Formé par Charlie Eron, Max Phelps (Exist, Cynic, Defeated Sanity, Death To All) et Alex Weber (Exist, Malignancy, Svengahli), le groupe WAIT pour "We Are In Transit" nous amène son premier album "The End Of Noise" après avoir sorti un premier EP éponyme en 2019. Vu le line-up, vous vous doutez bien qu'il y du death metal là-dedans et si les membres ont fait un passage dans des goupes brutaux, c'est une voie plus progressive, technique et mélodique qu'ils ont choisi pour WAIT.

Dès "Half Funeral" qui ouvre l'album, on sent des sonorités modernes parfois proches du djent, d'autres plus jazzy et des ambiances à la fois sombres et planantes. Le chant est partagé entre voix claire et growl et sur ce premier morceau il faut dire que presque aucune place ne lui est laissée, ce premier morceau étant du coup quasiment instrumental. En tout cas, WAIT arrive d'emblée à poser une ambiance générale assez étrange et si l'on peut sentir quelques réminiscences de Cynic dans les passages les plus aériens, le groupe a une patte bien marquée et "The End Of Noise" nous fait entendre plus d'une bizarrerie. Les structures ont évidemment la bougeotte mais ce sont surtout les mélodies dissonantes et tordues qui créent cette ambiance sombre et étrange. Il y a quelque chose de surréaliste sur ce premier album, un climat qui restranscrit plutôt bien ce concept basé sur la tranquillité de l'esprit résultant soit de la méditation, soit du sommeil, soit de la mort. WAIT arrive effectivement à créer un univers sonore qui se trouve à la frontière de ces trois états, parfois emprunt de beauté et assez aérien, d'autres fois plus posé et contemplatif et plus d'une fois sombre et presque inquiétant. Ce premier morceau fait d'ailleurs partie de ceux qui naviguent bien entre les trois d'ailleurs, là où "Earth's Last Orbit" qui le suit montre un peu plus les crocs, fait entendre les growls et se fait donc un peu plus dur avec là encore des riffs assez modernes aux frontières du djent. Quant à l'aspect technique, il passe par ces fameuses structures syncopées et blindées de contre-temps et de mesures impaires, le groupe ne sombre donc jamais dans la démonstration ou le déluge de shred.

Ce sont bien la mélodie et les ambiances qui régnent sur "The End Of Noise" et il y a d'ailleurs un côté assez accrocheur au milieu de toutes ces sonorités tordues. Même si les morceaux sont tous assez longs et atteignent fréquemment les sept ou huit minutes, il n'y a pas vraiment de temps mort et le groupe ne nous perd pas en route. On peut peut-être trouver quelques passages sur lesquels le groupe aurait pu couper un peu mais rien de dramatique et le fait que les ambiances prennent leur temps donne un côté hypnotique qui va très bien à ce premier album. "Lone Supreme Presence" accélère un peu le rythme et se montre parfois encore un peu plus agressif mais les mélodies et le chant clair reprennent vite leurs droits. "Reverie" nous laissent entendre quelques sonorités indiennes au milieu de la bizarrerie habituelle du groupe et crée là encore une ambiance particulière parsemée de parties plus jazzy. Si la musique de WAIT est bizarre et assez technique, elle a pour elle de ne jamais devenir hermétique et "The End Of Noise" reste relativement accessible grâce à ses nombreuses mélodies et ses lignes de chant assez accrocheuses. "I Climb Downhill", quant à lui, démarre presque comme du bon vieux Meshuggah avec ces riffs syncopés et brutaux qui tranchent avec les mélodies aériennes que le précédent morceau laissaient encore entendre dans ses dernières secondes. Si l'ensemble reste relativement approchable, il faudra quand même accorder toute votre attention à "The End Of Noise" puisque sa durée de cinquante minutes et ses nombreux changements de rythmes ou d'ambiances risquent de mobiliser un minimum de concentration.

WAIT nous délivre donc avec "The End Of Noise" un premier album étrange et personnel qui navigue dans ce que l'on pourrait qualifier de death progressif et qui reste assez difficile de rapprocher de qui que ce soit ! La technique, la mélodie et les ambiances bizarres se côtoient sur ce death technique, jazzy et aérien qui crée un climat particulier aussi inquiétant que planant. Une bizarrerie qui sort des sentiers battus et qui va demander une certaine ouverture d'esprit mais qui montre une personnalité très intéressant que l'on est curieux d'entendre se développer encore à l'avenir.