Le groupe
Biographie :

Watain est un groupe de black metal suédois formé en 1998 et actuellement composé de : E. (chant, basse / ex-Fucking Funeral, No Future, ex-Bloodsoil, ex-Disvröv), H. (batterie / ex-Die Hard) et P. (guitare / Unpure). Watain sort son premier album, "Rabid Death's Curse", en 2000 chez Drakkar Productions, suivi de "Casus Luciferi" en Novembre 2003, de "Sworn To The Dark" en Février 2007 chez Season Of Mist, de "Lawless Darkness" en Juin 2010, de "The Wild Hunt" en Août 2013 chez Century Media, de "Trident Wolf Eclipse" en Janvier 2018, et de "The Agony & Ecstasy Of Watain" en Avril 2022 chez Nuclear Blast.

Discographie :

1998 : "Go Fuck Your Jewish God" (Démo)
1999 : "Black Metal Sacrifice" (Live)
2000 : "Rabid Death's Curse"
2001 : "The Ritual Macabre" (Live)
2001 : "The Misanthropic Ceremonies" (Split CD)
2003 : "Casus Luciferi"
2007 : "Sworn To The Dark"
2010 : "Lawless Darkness"
2012 : "Opus Diaboli" (DVD)
2013 : "The Wild Hunt"
2018 : "Trident Wolf Eclipse"
2022 : "The Agony & Ecstasy Of Watain"


Les chroniques


"The Agony & Ecstasy Of Watain"
Note : 18/20

Watain revient avec un nouvel album. Depuis 1998, le groupe composé par Erik Danielsson (chant / basse, Vomitain, ex-Dissection en live), Håkan Jonsson (batterie) et Pelle Martin Forsberg (guitare, Unpure, ex-Solitude) sort "The Agony & Ecstasy Of Watain", le septième album du groupe. A. Lillo (basse, Execrator, Undercroft, Xalpen), E. Forcas (batterie, Degial) et H. Death (guitare, Degial), les membres live du groupe, ont également participé à l’enregistrement.

L’album débute avec "Ecstasies In Night Infinite" qui nous offre un black metal effréné composé de leads agressifs mais planants avant de nous dévoiler un contraste profond et des harmoniques tranchantes sur "The Howling". Les sonorités abrasives prennent des racines punk et des leads aériens pour en faire un mélange assez mélodieux mais très brut. Les mélodies entêtantes se renforcent sur Serimosa et ses sonorités lancinantes, en faisant un titre pesant et majestueux qui laisse cette ambiance mystérieuse créer un voile ténébreux surmonté par les hurlements morbides du vocaliste, puis "Black Cunt" propose une lourdeur dévastatrice. Si la lenteur dissonante reste de mise, le titre est vraiment pesant et mystique, et il ne fait aucun doute que le jouer en live sera synonyme de communion avec le public, même lors de cette accélération finale qui donnera naissance à "Leper’s Grace" et sa rage viscérale aux sonorités old school.

Le titre est plus rapide, plus agressif, mais il conserve également quelques harmoniques mélodieuses, puis le son s’apaise avec "Not Sun Nor Man Nor God", un interlude mélancolique. La quiétude sera rapidement rattrapée par la viscéralité du black metal avec "Before The Cataclysm" et son agressivité. Les patterns accrocheurs se mélangent avec des tonalités plus planantes sur ce long morceau très rythmé, tout en multipliant les influences diversifiées, puis "We Remain" nous offre la voix de Farida Lemouchi (Molasses, ex-The Devil's Blood) ainsi que la guitare de Gottfrid Åhman (ex-In Solitude) pour nous dévoiler cet aspect plus aérien et ritualistique de la musique du groupe. La puissance brute refera surface avec "Funeral Winter", un titre aux riffs abrasifs qui s’apaiseront uniquement sur ce break planant, puis "Septentrion" sonne la fin de l’album avec des tonalités épiques et mélodieuses qui nous amènent un son plus accessible de leur univers sombre.

Watain évolue en permanence tout en restant ancré dans sa base brute et impie. Avec "The Agony & Ecstasy Of Watain", le groupe s’autorise des pointes très mélodieuses, une ambiance étouffante, un titre original en compagnie de guests mystiques, mais également des morceaux bruts que l’on attendait avec impatience.


