Après avoir pratiqué un metal assez gothique et symphonique sur trois albums, Weeping Silence avait tenté une approche un peu plus doom avec "Opus IV Oblivion" qui gardait tout de même le chant féminin et quelques sonorités des trois premiers albums. La mue se poursuit avec le nouvel album "Isles Of Lore" qui abandonne totalement le chant féminin et se recentre sur quelque chose de plus lourd et plus brut.

D'ailleurs, même si les morceaux du groupe ont toujours été assez longs en tournant autour de six ou sept minutes, voire dix minutes pour le premier album, cette fois il y en a un de dix minutes et le pavé final "The Legend Of Matteo Falzon" qui dépasse les seize minutes. Un morceau évidemment contrasté et varié qui démarre de façon très mélancolique avec quelques arpèges en son clair avant d'embrayer sur un passage mid-tempo plus groovy malgré un orgue lugubre en arrière-plan. Il faut avouer que certaines transitions sont un peut trop abruptes et débarquent sans prévenir et que les parties narrées sont peut-être un peu trop théâtrales. On a droit par contre à quelques belles mélodies et à un solo de guitare plutôt sympa en fin de morceau, même s'il est encore évident que le groupe ne maîtrise pas totalement la construction d'aussi longs morceaux. Mais reprenons l'album par son commencement, c'est à dire avec "The Watcher On The Walls" qui se fait plus efficace, plus direct et dont les mélodies se font de suite plus marquantes voire accrocheuses qui font que ces sept minutes passent vite. Même constat pour "Serpentine" qui arrive à se faire direct et touchant en même temps, ce qui confirme que les durées un peu plus compactes vont mieux à Weeping Silence. Le chant se trouve cette fois partagé entre chant clair masculin et growls puisque comme précisé plus haut, le groupe ne fait plus appel à une chanteuse. Les orchestrations ont été remisées au placard aussi et le groupe opte pour une approche plus simple. Les claviers sont toujours bien présents mais appuient cette fois les ambiances par quelques nappes au lieu de partir vers une voie plus symphonique comme sur les précédents albums.

En matière de longs morceaux, les dix minutes de "The Beast And The Harrow" passent bien mieux que les seize du morceau de clôture et confirment qu'avec encore un peu de travail Weeping Silence pourra se promener tranquillement sur des titres plus longs encore. "Isles Of Lore" est un album plus orienté doom donc qui garde encore ses racines gothiques mais qui fait entendre une musique plus épurée et plus directe. Le côté très accrocheur des anciens albums est lui aussi mis en retrait, même si certains passages évoluent encore discrètement dans ce registre. Les ambiances sont plus développées et les mélodies plus profondes, faisant du gothic / doom de Weeping Silence quelque chose de plus personnel et moins immédiat. On sent quelques petites envies de flirter avec le metal progressif dans les changements de tons, de structures, de rythme. Quelques passages plus agressif se font aussi entendre avec des accélérations bienvenues, comme sur "Engulfer" par exemple qui se permet quelques pointes plus brutales. La musique du groupe se fait plus dure et plus sombre sur "Isles Of Lore", le groupe s'y rapproche des scènes extrêmes en général et pas seulement du doom. Cela se fait par petites touches certes, mais cela ouvre de nouvelles possibilités à Weeping Silence et il faut avouer que cette nouvelle orientation lui convient mieux que celle des premiers albums. "A Silent Curse" développe même des ambiances presque malsaines, plus noires et inquiétantes que ce propose le reste de l'album malgré cette mélancolie toujours présente qui permet de contraster avec quelques belles mélodies.

Weeping Silence revient donc avec un album plus doom, plus dur et plus sombre qui laisse au placard le chant féminin, les envolées lyriques et les orchestrations symphoniques. Ce nouveau visage lui va mieux et si certaines choses restent à perfectionner, "Isles Of Lore" sonne mieux que ses prédécesseurs. On sent que le groupe est plus à l'aise dans ce registre et qu'il lui est plus naturel de composer de cette façon, on va donc surveiller ça à l'avenir en espérant que cela monte encore d'un cran la prochaine fois.

C’est avec joie que nous découvrons le quatrième album du groupe Weeping Silence nous venant de Malte. Eh oui, déjà quatre albums, il faut dire que le groupe est passé un peu inapercu avec ses précédents opus, et il y a peut-être des raisons à cela… En effet, les compositions étaient un peu légères mais c’est surtout le chant qui posait problème. Loin d’être faux, il était juste ultra agaçant, c’était donc difficile d’écouter un titre en entier. Nous sommes ainsi contents de découvrir qu’il y a eu du changement dans le line-up ! L’ancienne chanteuse a été remplacée par Diane Camenzuli et il y a en plus le chanteur Mario Pace Taliana aux growls. Donc a priori, ce nouveau "Opus IV Oblivion" avec ses 9 titres devrait être mieux !

