Le groupe
Biographie :

Voorhess est un groupe de death metal lorrain formé en 2017 et composé de : Seb à la guitare, Fred à la basse, Will à la batterie et Chris au chant et à la guitare. Le premier EP, "Chapter One", est sorti le Vendredi 13 Octobre 2017. 2018 fut une première année exceptionnelle pour Voorhess avec des concerts en première partie de groupes tels qu’Evil Invaders, Noctem, Ultra-Violence, Ensiferum, Crisix mais surtout Cannibal Corpse. Le groupe continue sur sa lancée en 2019 avec notamment la première partie de No Return, en compagnie des locaux de Sempervivum, Asilian et Protogonos, et une belle première partie de Dying Fetus et Terror. 2019 est marqué aussi par la signature du groupe sur le label Great Dane Records. L’album "Chapter Two" est sorti le Vendredi 13 Mars 2020. Le 31 Octobre 2021, Voorhees publie un nouvel EP, "Chapter Two & A Half". "Chapter III" sort le 13 Mai 2022.

Discographie :

2017 : "Chapter One" (EP)
2020 : "Chapter Two"
2021 : "Chapter Two & A Half"
2022 : "Chapter III"


Les chroniques


"Chapter III"
Note : 17,5/20

Mon dieu, ce viol des cages à miel, sans déc’, même après avoir, quand même, pas mal bouffé le longue durée précédent et l’EP de 3 titres qui avait, ma foi, amené un vent de fraîcheur dans la discographie des fans du serial killer masqué avec des compos un chouïa plus mélodiques, je pensais être immunisé contre les coups de batte sonore de la formation française. Que nenni, faut toujours se méfier des tueurs en série, c’est bien connu, tu n’es jamais vraiment en sécurité quand le prédateur rôde dans les parages. C’est donc avec une joie non dissimulée que je découvre "Chapter III", nouvel opus des bouchers de Metz !

Tel le bon vin, Voorhees se bonifie avec le temps, sans déconner, les mecs affinent leur son d’album en album, lui insufflant du caractère, de l’épaisseur, sans perdre de définition pour autant ni trahir sa recette originale. "Chapter III" possède réellement la prod’ la plus précise, compacte et cohérente parmi toutes leurs réalisations, tout en gardant ses arômes naturels de pourriture et de décadence, car le groupe n’a pas opté pour le genre de son stérile qui est en vigueur actuellement. Au contraire, les guitares ont du grain, le rendu de la batterie est très naturel et le chant, bien équilibré, est assez en avant sans pour autant perturber l’équilibre global du mix, ainsi, "Chapter III" sonne bien solide et défend à merveille les couleurs du revival old school dont le groupe français lève haut l’étendard, et ce depuis 2017, date de sortie du premier EP. Toujours en quête d’efficacité, les membres de Voorhees ont choisi un build tanky pour cet album.

Après une petite introduction bien vintage qui colle à la thématique, suffisamment courte pour ne pas casser les burnes, la formation engage le titre "Chapter III", véritable rouleau compresseur dont les angles sont radoucis par de superbes arpèges en sweeping ainsi que d’un solo de gratte aussi inspiré qu’engagé. Comme sur la quasi-totalité des titres, nous avons droit à une recette simple mais qui fonctionne, à savoir des structures identifiables intro / couplet / refrain / bridge, etc. Le deuxième track nous embarque dans des sonorités qui renvoient à l’album "Cause Of Death" de Hobbit-uary (désolé j’avais vraiment envie de la faire celle-là). Ce solo d’intro à la James Murphy qui précède un déferlement de riffs sombres et menaçants, c’est la grosse quecla. Les guitares tissent sur les refrains des harmonies mornes, on est à Crystal Lake, mais là, c’est l’aube, une aube sépulcrale durant laquelle l’omniprésence de brumes inquiétantes ne laisse présager rien de bon. "I’m The Man Who Become God" (déjà présent sur les deux albums précédents, faudra m’expliquer la démarche par contre) ajoute de la variété avec son feeling death and roll et le parti pris du chant qui se veut ici plus guttural et profond. Le groove est à l’honneur et le drumming massif et écrasant est une véritable invitation au headbanging. Il y a un peu de 6 Feet Under là-dernière, un 6 Feet lavé de ses "eeeeeeeee" intempestifs. La seconde moitié du track se fend d’une rythmique ternaire qui consolide le groove et sur lequel un solo court mais terriblement efficace vient nous empaler les tympans à coup de vibratos frénétiques ! "Freshly Deceased" et son intro égypto-angoissante revient sur la lourdeur rythmique avec sa riffaille supportée par une double qui cavalcade et des patterns bien old school. Quelques mélodies de gratte viennent assaisonner l’ensemble, permettant de prolonger l’aspect mélodique engagé dès l’introduction, Asphyx, Grave ou encore Dismember ne sont pas loin.