Matthieu
Mai 2022




"Trident Wolf Eclipse"
Note : 18,5/20

Les anniversaires sont généralement célébrés dans une liesse intense, mais celui-ci est un peu particulier. En effet, c'est Watain, un monument du black metal suédois qui fête son vingtième anniversaire. Pour l'occasion, Erik Danielsson (basse / chant), Håkan Jonsson (batterie) et Pelle Forsberg (guitare), toujours secondés sur scène par Alvaro Lillo (basse) et Set Teitan (guitare), se sont donnés une mission : sortir un sixième album d'une noirceur infinie. Et vous savez quoi ? Ils ont réussi. Son nom ? "Trident Wolf Eclipse". Trois mots souillés d’un sang impur et blasphématoire. Je pense que vous n'avez plus besoin d'une quelconque présentation pour vous laisser dévorer par leur musique.

Le groupe démarre sur les chapeaux de roues avec "Nuclear Alchemy", un titre que les fans connaissent déjà par coeur puisqu’il est déjà diffusé sur Internet depuis quelques temps. Les riffs sombres, rapides et féroces s’abattent alors sur l’auditeur, alors qu’Erik hurle, comme s’il était possédé. Nul doute que les ravages que la chanson fera sur scène seront conséquents, mais les Suédois attaquent déjà avec "Sacred Damnation". Loin d’être plus calme, le chant est cependant moins agressif, et quelques ambiances se font entendre au loin. Alternant rythmique saccadée et leads mystiques, le groupe prouve qu’ils sont loin de manquer d’inspiration, et la messe noire continuera sur "Teufelsreich", le titre suivant. Encore plus de tonalités atmosphériques sombres pour un rendu puissant qui n’oublie pas sa dose de puissance brute. "Furor Diabolicus", avec ses riffs entêtants et répétitifs, rappellera aux puristes les débuts du groupe, mais sur un mix de meilleure qualité. La batterie temporise largement la fureur des Suédois, tout en les forçant à ralentir par moments, mais la flamme se rallume bien vite. Le blast revient en force pour donner une dimension plus imposante à "A Throne Below", la chanson suivante. La guitare lead n’est pas en reste avec un son inquiétant et glacial qui caractérise le groupe, alors que la basse se fait parfois distinctement entendre sous cette tornade impie, chose assez rare pour être soulignée. Alors que les dernières notes s’évaporent, les premières d’"Ultra (Pandemoniac)" embrasent rapidement des riffs plus axés raw black. Ces sonorités anciennes et presque sales ont toujours fait partie de l’identité du groupe, mais la qualité du mix les sublime encore plus, et je suis prêt à parier qu’elles séduiront encore. Un rire machiavélique marquera la fin de cet excellent titre. On reprend bien vite avec "Towards The Sanctuary", un autre mur de son continu qui fera mouche dès les premières secondes, invitant à la contemplation avec quelques échos dans la voix. La dimension mélodique n’est absolument pas mise de côté, et c’est d’ailleurs avec plaisir que l’on laisse la guitare lead cracher ses harmoniques, alors que "The Fire Of Power" ralentira considérablement le tempo. Beaucoup plus épique et théâtrale que les autres, cette composition prendra de l’ampleur à partir de la seconde moitié, après un petit break atmosphérique planant. L’introduction du dernier titre de ce recueil maudit, "Antikrists Mirakel", est composée d’une rythmique lente et malsaine sur une voix samplée qui récite ce qui semble être des incantations. Alors que le rituel avance, une cloche vient finalement l’interrompre, laissant les instruments sonner la fin de cet album.

Si Watain avait franchi une étape significative avec l’excellent "Lawless Darkness", les fans s’étaient insurgés d’une baisse de régime sur "The Wild Hunt", mais n’avaient pas lâché le groupe pour autant. Et ils ont eu raison de continuer d’accorder leur confiance aux Suédois, car "Trident Wolf Eclipse" transpire de virtuosité et d’excellence, et il n’est pas impossible que les prochains lives du groupe en soient également infusés. D’ailleurs, le groupe prend la route pour quelques release parties...