La première chose qui saute aux yeux, ou aux oreilles, c’est que cet opus est beaucoup plus doom que les précédents qui étaient, eux, plus dans un metal gothique mélodique parfois même symphonique. Là, c’est plus lent, plus sombre, tout en gardant des sonorités très mélodiques et gothiques, surtout avec le synthé qui est assez mis en avant. Le chant de Diane est beaucoup plus agréable même s’il n’est pas très original, il est au moins juste. On peut peut-être lui reprocher par contre un peu trop de démonstration dans son chant, cela passerait complètement dans du symphonique mais là, ça fait too much et ça coupe toute émotion. C’est bien dommage… Celui de son partenaire, Mario, est plus maîtrisé avec beaucoup de prestance, il tranche bien. Côté titres, on a de bonne choses avec "Gothic Epitaph", lancinant à souhait , et "Stormbringer" qui est tout en simplicité et qui est efficace. On a aussi "Eyes On The Monolith" et "Ivy Thorns Upon The Barrow" qui est plus rythmé avec un petit côté nostalgique et lumineux. "Oblivion - Darkness In My Heart Anno XV" est plutôt sympa avec ses riffs mélodiques mais n’est pas très accrocheur non plus. Le reste de l’album, autant l’avouer de suite, ne restera pas dans les mémoires. On y trouve un "Transcending Destiny" bien plat, un "Exile" qui manque aussi de richesse dans la composition et qui souffre de répétitions… Mais le pire ce sont les ballades inutiles et bien niaises qui polluent comme d’habitude beaucoup d’albums. Ainsi, on a comme l’impression que "Hidden From The Sun" et "Bury My Fairetale" ont soit été ajoutées pour faire plaisir à la chanteuse, soit pour combler des vides. Dans tous les cas, ça n’était pas une bonne idée, les riffs sont trop légers, le chant est à l’eau de rose et c’est vraiment ennuyeux !

En conclusion, cet album est clairement mieux que les précédents et ça c’est déjà une bonne chose. Après, tout n’est pas parfait et c’est quand même dommage. Cela montre qu’il leur reste du chemin à parcourir pour trouver leur maturité musicale, mais ils sont sur la bonne voie !

"Theatre Of Life"
Note : 16/20

Ce n’est pas un album très long, en effet il ne comporte que 8 titres dont un titre instrumental "Monuments", mais tous les titres ont une durée moyenne de 6 minutes. La première chose que je veux souligner c’est les petites faiblesses de la chanteuse. Le lyrique n’est pas facile à chanter et bien que la sonorité de sa voix soit jolie, les aigus sont trop justes et en deviennent presque insupportables, ou du moins désagréables. Et cela se remarque dès la première chanson, ce qui ne veut pas dire forcément que cela concerne tout l’album. D’autant plus que certaines montées vers les aigus sont moins fastidieuses que d’autres. Hormis ce que je viens de souligner, sa voix reste juste et elle est même très agréable dans les sons plus graves. Musicalement le groupe tient la route, il nous propose une mélodie lourde et mélancolique. Un rythme lent et mélodique. La basse et la guitare imprègnent vraiment une atmosphère particulière dans la musique. Et le clavier, présent dans chaque titre, pose vraiment la base de la mélodique et aide aux sonorités mélancoliques. Un chœur dans certains titres vient renforcer toute cette ambiance. Le titre éponyme : "Theatre Of Life" est sans doute le plus beau de l’album et c’est aussi le plus varié avec des passages plus rythmés et des solos de guitares qui accélèrent un peu la musique. Musicalement c’est vraiment le morceau le plus riche. Le titre "Promises Broken" est différent des autres car il possède un rythme plus effréné notamment à l’intro et pendant les refrains. Mais ce sont ces accords plus rapides qui ne conviennent pas à la voix de la chanteuse. En revanche, le titre "Innocent Cries" qui est rapide mais lourd est plutôt réussi et la voix y est très belle. Les titres se ressemblent beaucoup entre eux mais certains (comme ceux cités) font la différence et j’aime beaucoup les accords de doom des guitares et de la basse, ils sont entraînants. De manière générale c’est un bon album bien que son enregistrement ne soit pas de la meilleure qualité mais ce n’est qu’un détail. Il est assez mélancolique et possède un univers qui nous emporte à certains moments mais étant une grande fan de doom je trouve qu’il lui manque cette petite étincelle qui ferait de cet opus un excellent album.

Liz Décembre 2011