Pour "Summoning The Demon’s Delight", c’est vers Death que Voorhees nous embarque, avec une construction mélodique des riffs et une alternance couplet / refrain qui rappelle notre bon vieux Chuck. Là encore, l’intelligence compositionnelle du groupe lui permet de s’inspirer, d’injecter des éléments qui rappellent les grandes gloires du genre sans forcément trahir son identité propre. La fin du track met les guitares à l’honneur. "Don’t Scream" remet les pendules à l’heure avec des parties rythmiques qui plombent sa mère, on s’imagine très bien notre vieux Jason s’écouter ça en remuant sensiblement sa tête de haut en bas pendant qu’il aiguise méticuleusement ses outils, prêt pour un nouveau massacre. Nous avons droit ici au titre le plus mélodique de l’album, notamment sur toute la partie finale. "A Tale From The Dark Side" met à l’honneur le basic drumming et son "toupa toupa" tout en faisant ressurgir du passé ses mélodies venues de Suède, issues d’une époque où l’atmosphère cryptique et lugubre possédait une dimension occulte palpable. Plus évident dans sa construction, ce titre est un véritable coup de hache en travers de la caboche. "They Move. They Breathe. They Suck." fait office de pénultième track et persiste dans la lourdeur avec un riff bien ricain dans son accroche. Je me revois en 95 dans ma chambre d’ado aux parfums d’hormones en effervescence, en train de peindre des figurines Warhammer tout en écoutant des bons skeuds, le refuge idéal quand t’arrives pas à choper des meufs. Ce titre presqu’instrumental conduit admirablement bien au tout dernier titre "Z Killer", déjà présent sur l’EP "Chapter 2.5".

En moins de 45 minutes pour un total de 9 pépites, Voorhees démontre son incroyable enthousiasme à proposer un metal de la mort qui met tout le monde d’accord. Loin de faire des chichis, bien au contraire, la joyeuse bande de barbus chevelus défend une approche toujours autant old school, autant rock'n’roll et toujours aussi fidèle aux respects des grands noms du genre. L’avantage ici c’est qu’on ressent que le groupe a gagné en maturité et surtout, s’est façonné ses propres codes compositionnels, permettant au rendu global de sonner à la fois plus naturel, mais toujours autant spontané. "Chapter III" se nourrit des éléments des productions précédentes, pour un résultat qui ne se veut pas seulement être une synthèse de ce que le groupe est capable de nous faire entendre, mais qui représente tout de même une évolution à la fois dans le son et dans l’approche. Une évolution discrète certes, puisque le menu n’a pas complètement changé, mais, comme je le précisais au début, tel un bon vin, le son du combo s’affine avec le temps. Cependant, et même si cette musique est l’œuvre d’individus qui ont certainement dépassé la barre des 40 piges depuis un certain temps, il persiste au sein des compostions, cette éternelle énergie adolescente, palpable sur les premières productions estampillées death metal. Comme quoi, le death metal reste paradoxalement une vraie cure de jouvence. Allez, c’est mon jour de repos, ce soir vers minuit j’irai m’ouvrir une 8.6 dans le cimetière du village !


Trrha'l
Avril 2022




"Chapter Two & A Half"
Note : 19/20

Mars 2020, Voorhees nous a pondu un concentré de death-thrash bien old school, le genre de metal qui fait grincer les dents à papy René ou tatie Ginette, avec son lot de gros riffs menaçants auxquels s’ajoutent quelques relents mélodiques, tout ça avec un art du dosage qui est l’apanage des vieux briscards qui ont de la bouteille (pas celle qu’on picole, la bouteille, c’est au sens figuré, vous l’avez compris). Octobre 2021, voici que les fans du tueur au masque de hockey refont surface avec trois nouveaux titres, pour un petit EP qui se permet dans l’intitulé un clin d’œil humoristique : "Chapter Two & A Half". En fait, ce titre est loin d’être si con que ça car musicalement, nos compatriotes sont réellement dans une approche qui colle au skeud précédent, mais avec un petit truc en plus.