Matthieu
Janvier 2018




"The Wild Hunt"
Note : 17,5/20

Après la sortie du très bon "Lawless Darkness" en 2010, le nouvel album de Watain s’est fait attendre durant pas moins de trois ans. Pour nous faire patienter, les Suédois nous ont offert "Opus Diaboli", un superbe DVD contenant aussi bien des extraits live que des documentaires ou interviews, bref tout ce qu’il faut pour connaître le groupe d’un peu plus près. Les voici donc de retour en 2013 avec "The Wild Hunt", un album très attendu cette année pour tout bon fan du groupe qui se respecte. Et autant dire que cet album va en étonner plus d’un. En effet, Watain est réputé pour ne pas suivre les lignes de conduites habituelles, et se contente de faire ce qu’il veut, quitte à ce que cela en déplaise au plus grand nombre. Que ce soit sur scène, où se mêlent odeurs particulières de sang macéré embaumant tout une salle, décors enflammés et crânes d‘animaux, le tout sous une ambiance malsaine volontaire qui nous plonge en plein cœur des ténèbres, ou sur album tout simplement. Mais le groupe sait aussi évoluer, et nous proposer quelque chose de différent, de neuf, en voici la preuve avec cet album, qui marque le changement musical du groupe, et une certaine maturité. Petit détail intéressant à noter : chaque morceau de l’album se rapporte à un objet présent sur la pochette, à vous de trouver lequel correspond à quoi. On notera par ailleurs le changement de label du groupe, passant de Drakkar Productions à ses débuts, puis Season Of Mist récemment, à Century Media pour "The Wild Hunt". Bref, assez parlé, place à l‘écoute.

L’album démarre avec le magnifique "Night Vision" en introduction, sur un morceau entièrement instrumental, sur lequel s‘ajoute une ambiance atmosphérique, principalement en fin de piste. Les morceaux suivants suivent le schéma du traditionnel black mélodique à la Watain que l‘on retrouve dans leur précédents opus, n’apportant à priori rien de bien original à l’écoute de ce nouveau bébé. En effet D"e Profundis" s’annonce comme un titre black classique à la Watain, bien puissant et violent, avec des passages plus lents et mélodiques. "Black Flames March" reste lui aussi un morceau ma foi assez classique de black mélodique suédois comme le groupe sait si bien le faire. "All That May Bleed" n’est pas sans rappeler Dissection, dont ils s’inspirent directement au niveau de leur musique, qui sonne black, comme lors de leurs précédents albums. Certains titres s’éloignent cependant un peu plus du black metal pur et dur, comme on peut le découvrir en deuxième partie de l’album et ce dès la piste suivante.

En effet, dès le cinquième morceau, les titres prennent une tournure quelque peu différente, s‘orientant vers des morceaux plus dark, lents et plus surprenants. On y retrouve ainsi des passages plus "dark", comme sur "The Child Must Die", qui nous plonge dans une ambiance quelque peu malsaine. "They Rode On" fait figure d‘ovni sur cet album. Et pour preuve, ce titre est entièrement interprété au chant clair par Erik. Pas très black metal tout ça !! Un pari osé pour ce dernier, mais plutôt réussi. Et surtout un choix délibéré de leur part, sachant que ce fut l’un de leur premiers titres à avoir été écrit, on sait quel orientation les suédois souhaitaient donner à cet album dès le départ. Bref, un chant clair qui est accompagné par un chant féminin en fin de piste, une ballade surprenante de plus de huit minutes, mais superbe. Quelques influences prises du côté de Bathory sont à noter sur cette piste. "Sleepless Evil", quant à lui, sonne beaucoup plus thrash, tout en restant orienté black metal. Un titre brutal qui envoie la sauce avant d’évoluer vers des passages plus lents et mid tempo en milieu de piste, ajoutant un côté atmosphérique à l’ensemble. On enchaîne avec un autre titre plus sombre : "The Wild Hunt", avec un petit côté "dark", mais qui lorgne un peu du côté du heavy metal sur les parties de guitares, auxquelles s‘ajoutent également quelques parties à la guitare acoustique. Ici encore, on ne peut s’empêcher de penser à Bathory. "Outlaw" se démarque un peu des autres par son côté plus "catchy" s’éloignant du black pur et dur pour s’orienter vers des influences un peu plus thrash, avec le côté mystique de passages plus tribaux. "Ignem Veni Mittere" est quant à lui entièrement instrumental, faisant en quelque sorte office d’interlude. Pour clore cette chasse sauvage ("The Wild Hunt" en anglais), un petit retour à un black metal efficace et violent s’impose sur H"olocaust Dawn", ponctué de passages plus torturés par moments.

