, seront très appréciées en live, et j’espère que le groupe saura en tirer profit pour ses prochaines prestations. On ralentit un peu la cadence avec "A Faustinian Deal" et son instrumentale qui rappelle sans mal une marche militaire, mais avec énormément de notes ambiantes qui rendent la composition vraiment intéressante. "An Unexpected Guest" retrouve un aspect plus brut à la fois dans le son que dans la composition en elle-même, avec un solo puissant, mais "Great Northern Plague" viendra tempérer le tout. Cette introduction nous fait observer de loin l’apocalypse qui se rapproche à grands pas. Et c’est en effet une tempête qui explosera après quelques secondes de silence. "The Alchemist", le titre le plus rapide de l’album, est une façon pour le groupe de nous dire que malgré l’excellent album qu’il nous a composé, ils en ont encore sous le coude, avec quelques incantations sur la fin.

Avec "I Am Legion", Witchery nous confirment leur retour. Onze nouveaux titres emplis d’une rage insoupçonnée et que les membres peuvent difficilement contenir. Si leurs lives sont rares, c’est probablement parce que Sharlee et Patrik sont occupés ailleurs, mais le remplacement du chanteur et du batteur l’an passé vont peut-être faire changer les choses...


Matthieu
Novembre 2017




"In His Infernal Majesty's Service"
Note : 13/20

Déjà 6 ans qu'est sorti l'excellent "Witchkrieg"... Six années qui m'auront presque fait oublier que Witchery était toujours en activité ! A l'époque, avec l'arrivée de Legion (ex-Marduk, ex-Devian), le combo suédois avait frappé très fort et s'était même payé le luxe de voir Kerry King (Slayer) jouer le rôle du guest sur quelques solos très efficaces. Après le départ de Legion, c'est Emperor Magus Caligula (ex-Dark Funeral) qui a effectué l'intérim durant les quelques concerts précédant le début du travail sur ce tout nouveau "In His Infernal Majesty's Service". Je m'attendais donc à un nouveau line-up fort et à l'identité vocale marquée, mais ce sont finalement deux inconnus (en tout cas pour moi) qui viennent aujourd'hui récupérer les postes de batteur et de chanteur. Avec ces changements de line-up, et surtout après tout ce temps, que faut-il attendre de ce nouvel opus des Suédois ? Réponse dans ces lignes bien entendu...

On attaque avec "Lavey-athan", morceau résolument thrash et groovy ! Le riff principal de guitare est diablement efficace et rentre-dedans, même si l'ensemble sonne moins lourd et massif que "Witchkrieg". La batterie, par exemple, aurait mérité un traitement plus catchy à mon sens... Quant au chant, on a affaire à un chant extrême typé black metal, plutôt bien envoyé, mais sans véritable âme et finalement assez fade comparé à Legion. Voilà en tout cas un premier titre sans concession, exécuté avec précision mais étonnamment bien vite terminé ! "Zoroast", lui, s'avère beaucoup plus rock'n'roll et mid-tempo. On a ici affaire à un morceau plus léger mais un peu trop consensuel à mon goût... C'est plutôt bien fait, mais ça manque un peu de folie : bref, le morceau parfait pour calmer le jeu, sauf que là, l'écoute vient seulement de commencer ! En fin de compte, voilà 2 minutes 30 trop peu marquantes et donc bien vite oubliées...

On enchaîne avec "Netherworld Emperor", morceau sur lequel on retrouve un peu l'esprit "Witchkrieg" avec ce côté vindicatif et direct qu'on aime ! Dommage alors que le son, sans être mauvais, manque un peu de puissance et de lourdeur... Une batterie mieux mise en valeur aurait par exemple eu l'effet d'un rouleau-compresseur qui vous aurait scotchés dans votre canapé ! Ici, la dimension purement thrash metal est particulièrement bien maîtrisée, mais en misant sur des morceaux courts, j'ai l'impression que Witchery ne prend pas le temps de construire des morceaux vraiment solides... Tout semble tourner autour de deux ou trois riffs maximum, techniquement sans faille mais malheureusement vite oubliés car on manque tout simplement de temps pour s'en imprégner ! Bien old school et pouvant par moments rappeler Slayer, "Nosferatu" sera sauvé de l'oubli grâce à un refrain classique mais qui vous restera en tête un petit moment... Sûrement pas le morceau de l'année, mais il apporte un peu de variété à l'ensemble : étonnamment, c'est le morceau le plus long depuis le début de l'album !