Quelle bonne idée de sortir une prod’ pour Halloween, et même si le groupe ne s’appelle pas "Myers", le fait de profiter de la fête des morts pour lancer leurs trois nouvelles compositions est un excellent moyen de marquer les esprits. La pochette perpétue cet amour du sang et du sordide avec cette infirmière "Voorheesisée" qui démembre un pauvre patient. Cette dimension gore et décadente est accentuée par les couleurs, du blanc et noir pour le dessin, et du rouge vif qui souligne les aspects les plus sanglants de cette illustration un poil naïve mais terriblement efficace. Le groupe entretient visuellement un feeling old school qu’il défend à merveille au niveau sonore. Musicalement, ce chapitre et demi démontre une légère évolution et une direction artistique qui évolue sensiblement. Toujours dans une veine death-thrash massive, qui met en exergue le côté impactant et simpliste basé sur de la bonne vieille riffaille, le groupe a modelé son son et se retrouve là avec une production moins caverneuse, moins compressée, des guitares plus ouvertes et une batterie plus massive. En gros, le résultat sonne plus "enhancé" (désolé pour l’anglicisme, c’est juste que je ne saurai pas le déterminer autrement). Cette sensible évolution, qui a tendance à éclaircir la musique du quartette de barbus / chevelus, correspond également à l’atmosphère des compositions, qui développent les penchants groovy et mélodiques déjà présents sur la précédente réalisation. Pour le coup, hormis la voix qui maintient des tonalités morbides, avec parfois quelques relents de notre ami John Tardy, particulièrement sur le titre "Z Killer", le reste s’éloigne très légèrement des carcans du death metal pour développer d’autres aspects moins archaïques. En trois titres, Voorhees démontre une volonté de développer du climat et de la note car oui, sur trois titres, un seul ne contient pas de solo. Parlons-en des solos justement, celui de "A Tale From The Dark Side" rompt littéralement avec tout ce qui le précède et met l’accent sur de magnifiques phrases, et celui de "Z Killer", qui conclut une longue partie lead harmonisée possède un petit côté bluesy à la Carcass qui fait plaiz’ à entendre.

C’est assez marrant d’ailleurs, parce qu’en trois titres, Voorhees développe de la diversité et de l’ouverture mais préserve une cohérence compositionnelle qui maintient les choses en place. Ces trois titres sentent l’éclate à plein nez, on s’imagine que les mecs se sont régalés à jammer ces tracks et à les enregistrer. C’est frais et spontané, mais rassurez-vous, le climat reste putride et c’est joué sur des instruments dont les cordes sont attaquées par la rouille provoquée par les projections de sang des victimes de l’assaut frénétique de ces bouchers de Metz, donc, ne vous méprenez pas, le résultat tâche.

Pour Halloween, Voorhees nous offre un petit encas saignant et dégoulinant pour patienter avant le prochain gros festin cannibale. Ces trois titres soulignent des aspects plus mélodiques, mettent un poil plus l’accent sur le death n’roll et sentent surtout l’éclate et la régalade. Avec des empreintes plus "Carcassiennes", La formation française n’oublie pas de rendre hommage aux entités qui ont façonnées leur style : Obituary, Master, Jungle Rot, Cardiac Arrest ou encore Grave. Au travers de la douzaine de minutes contenue sur "Chapter Two & A Half", le metal de la mort est à l’honneur, et celui-ci n’a pas besoin d’être remanié pour préserver sa fraîcheur. En tous les cas, Voorhees possède une excellente recette traditionnelle, à l’instar d’une Marie-Thérèse Ordonez, dite Maïté, qui découpe du sanglier et décapite de l’anguille, mais qui sait apprécier les bonnes choses en suçant de l’Ortolan. Ces mecs savent ménager la chèvre et le chou et proposent du subtil tout en taillant dans le lard. On attend le chapter 3 avec impatience maintenant !


