We Butter The Bread With Butter était ce genre de groupe que l'on s'empressait de montrer aux potes du lycée pour déconner. Un amoncellement bien gras de trucs bruyant hurlés en langue germanique, le tout servi avec humour et second degré. WBTBWB était reconnaissable pour son utilisation du kitch : des synthétiseurs typé trance des années 90 et des visuels gore bariolés aux couleurs flashy. Cependant, les Tetons n'ont pas persévéré dans cette démarche en témoigne "Goldkinder", le troisième album marquant la fin d'une période. Avec cet effort, WBTBWB donne l'impression d'être un "vrai groupe", et non plus une simple blague de lycéen. Laissant tomber une bonne partie de sa panoplie metalcore, la formation évolue maintenant dans un style martial et industriel, un peu comme si l'on croissait Rammstein et Asking Alexandria..

"Wieder Geil!" suit le renouveau musical entamé par le groupe depuis "Projekt Herz" et "Goldkinder" sur plus de 10 morceaux, soit à peu près 36 minutes. J'avoue que c'est un peu court étant donné leur style très accessible et rentre-dedans. En effet, "Wieder Geil!" c'est avant tout du fun, une grosse production, des riffs efficaces et brutaux. Les éléments electro que l'on retrouve dans tous les titres via clavier et samples apportent un aspect relativement festif, comme par exemple l'intro et outro hip-hop / rap sur le titre "Bang Bang Bang". Ce morceau est certainement un clin d'oeil aux fans de la première heure, car il aurait pu figurer sur la première galette. En effet, on y trouve en 2 minutes un concentré de ridicule, de breakdown et de pig squeals ! J'en profite pour souligner les prouesses de Paul Bartzsch jouissant d'un répertoire vocal vraiment étonnant sur tout l'album.

Autre morceau notable, "Ich Mach Was Mit Medien" ("Ce que je fais avec les médias"), résume à lui seul la direction de "Wieder Geil!". Groovy, efficace et relativement branchée metalcore, cette première piste, ainsi que l'ensemble, devraient mieux rassembler que le précédent "GoldKinder" et consoler les fans de l'époque. En effet, WBTBWB renoue avec l'humour et ses paroles parfois cinglantes ("Ich mach was mit Medien" : critique de ces filles, notamment celle portant un cupcake tatoué sur un avant-bras et de l'autre un Canon Reflex alors qu'elles ne savent même pas l'utiliser, soucieuses de leur popularité sur Tumbler et autres réseaux sociaux), et mettent de côté les influences venant de Rammstein ainsi que la mélancolie soudainement apparue sur "GoldKinder". Elle est encore présente dans "Wieder Geil!" sur quelques passages poignants comme le refrain d'"Exorzist", aux accents pop que j'ai coupablement appréciés, et son solo guitare / clavier transmettant beaucoup d'émotion avec simplement quelques notes.

Petit paragraphe pour mettre en avant la production impeccable et léchée de "Wieder Geil!" qui coule dans vos oreilles comme du miel. WBTBWB n'a jamais aussi bien sonné. Pour moi, c'est tout simplement la meilleure production que j'ai entendu cette année !

De manière générale, "Wieder Geil!" met légèrement de côté son originalité au profit de l’efficacité d’un metalcore moderne édulcoré à la sauce industriel. Cependant, les Allemands restent uniques, inclassables et incomparables avec qui que ce soit. Malgré un ensemble super divertissant et festif, je dois avouer que l’on reste un peu sur sa faim et que les 36 minutes sont un peu courtes. C’est pour cela que je ne mettrais pas une excellente note. Quoi qu’il en soit, si l’on regarde en arrière, chacun de leurs albums est différent et celui-ci ne déroge pas à la règle. Le monstre est sorti du placard, s’est transformé en enfant d’or pour arriver là où il en est : un groupe mature pesant son poids sur la scène metal moderne et qui fera parler du lui au niveau international.

"Goldkinder"
Note : 16/20

Alors, pour commencer, je dirais qu’il ne faut pas s’arrêter sur l’étiquette "deathcore", car là on en est relativement loin… Les Allemands frappent fort avec un premier titre "Alles Was Ich Will", rythme ultra primaire, refrain mélodique, on sent qu’ils sont là pour tout simplement enfoncer le clou. Puis au tour de "Meine Brille", idem, un véritable bulldozer qui écrase tout sur son passage, à noter que les chants sont en allemand. Vient ensuite "Pyroman & Astronaut" qui est pour moi le morceau numéro 1 de cet album, construit sur le même moule que les autres titres, il en ressort cependant une touche plus orientée deathcore avec son gros break final qui saura faire plaisir aux fans du genre. "Ohne Herz" prend place, et nous fait penser, comme les autres titres, que WBTBWB ont une énorme influence Rammstein dans les nappes de synthé, les rythmes etc, ce morceau se veut plus mélodique voire mélancolique.

"Super Heiss Ins Trommelfell" s’ensuit, intro bien vénère, on sent qu’on va en prendre (encore) plein la tronche, c'est réussi. Refrain accrocheur grâce aux "Super" qu’on ne peut s’empêcher de scander, même si c’est la première écoute. Place à "Viva Maricosa", identique au titre "Pyroman & Astronaut", un titre plus deathcore avec de nombreux breaks. Vient "Fall", le parfait mélange de Rammstein et de Oomph! (on sent que les WBTBWB sont très.. comment dire, patriotes), "Mayday Mayday" prend place, titre accrocheur et mélodique, suivi de près par "Makellos". Sur ce titre, on se verrait bien au volant d’une Harley, roulant sans but, même punition que les deux tiers de l’album, c’est très rythmé, carré, rien ne dépasse. Pour "Das Uhrwerk", là, on sent le côté deathcore de WBTBWB qui reprend le dessus, scream bien aigu, riff bien gras, mais grosse déception pour le morceau suivant "Krieg Aus Gold". Désolé pour les fans mais pour ce titre, on sent une toute autre influence (directe ou indirecte) d’un tout autre groupe de pop / rock allemand ayant eu son heure de gloire, vous voyez de qui je veux parler ? Parenthèses fermées, on reprend une bonne dose de lourdeur avec "Psycho". L’album se clôture sur "Kind Im Brunnen", morceau sortant du lot car c'est le seul instrumental, avec sa structure barrée et ses parties partant dans tous les sens.

Pour ce troisième album, We Butter The Bread With Butter frappe fort, c’est propre, net et précis. Rythmique de fer, chant aux multiples facettes et riffs bien gras comme on les aime. Seul bémol de ce CD, les titres ne sont sûrement pas assez variés rythmiquement parlant, idem pour la nappe principale des synthés trop souvent dans le même délire. Mais cela reste un très bon album, rappelant Rammstein mais avec une touche plus moderne, ce qui ravira beaucoup de gens.

Paul Octobre 2013