Fraîchement formé, le duo de Weaponry qui associe Jo Steel et Dave Rotten nous amène son premier album "Everwinding Slaughter" et va amener une petite vague de fun sur cette période morose. Entre le style qui est annoncé comme étant du death / crust, la pochette et les photos promos façon Mad Max version comics et le logo tout droit sortie d'une sérié B fauchée des années 80, le groupe annonce la couleur !

La durée aussi fait figure de note d'intention puisque "Everwinding Slaughter" n'atteint même pas la demi-heure et sur ces dix morceaux, le plus long plafonne à trois minutes trente-cinq ! Vous l'aurez compris, c'est l'efficacité qui prime par ici et "Speedkill" qui ouvre l'album nous le confirme avec ses riffs à cheval entre le death old school, le crust et le thrash le plus primitif. C'est crasseux, gras, direct, frontal et tout ça semble comme le logo du groupe tout droit sorti des années 80. On sent très vite que Weaponry est un défouloir et que le duo ne se prend pas au sérieux, le caractère bête et méchant de l'engin ne faisant que renforcer son côté fun. Si les blasts sont fréquents, l'impression qu'ils laissent n'est pas celle d'un album éprouvant ou dévastateur, on est plutôt sur du bon vieux metal extrême old school énergique qui donne la patate. "The Oozer" nous sort quand mêmes des riffs sales presque doom que n'auraient pas renié Autopsy ou le premier Paradise Lost. Le fun revient cependant bien vite avec un rythme qui devient vite plus énervé et des riffs toujours aussi basiques et frontaux. La production est à l'avenant avec un son de guitares et de basse bien gras et bourdonnant même si le tout reste assez puissant pour ne pas sonner mou du genou et bizarrement assez propre. Bon, il faut avouer que certains riffs ou leads ne sont pas des plus inspirés, notamment ce lead au début de "Future Wasteland" ou les riffs de "Toxic Waste Overture" ou de "Zone Traveler" qui n'entreront pas dans le panthéon du metal extrême.

On sent que le duo s'est fait plaisir et les infleunces sont clairement ancrées dans le metal extrême le plus primitif et cru, "Everwinding Slaughter" souffre donc de quelques faiblesses et de passages moins bons que d'autres. Il faut vraiment prendre ce premier album comme un petit défouloir fun ou comme une série B un peu fauchée, on la regarde avec la bière dans une main et le popcorn dans l'autre. C'est un peu comme ça qu'il faut envisager cet album de Weaponry sous peine de se demander sur quoi on est tombé. En fait, "Everwinding Slaughter" c'est Mad Max 3 mais en version metal extrême, ce n'est pas un chef d'oeuvre mais il a son petit charme un peu suranné et qui le rend attachant malgré ses maladresses. Par contre, il faut avoir connu ou apprécier l'ancienne scène extrême des années 80 sinon c'est peine perdu, les plus jeunes nourris aux groupes modernes risquent de ne rien trouver à leur goût par ici. Mais quand on voit qui compose ce duo, on n'est pas étonné d'entendre des infleunces des années 80, la modernité ce n'est pas franchement leur truc et les deux sont toujours restés fidèles à leur approche du metal extrême. Dave Rotten range d'ailleurs toute trace de finesse au placard sur cet album et semble littéralement vomir ses textes avec la voix la plus putride possible, histoire de coler à toutes ces histoires de substances toxiques, d'apocalypse nucléaire et autres mutations.

Weaponry nous amène donc un album fun et ancré dans les années 80 qui passe vite avec ses vingt-neuf minutes mais qui ne marquera pas les esprits, même en aimant le vieux metal extrême il y a tout de même des riffs ou leads pas très inspirés par moments. On sent que "Everwinding Slaughter" est l'oeuvre de deux potes qui se font plaisir mais si l'ensemble est sympathique et assez fun, je doute que l'on y revienne souvent.