Le dernier album de Votum chroniqué en ces lieux fut "Metafiction" en 2009, mais depuis le groupe avait sorti un troisième album en 2013, "Harvest Moon", qui voyait le groupe durcir un peu le ton. Il nous revient cette année avec ":Ktonik:", son quatrième album.

"Metafiction" proposait un metal progressif assez classe et plutôt doux avec une prédominance de l'acoustique et de rares accès de metal pur. "Harvest Moon" qui lui a succédé a montré une recrudescence des racines purement metal avec la présence bien plus massive de l'électrique et des riffs plus puissants, le tout formant des morceaux bien plus accrocheurs que par le passé. Certains seraient tentés d'y voir un recul en termes de richesse mais il n'en est rien, ces gars savent composer de vrais bons morceaux et ce n'est pas parce que les morceaux sont plus dynamiques, nerveux et accrocheurs qu'ils en sont forcément plus fades. ":Ktonik:" suit les traces de son grand frère et propose un metal progressif là encore assez accrocheur, mélodique, puissant et relativement direct. Si l'acoustique est encore présente, elle ne se taille plus la part du lion et laisse la place à une musique plus nerveuse qui trouve tout de même le moyen de garder cette touche de classe qui caractérise la musique de Votum. "Satellite" ouvre d'ailleurs l'album de façon directe avec des mélodies qui ne vous sortent plus du crâne et des riffs à la fois puissants et lourds qui ne sont pas sans évoquer parfois le Katatonia de l'époque "The Great Cold Distance" / "Night Is The New Day". Vous aurez évidemment compris que la musique du groupe est toujours aussi sombre et mélancolique, les morceaux soft ayant encore une petite place sur ce nouvel album d'ailleurs à l'image de "Blackened Tree" majoritairement dominé par le piano.

Malgré le côté bien plus accrocheur de la musique de Votum, les morceaux restent assez longs, autour des six minutes pour la plupart. Et malgré cette relative longueur et le fait que le groupe ait rendu sa musique plus directe, on ne s'ennuie pas, le talent de composition est encore là et le groupe joue suffisamment sur les changements d'ambiance et la variété des rythmiques pour que l'album ne se transforme jamais en collage de morceaux bêtement catchy et fades. Après tout, Votum fait toujours du metal progressif, le groupe a simplement inversé la balance qui penchait auparavant bien plus du côté du progressif très soft alors que depuis "Harvest Moon" elle penche plus du côté metal. Fondamentalement ça n'a pas changé la personnalité du groupe, la forme a évolué mais le fond est le même et la patte de Votum se reconnaît très rapidement malgré les riffs plus lourds et puissants. D'autant que les passages planants ou acoustiques sont toujours présents, ils apparaissent maintenant quand les morceaux l'exigen,t alors que "Metafiction" était presque intégralement construit autour d'eux. Forcément la production a suivi le même chemin que les compositions, le son est donc plus gros, plus puissant sans non plus verser dans les guitares plombées à vous faire tomber les murs.

Quatrième album de qualité une fois de plus pour Votum, même si comme pour les précédents, les progeux les moins friands de metal risquent de tirer la tronche. Les autres peuvent foncer les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes, c'est une fois de plus une très bonne livraison.

De la scène metal polonaise je ne connaissais jusqu’à maintenant quasiment que sa scène extrême. D’où mon intérêt en voyant le dernier album de Votum qui officie dans le metal progressif. Je vais avouer mon ignorance puisque je n’avais jamais entendu parler du groupe, qui est semble-t-il assez connu chez les progueux confirmés puisqu’il s’était déjà fait remarquer avec son premier album "Time Must Have A Stop".

Je dois dire en tout cas que ce "Metafiction" (sorti en Novembre 2009) démarre sur les chapeaux de roue avec un premier titre magnifique tout en sensibilité, en douceur et en mélancolie. Cette dernière se retrouvera d’ailleurs régulièrement tout au long de l’album. D’ailleurs on pourrait par certains aspects rapprocher la musique de Votum à celle de Riverside, les deux abordent le genre avec la même douceur. Pas de démonstration technique futile ici ou de soli à rallonge, non ces Polonais préfèrent les émotions. Le ton se durcit quelques fois comme au début de "Glassy Essence" ou sur "Stranger Than Fiction" (sur lequel les vocaux se font même parfois plus agressifs) mais on ne tombe jamais dans le dédale de notes propres à certains ténors du genre. C’est la mélodie qui est toujours mise en avant, et cette dernière est d’ailleurs très bien servie par la voix de Maciej Kosinski.

Bon, le niveau technique des musiciens est forcément élevé mais ils savent ne pas l’étaler et se contenter de servir la musique. Résultat quand les guitaristes se lancent dans des soli c’est tout en douceur, avec du touché et du feeling. On est aspiré tout au long de l’album dans une sorte d’atmosphère cotonneuse, transporté dans le monde de Votum pendant 45 minutes qui en paraissent moins. Même le travail sur le son est un sans faute, certains groupes Polonais disaient d’ailleurs que les studios pouvant accueillir des groupes de metal n’étaient pas légions ou pas à la hauteur pour ceux qui existaient. Il faut dire que la situation a dû changer depuis puisque "Metafiction" a été enregistré, mixé et masterisé au Izabelin studio à Varsovie et que le boulot qui a été accompli est impeccable.

Alors c’est sûr qu’au vu des ambiances développées tout au long de l’album il ne faudra pas le sortir en période de cafard, ça m’étonnerait qu’il vous remonte le moral. Entre les groupes finlandais, norvégiens et polonais on se demande si ce n’est pas vraiment le climat rigoureux qui leur flingue le moral à ce point. Bon en même temps si ça leur permet de nous délivrer des albums aussi bons que celui ici présent, ce n’est pas moi qui chercherai à les consoler. D’ailleurs vu le climat du moment inutile de préciser que ça colle parfaitement, même si on n’a pas besoin de l’hiver pour profiter d’un bon album. En tout cas, j’insiste là dessus, ce groupe a le don de poser des mélodies qui touchent à tous les coups. Pour peu que vous écoutiez autre chose que du bourrin et que vous soyez sensibles à la mélodie, vous ne devriez pas rester de marbre devant les magnifiques ambiances délivrées ici.

Vraiment une belle découverte pour moi et vu la qualité de cette dernière livraison en date je pense que je vais vite m’intéresser à leur premier album. Et je vous invite à en faire autant si vous ne connaissez pas encore Votum, ça vaut le détour et je pense que leur troisième galette devrait faire un peu plus de bruit que les deux premières. Parce que même si ces dernières se sont apparemment faites remarquer dans le microcosme des mordus de prog, ce ne serait que justice que le groupe touche un public plus conséquent.