On poursuit avec un "The Burning Of Salem" bien efficace qui fonce tête baissée dans la mêlée ! Le genre de titre, trop rare jusqu'à présent, mais qui donne envie d'en découdre tout simplement parce qu'il est taillé pour la scène. Le groove est ici impeccable, les riffs s’enchaînent sans se ressembler, chose rendue là aussi possible grâce à une durée de presque 4 minutes 30 (le titre le plus long de l'album). Même l'ambiance générale s'est bonifiée, plus sombre et poisseuse comme il se doit... Bref, une réussite trop rare pour être soulignée ! "Gilded Fang", lui, est probablement le morceau le plus rapide de l'album, faisant la part belle aux influences black metal du combo suédois. Un titre résolument rentre-dedans du meilleur effet, permettant enfin à la haine et à la violence de s'exprimer pleinement ! Au vu de ses qualités intrinsèques, on peut donc une nouvelle fois se demander pourquoi l'arrêter aussi tôt alors que le groupe aurait pu profiter de cet élan de génie pour construire quelque chose d'épique et monstrueusement qualitatif !

Place maintenant à "Empty Tombs", titre où l'on retrouve la facette plus groovy et rock'n'roll de Witchery. Un nouveau morceau extrêmement classique mais sans véritable âme qui s’avérera rapidement ennuyeux puisqu'on a l'impression que les riffs tournent en boucle sans que les musiciens, pourtant talentueux, n'y transmette la moindre émotion... Comme un coup d'épée dans l'eau qui s'oubliera malheureusement bien vite ! Et "In Warm Blood" ne va pas vraiment relancer la machine... En effet, continuer sur du mid-tempo à ce moment n'est pas vraiment la meilleure idée que les Suédois aient eue ! Et même si le riff principal n'est pas inintéressant avec cet esprit toujours thrash metal old school, le tout manque de lourdeur et de puissance, comme souvent, ce qui en fait un titre sympathique et gentillet, mais absolument pas inoubliable... Après 6 années de silence, je pensais que Witchery aurait une inspiration débordante et une envie d'en découdre à toute épreuve, mais il commence à devenir évident que je me suis trompé !

C'est maintenant au tour de "Escape From Dunwich Valley" de tenter sa chance et même si on peut par moments retrouver l'esprit "Witchkrieg", le groupe opte une nouvelle fois pour le mid-tempo bien lourd qu'un son plus adapté aurait pu sublimer. En effet, c'est flagrant ici, il est beaucoup plus adapté aux passages les plus rock'n'roll et aux solos... Après, c'est sûr que ce n'est pas mauvais et certains devraient y trouver leur compte, mais je suis malheureusement resté bloqué sur l'album précédent qui bénéficiait d'une aura plus puissante et attirante à mon sens ! "Feed The Gun", plus primaire dans l'esprit, va de manière inespérée me redonner le sourire. Le groove est là, une certaine pesanteur se fait sentir, de même qu'un côté crasseux, mélange de bière, de sueur et de sang, ce qui en fait étonnamment un des morceaux les plus aboutis de l'album... Comme quoi, il ne faut pas forcément grand-chose pour pondre un bon morceau, le tout c'est d'avoir le bon état d'esprit !

On terminera l'écoute avec un "Oath Breaker" comme on les aime, rapide mais pas trop, catchy, diablement efficace, mais aussi un tant soit peu mélodique au moment le plus opportun, rappelant d'une certaine manière Arch Enemy... Eh oui, dur de renier ses origines suédoises ! Ce morceau est tout simplement un condensé de ce que Witchery sait faire de mieux, bref un véritable incontournable de ce "In His Infernal Majesty's Service". Mais maintenant qu'on se remémore de quoi le combo est capable, on se demande pourquoi il ne l'a pas fait sur la totalité de l'album... Il y a ici est là quelques moments de pure bravoure, diablement savoureux, thrashy, groovy, catchy, mais ça ne marche que quand le groupe prend le temps de construire au mieux ses morceaux ou quand ses musiciens se trouvent dans le bon état d'esprit ! Et puis qu'on se le dise une bonne fois, tout aurait été plus simple avec un son plus pachydermique et surtout une meilleure identité vocale : dur, très dur même de passer après Legion ! Tout ça pour dire que ce nouvel album sera à mon sens bien vite oublié alors que "Witchkrieg", lui, restera gravé dans le marbre...


Carcharoth
Janvier 2017


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/officialwitchery