Trrha'l
Novembre 2021




"Chapter Two"
Note : 17/20

Ah, les tueurs en série, voilà donc une thématique très prisée des métalleux ! Marylin Manson a eu l’astucieuse idée d’associer pour chaque membre de son groupe le nom d’un tueur et une star féminine américaine, le groupe Acid Bath a utilisé une illustration représentant l’illustre John Wayne Gacy, il y a aussi Macabre, groupe de Chicago, très porté sur le sujet, et on sait que Jonathan Davies de Korn se délecte d’anecdotes en rapport à cet univers socio-psychopathe. Le metal et la santé mentale, il y a de quoi écrire sur le sujet mais bon, là, en l’occurrence, Voorhees est le nom d’un tueur fictif, ça passe un peu mieux. Qui ne connaît pas le monstre du camp Crystal Lake, icône du cinéma d’épouvante, ennemi de Freddy Krueger au début des années 2000 ? Jason pour les intimes, ça parle peut-être mieux à la population que Voorhees ! Quand on utilise un nom aussi connoté, quelque part on s’engage, à l’instar du bonhomme au masque de hockey, à proposer de la violence, du vice, de la haine et de la destruction et de ce fait, le fan de metal et de cinéma d’horreur va forcément être intransigeant et juger plus sévèrement la musique car oui, qui s’appelle Voorhees promet du lourd !

Que les plus sceptiques d’entres-vous se rassurent, les quatre bourrins du Grand Est qui composent le groupe ne sont pas là pour triller des lentilles et dispensent un death thrashy oldy bien massif et entraînant. Les fans de Master, Obituary ou Six Feet Under vont être ravis, voici un groupe français qui arpente les codes stylistiques des formations précitées, tout en insufflant suffisamment sa touche personnelle pour ne pas souffrir de la comparaison. Le son est excellent, rentre-dedans comme il faut, le chant est de bonne facture et propose différents timbres, principalement gutturaux mais audibles, et le mix global met bien en valeur les rythmiques qui sont, il faut l’admettre, groovy à souhait. Les solos de guitares sont excellents, techniques et mélodiques, cependant parfois, le guitariste s’autorise le chaos, ce qui ajoute une touche Slayer pas dégueu' du tout. En même temps, le gratteux a été chez Dungortheb, excellent combo de prog death technique dont j’ai particulièrement apprécié l’album "Intented To…" (petite digression de ma part).

Tout au long de l’écoute de "Chapter Two", il n’est pas difficile de se laisser emporter par ce festival de riffs ultra entraînants et un poil rock'n’roll, d’ailleurs, parfois, on ressent aussi l’influence de Carcass, quelque part coincé entre "Heartwork" et "Swansong" ("I Am The Man Who Became God"). En même temps, on ne va pas se mentir, quand on voit la cabine de ces excellents musiciens, ça sent la quarantaine à plein nez, on sait à quoi ces mecs-là ont été biberonnés à l’adolescence, au bon death qui tache et au cinéma d’horreur, celui qui mettait un point d’honneur à façonner une ambiance, loin de ces films Netflix clichés et bourrés de jumpscare prévisibles. Dernier point qui fait encore basculer le skeud vers le positif, c’est sa durée, 40 minutes, et son tracklisting, 8 titres, pas plus, pas moins, juste ce qu’il faut, ni trop longs, ni trop courts. Des as du dosage ces mecs-là, comme quoi, on peut être un véritable boucher et taper dans la précision chirurgicale et le bon goût.

En fait, la magie de Voorhees, c’est d’arriver à faire beaucoup avec pas grand-chose. Ces mecs ont la science du riff, et les compositions sont toutes accrocheuses. Il y a de la mélodie, du groove, du climat, ça déborde jamais trop d’un côté ou de l’autre et surtout, l’ensemble reste à tout moment incisif, lourd et précis. Je suis sûr que si je me tape un bon film de la série des Vendredi 13 en mutant le son et en foutant "Chapter Two" à fond, il y a moyen que ça produise son petit effet, on évitera juste Jason X, sombre bouse incohérente (le cinéma des années 2000 a tué le cinéma d’horreur). Bref, voici donc une formation à ne pas louper car un premier album aussi intéressant laisse présager beaucoup de bonnes choses pour la suite et on peut le dire sans hésiter, ce nom de groupe leur sied à ravir.


Trrha'l
Juillet 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/voorhees.deathmetal