En définitive, après une première partie assez basique et se rapprochant plus du black metal à la Watain originel, mélodique, puissant et sombre, que l’on retrouve dans son ancienne discographie, ce nouvel album de Watain marque une certaine évolution au niveau de leurs compositions et de leur musique, que l’on remarque surtout dès la seconde partie de "The Wild Hunt", avec des morceaux assez éloignés de ce qu’on a l’habitude d’entendre de leur part. Je pense notamment à "They Rode On" et sa ballade avec pour la première fois Erik au chant entièrement clair, sans oublier Outlaw avec ses passages tribaux, et plus orienté thrash, laissant le black metal un peu plus de côté, ou encore "The Wild Hunt" teinté de heavy au niveau des guitares avec des aspects sombres. Une prise de risque pour le groupe certes, mais qui reste dans l’esprit des suédois de toujours nous surprendre à chaque album. Les "puristes" pourraient être quelque peu déçus par cette nouvelle galette, d’autres y trouveront leur compte et apprécieront ce nouveau tournant musical. En tout cas, le pari fut osé mais semble plutôt réussi. La barre est de plus en plus haute, reste à patienter en attendant de découvrir ce que Watain va bien pouvoir nous proposer sur leur prochain album.


Alexandra
Septembre 2013




"Opus Diaboli"
Note : 16/20

Après une paire d'années de service et 4 albums Watain nous livre son premier DVD "Opus Diaboli", ce qui représente par la même occasion la première sortie du label du groupe "His Master's Noise". Le groupe a fait couler beaucoup d'encre ces dernières années, enfin sur le net comme d'habitude. D'un côté ceux qui apprécient la musique et qui se foutent du reste, de l'autre ceux qui les considèrent comme des poseurs depuis qu'ils bénéficient d'un peu plus de promotion. Toujours est-il qu'au delà de ça, le dernier album des Suédois "Lawless Darkness" a eu de bons échos, je l'écoute moi-même encore régulièrement et il passe comme une lettre à la poste.

Mais revenons en au sujet, en l'occurrence ce premier DVD et son contenu. Précisons déjà que même la version de base contient le DVD bien sûr, mais aussi deux CDs lives qui ne sont en fin de compte que la retranscription complète du concert enregistré pour l'occasion. Je précise complète parce qu'elle ne l'est pas sur le DVD, vous ne pourrez profiter visuellement que de 7 titres. Watain a pris le parti de mélanger les extraits live avec des petites interviews et des séquences plus privées dirons-nous. Tout ça dans le but de nous immerger dans leur monde, de nous faire comprendre ce qu'est l'entité Watain et ce qu'elle représente pour ses membres. C'est un peu déstabilisant au début puisque le rythme est fréquemment coupé, on n'arrive pas vraiment à entrer dans l'ambiance du live avec toutes ces coupures.

Mais le groupe n'a de toute façon pas voulu proposer un simple live, et après tout si c'est ce que vous voulez les deux CDs sont toujours là au cas où. Tant qu'on y est autant préciser que le son est bon, pas trop propre mais parfaitement audible. On distingue tous les instruments, on entend le public et on a la couche de gras et de crasse nécessaire à tout bon black metal qui se respecte. Pour rester dans le technique on constate vite que visuellement c'est aussi de très bonne facture, filmé par plusieurs caméras, pas de montage épileptique ni à l'inverse monolithique. La réalisation est pas mal non plus, montrant bien à la fois le public et ce qui se passe sur scène, se concentrant parfois sur les "rituels" exercés par Erik sur scène entre les morceaux.

Ce qui nous amène au gros morceau de ce DVD, à savoir les interludes présentés par Erik et qui expliquent en gros tout le côté extra-musical du groupe. Ce qu'il faut savoir c'est que les anglophobes ont été oubliés, il n'y a en effet aucun sous titre sur le DVD et il va falloir un minimum de notions en anglais pour comprendre ce qui s'y raconte. Je vous rassure, étant suédois Erik n'a pas le même débit de parole qu'un Américain, il parle calmement et il finalement très simple de comprendre ce qu'il raconte à l'oreille. Ce serait dommage de passer à côté, car même si leur délire n'est pas le mien ça permet de mieux cerner où le groupe veut en venir. Et de voir par la même occasion que le délire a l'air sincère, ce n'est clairement pas qu'une question d'imagerie.

