"There's Always Blood At The End Of The Road"
Note : 19/20
La noirceur de Wiegedood se découvre avec un quatrième album. Depuis 2014 et après
trois excellents albums, Levy Seynaeve (guitare / chant, Living Gate, ex-Amenra), Gilles
Demolder (guitare, Oathbreaker, Siem Reap) et Wim Sreppoc (batterie, Living Gate,
Oathbreaker) étendent leur furie avec "There's Always Blood At The End Of The Road",
annoncé pour début 2022.
Avec "FN SCAR 16", le groupe ne va pas nous laisser le temps de respirer puisque les
hurlements perçants du vocaliste se mettent immédiatement à chevaucher cette rythmique
infernale, offrant mélodies abrasives et black metal brut. Les hurlements deviennent parfois
plus lourds, puis "And In Old Salamano’s Room, The Dog Whimpered Softly" continue
d’alimenter cette rage incontenable et explosive, qui se transforme soudainement en un
brouillard impénétrable qui ne laisse sortir que des hurlements déchirants pour nous
oppresser avec ce final lancinant. "Noblesse Oblige Richesse Oblige" prend la suite avec un
mélange de noirceur dissonante, de rage viscérale et de mélodies entêtantes, qui créent une
tornade qui progresse dans l’infini avant de prendre fin, et de nous mener à "Until It Is Not", un
titre plus accessible de par ses mélodies. On retrouve les hurlements terrifiants qui se
mêlent à la perfection avec les harmoniques entêtantes, puis la longue "Now Will Always Be"
développe tout un aspect ritualistique pour compléter la rage brûlante.
La voix nous offre des
tonalités très basses, créant un contraste impressionnant avec le reste du panel vocal,
complété par une instrumentale majestueuse et un blast quasi permanent, puis un larsen
nous mène à "Wade", un court interlude pesante. Le son est très sombre et inquiétant, mais
la folie revient sur la fin, juste avant que "Nuages" ne vienne nous exposer sa noirceur en
pleine face. Les hurlements et la rythmique torturée reviennent habiter ce paysage désolé
qui dévoile parfois de petites accalmies angoissantes, une lourdeur assombrie par des
samples vocaux effrayants, puis "Theft And Begging" renoue avec la diversité des hurlements
pour apporter un panel d’angoisse plus large. La rythmique alterne à nouveau entre des
mélodies féroces et bloc sonore noir, avant de se laisser aller à la folie au niveau des leads,
juste avant que "Carousel" ne vienne nous hanter avec ses leads perçants. Le chant guttural
mystique refait également son apparition, et il continue d’accompagner la dissonance
infernale jusqu’aux derniers instants du chaos.
Bien que le style de Wiegedood ait toujours été constitué d’un mélange entre son brut et
éléments planants, je remarque une véritable évolution. "There's Always Blood At The End Of The Road" nous fait passer par un panel de noirceur tout en nous agressant en permanence.
"De Doden Hebben Het Goed III"
Note : 17/20
Le collectif Church Of Ra est connu pour abriter quelques perles musicales, dont les Belges
de Wiegedood. Formé en 2014 par Levy Seynaeve (guitare / chant, Amenra), Gilles
Demolder (guitare) et Wim Sreppoc (batterie), l’alchimie naît immédiatement. La cause ?
Les deux premiers jouent également ensemble dans Oathbreaker, et ne tarderont pas à
rallier Wim à leur cause dans le groupe de post-black. Mais parlons surtout de Wiegedood
pour le moment, et de leur impressionnante vitesse de composition. Le premier album,
sobrement intitulé "De Doden Hebben Het Goed" sort en 2015, suivi du deuxième opus du
même nom en 2017. L’année 2018 marque la sortie de "De Doden Hebben Het Goed III", le
troisième album du combo. Et ce que je peux vous dire, c’est que vous allez être surpris.
Inutile de s’étaler sur une longue introduction, "Prowl" commence par un hurlement bestial et
un riff black metal sauvage. Le seul point commun que les puristes souhaiteront absolument
attribuer à Wiegedood comme à Amenra ou Oathbreaker, c’est l’intensité, et ils ont raison.
Que ce soit lors de rythmiques imposantes comme lors de passages plus atmosphériques,
les Celges ne lésinent pas sur les moyens pour nous offrir un enchaînement puissant et de
qualité. Alors que l’on croît la composition sur la fin, elle repart de plus belle avec un chant
guttural aérien qui donne une toute autre dimension aux riffs mystiques du groupe. Une
guitare lead nous accompagne lors des dernières secondes, puis c’est "Doodskalm" qui
démarre en trombe. A nouveau, le groupe nous surprend par son intensité de chaque
instant, et par le fait de distiller des riffs d’une qualité irréprochable à n’importe quelle
seconde. Encore une fois, les dissonances de la guitare lead nous hypnotisent et projettent
de force ceux qui ne sont pas déjà totalement conquis par le groupe, à grand renfort d’un
blast beat furieux.
En plus d’être le titre éponyme, "De Doden Hebben Het Goed III" est aussi le plus long. Les
musiciens se sont donc permis d’inclure une introduction acoustique, qui débouche sur un
nouveau mur de son sombre. Les hurlements poignants de Levy nous enferment
progressivement dans ces ténèbres lacérantes, et les harmoniques des guitares apportent
une dose de douceur avant de repartir sur un son tranchant, soutenu par une batterie
martiale. Le jeu de cymbales très diversifié de Wim apporte cette touche atmosphérique qui
permet de mettre en valeur la rythmique de Gilles et Levy. Peu après le milieu du titre, une
nouvelle partie acoustique vient calmer l’atmosphère avant de repartir de plus belle pour
nous mener droit au dernier morceau. "Parool", une autre composition très axée black metal
violent mais avec ses touches aériennes, nous livre quelque chose de plus profond. Entre
les quelques notes en palm mute et le riff principal joué à pleine vitesse, le groupe prend le
temps de flirter avec la frontière du post-black pour nous en mettre plein la vue une dernière
fois avant de nous laisser avec une rythmique plus chaotique, mais qui retranscrit
parfaitement l’esprit du combo.
Alors qu’ils m’étaient totalement inconnus il y a de cela un an, Wiegedood m’a séduit au
Motocultor. Je me suis alors penché sur la maigre mais excellente discographie des Belges
pour découvrir un univers torturé et sombre, mais de toute beauté. Et "De Doden Hebben Het Goed III" suit parfaitement cette continuité.
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