War Agenda est un groupe allemand né en 2012, une période pendant laquelle s’est opéré un mouvement appelé par les médias "new wave of old school thrash metal" et qui a démarré à la fin des années 2000. Ce mouvement s’est porté garant de redorer le blason de la scène thrash crossover US qui a dominé le monde métallique au début des années 80, avant de se faire violer par le death metal, qui s’est un peu fait violer lui aussi plus tard, par le black metal du Nord de l’Europe. Ainsi, les fans d’Exodus, Vio-Lence, Evildead, Anthrax ou Forbidden ont pu se défoncer les oreilles avec une nouvelle génération fidèle à l’esprit de l’époque. Porté par Municipal Waste, des groupes comme Eliminator, Violator, Warbringer et Toxic Holocaust sont venus nous rafraîchir la mémoire en jouant un thrash vivifiant qui exploitait tous les codes des pionniers, autant dans les visuels qui proposaient à nouveau des belles pochettes, permettant à monsieur Ed Repka de pouvoir à nouveau payer ses factures, que dans la musique à la fois nerveuse et précise. Quant au logo, ils reprenaient une police agressive mais lisible, alors que le death prenait le chemin opposé avec ses noms de groupes illisibles, ressemblant plus à des mollards travaillés au bâtonnet sur un mur de crépis qu’à une succession de lettres.

"Propaganda" est résolument un album de thrash, mais avec quelques particularités, en tant que bon groupe germanique qui se respecte, la formation insuffle quand même une bonne dose de heavy dans son thrash rugueux et précis. Ainsi, on a droit à de très bonnes mélodies, des riffs efficaces et des solos de la mort. Ainsi, pas mal de références se font entendre dans ce disque, un titre comme "Silence Of Justice" fait clairement référence à Megadeth, l’intro inquiétante de "Human Race" possède un petit côté Annihilator, tandis qu’un "Propaganda" va plutôt proposer un thrash nerveux à la Sodom ou Kreator. Chaque compo va titiller votre oreille et un petit vent de nostalgie va venir s’engouffrer dans vos esgourdes endolories par les rafales puissantes du quintette.

Mine de rien, l’album est assez varié mais reste bien cohérent, qui pourrait croire que l’intro du skeud, qui m’inspire les ballades du guitariste masqué Buckethead, présageait une rafale sonique aussi énergique ? Musicalement, le niveau est assez haut, les gratteux sont bons et proposent des solos qui arrivent à être virtuoses tout en s’autorisant le lâcher prise, on imagine ainsi ces zicos secouer la tête en les interprétant, et non le pied sur le retour, le nez rivé sur le manche pour éviter la soupe de doigts. Le drumming est bonnard, bourré de breaks, les interventions sont toujours placées de manière intelligente, je regrette juste le son de caisse un peu trop plastique. Le son de basse est aussi assez énorme, vous voulez entendre de la basse car ça vous manque ? Là, vous pouvez y aller ! Le chant criard, entre le chanté et le parlé parfois, me fait penser à Overkill et sonne définitivement ricain. En fait, War Agenda va vraiment piocher autant dans le thrash européen qu’amerloque, avec, dans l’interprétation, un enthousiasme communicatif. Autant dans les parties speed que les passages plus lourds, ces zicos semblent à 200% dans leur délire et transmettent une énergie assez communicative.

"Propaganda" est un album de pur metal, il possède en lui l’essence-même de ce style. Toutes les composantes caractéristiques sont présentes, on y trouve de la mélodie, des ambiances sombres et ténébreuses, du riffing sauvage, du cheveu et du cuir, et presque des baskets montantes, les bonnes sneakers d’époque, portées avec le jean noir moulant. War Agenda nous offre un disque qui trouvera facilement sa place entre les gros papas du genre et les nouveaux prodiges, plus si nouveaux que ça, à la Havok, Fueled By Fire et Evile. La différence entre War Agenda et eux se situe dans les sonorités heavy (le style) proposées ici, qui flirtent un poil avec le power, permettant au groupe d’aborder ses compositions avec un aspect plus mélodique, on en redemande !