Mine de rien ça clouera peut-être le bec des médisants qui pensent que le groupe n'est qu'une bande d'imposteurs, même si je comprends très bien que l'on n'apprécie pas sa musique. Personnellement je suis le groupe depuis "Casus Luciferi" et même si leur style a évolué j'accroche toujours autant, en rajoutant que "Lawless Darkness" au delà des querelles "black metal / pas black metal" est un excellent album de metal tout court. Et comme je ne suis pas féru d'occultisme j'avoue que je passais un peu à côté du message, même si j'ai bien entendu jeté un oeil sur les paroles des albums. Mais là c'est intéressant de voir quelqu'un de passionné et sincère dans sa démarche nous expliquer sa façon de voir les choses, et les raisons pour lesquelles le groupe a été formé en gros.

Bref un bon DVD qui n'apprendra rien à ceux qui suivent le groupe depuis les tout débuts et qui s'intéressent à l'occultisme mais qui leur permettra de réellement plonger dans le monde de Watain. Quand aux autres, si l'aspect musical les a accrochés, ils pourront comprendre ce que signifie tout ce délire autour de la dite musique et cerner le propos du groupe. Techniquement de bonne facture, l'objet est complet et par conséquent le groupe ne se fout clairement pas de la gueule de ses fans, rien que ça ça mérite que vous y jetiez un oeil non ?


Murderworks
Août 2012




"Lawless Darkness"
Note moyenne : 17/20

Watain est un groupe de black metal suédois, pour qui la musique est bien plus qu’un simple moyen de se divertir. En outre, pour les trois loups damnés que sont E, H et P, le black metal est l’occasion de communiquer avec l’autre monde et avec le seigneur des ténèbres lui même. C’est donc avec force et passion que les trois piliers du groupe s’efforcent de trouver la symbiose parfaite entre la musique et cet amour spirituel qu’ils portent envers le malin. Objectif pas facile vous en conviendrez…

Pourtant lorsque l’on parle de Watain, on pense tout de suite aux rats crevés sur scène, au sang de porc utilisé comme artifice et à l’odeur nauséabonde de chacun de leurs concerts. Watain apparaît alors comme de simples bêtes de foire qui ne se contentent que de divertir la galerie avec quelques éléments morbides et provocateurs. Mais je vais vous dire, ceux qui sont dans cet état d’esprit sont tout bonnement à côté de la plaque. Je l’étais. Mais après la claque que je me suis prise par "Casus Luciferi", j’ai radicalement changé d’avis.

Oui… tout a commencé avec cet opus, une pochette en noir et blanc aux détails obscurs et blasphématoires mais surtout un black metal intense et complètement malsain. "Casus Luciferi" est d’une puissance rarement inégalé et il est difficile de donner naissance à un successeur digne de ce nom sans prendre le risque de se mettre à dos une bonne partie des puristes plus ou moins débiles. La pochette de ce "Lawless Darkness" est d’ailleurs dans la même veine que celle de "Casus". Noire, grisonnante, pleine de détails obscurs et ce trou noir infini qui nous attire toujours plus profondément à l’intérieur de ces "ténèbres sans loi".

Certes "Sworn To The Dark" ne plaît pas forcément à tout le monde et effectivement, la rupture est tout de même de taille avec le précédent opus. Une production plus propre et plus puissante, des riffs accrocheurs en passant par de bonnes grosses rythmiques racoleuses et pourtant il y a toujours cette flame particulière qui animait le groupe sur les galettes précédentes. Après un "Sworn To The Dark" tubesque, nombreux étaient ceux annonçant déjà le déclin d’un groupe censé perpétuer l’héritage laissé par Dissection. Si vous faites partie de cette catégorie, laissez moi simplement vous dire que vous vous êtes royalement planté, encore une fois. Car "Lawless Darkness" marque définitivement un tournant dans la carrière du groupe.

Juin 2010, après nous avoir encouragés à commettre un acte inavouable, Watain est bel et bien de retour avec un quatrième album qui va faire couler beaucoup d’encre et pas mal de sang aussi. Bien sûr, Watain a repris la marque de fabrique entamée sur "Sworn To The Dark". Comprenez par là que l’on est plus dans ce brouillard infernal et malsain d’un "Casus Luciferi" mais qu’au contraire les titres de ce nouvel album sont tout simplement une fusion travaillée entre les riffs accrocheurs d’un "Sworn To The Dark" alliés à la vélocité et l’agressivité d’un "Casus Luciferi". "Reaping Death" est pour moi l’illustration parfaite de ce que je viens de vous dire. Le refrain sonne très catchy et pourtant il possède cette fougue qui en fait un morceau complexe et infernal.

Toujours plus proche de Dissection, les titres se font tous plus accrocheurs les uns que les autres, j’ai même parfois l’impression d’avoir affaire à du Carpathian Forest pour le côté punk et black’n’roll de certains morceaux. Je pense surtout au titre "Total Funeral" un titre déjanté diaboliquement efficace ainsi qu’au refrain de "Kiss Of Death". A noter que le riff du début de ce morceau se présente sous la forme d’un question réponse à la guitare au rendu ultra malsain comme si le diable en personne nous demandait de rentrer dans son jeu…

Comme vous pouvez vous en doutez, je me suis complètement laissée ensorcelée par ce "Lawless Darkness" d’une intensité saisissante. Car comment rester insensible à la fin jouissive de " Malfeitor" ? Où un flot d’émotions s’abat sur nous pour nous conduire doucement vers les profondeurs fantastiques de ce "Lawless Darkness". Sur "The Four Thrones", Watain nous emporte dans la folie infernale des enfers aux côtés de Belzebuth, Lucifer et Belial. Et comment encore ne pas se laisser envouter par la chevauchée maléfique de "Wolves Curse" ? Watain déboule tels des loups affamés sous les riffs épiques des guitaristes, un titre qui va certainement faire fureur en live.

L’instrumental "Lawless Darkness" est une invitation à découvrir l’obscurité profonde de ce monde néfaste pour en apprécier toute la beauté. Et ça peut paraître bête mais Watain c’est à la fois beau et attirant, crade et repoussant. Cette ambivalence troublante est je pense, ce qui fait de cet album une pure merveille du black metal. Quant au long titre "Waters Of Ain", il est l’occasion de naviguer sur les eaux dangereuses des "ténèbres sans loi" tout en nous laissant le loisir d’apprécier cette majesté si particulière qui se cache derrière toute cette noirceur au combien attirante.

Du côté des paroles je me contenterai de répéter une phrase culte utilisé par Erik lors d’interviews. Les paroles sont l’occasion pour lui "d’explorer, d’adorer et de glorifier Satan", le dieu en lequel il croit. Car comme il le dit lui même, Erik Danielsson est un homme spirituel avant même d’être un artiste. Toute cette inspiration, toute cette rage, cette haine et ces ténèbres sont l’expression de Satan lui même à travers les êtres de chairs que sont les membres de Watain. Et c’est peut être ce qui fait que Watain insuffle son poison avec intensité déconcertante. La puissance du mal vous me suivez ? Moins écorché, le chant de Erik se fait plus lourd et agressif. Parfaitement audible sur l’album, les paroles en deviennent presque compréhensibles après quelques écoutes. Ce qui est sûr c’est que le côté catchy se retrouve également au niveau du chant, et c’est fou mais moi aussi j’ai envie de me mettre à scander certains passages.

Véritable hymne aux enfers, prenez le temps de savourer cette offrande avant de vous forger un avis et vérifier si la magie du black metal opère sur vous.


Célin
Août 2010
Note : 17/20

Watain, voilà sûrement un nom qui ne vous est pas inconnu si vous aimez le black. Trois ans après "Sworn To The Dark", voici la nouvelle offrande de Watain : "Lawless Darkness". Watain attaque dès le premier titre avec du gros méchant morceau qui arrache tout sur son passage. Mélangeant de nombreux blasts, à des riffs mid tempo rythmés et hyper entraînants, les Suédois savent tenir l'auditeur en haleine. Les riffs sont relativement simples mais Watain joue essentiellement sur l'ambiance, la puissance et l'efficacité. Le premier morceau "Death Cold Dark" pose tout de suite l'ambiance. Long de 1 heure 13, chose de plus en plus rare de nos jours, Watain parvient à nous proposer de très bons morceaux, largement mis en valeur par une prod' très dense et compacte. Comme Immortal à son époque m'avait scotché, Watain, sans être révolutionnaire, pratique de l'excellent black sans concession qui a également fait son effet et apporte un peu de fraîcheur et de renouveau. Ne passez pas à côté de ce groupe !


Humphrey
Juin 2010
Note : 17/20


Conclusion
L'interview : Erik Danielsson

Le site officiel : www.templeofwatain.com