Le groupe
Biographie :

Vola est un groupe de rock / metal progressif danois formé en 2008 et actuellement composé de : Adam Janzi (batterie), Nicolai Mogensen (basse), Martin Werner (programmation) et Asger Mygind (chant / guitare). Vola sort son premier album, "Inmazes", en Septembre 2016 chez Mascot Label Group, suivi de "Applause Of A Distant Crowd" en Octobre 2018, et de "Witness" en Mai 2021.

Discographie :

2011 : "Monsters" (EP)
2016 : "Inmazes"
2018 : "Applause Of A Distant Crowd"
2021 : "Witness"


Les chroniques


"Witness"
Note : 19/20

Six ans après mon gros coup de cœur pour Vola lors de l'Euroblast et la sortie de leur premier album "Inmazes", je découvre à nouveau le groupe avec leur dernier opus "Witness". Il faut dire que je suis totalement passée à côté du second album "Applause Of A Distant Crowd". Plus calme et - semble-t-il - vraiment moins audacieux que "Inmazes" à mon sens, j'avoue n'avoir écouté cet album que d'une oreille. Peut-être à tort, qui sait. A celles et à ceux, donc, qui auraient aimé une comparaison avec l'avant-dernier album, mea culpa, il n'en sera rien. Voilà pour le contexte de la chronique à venir.

Ce qui avait provoqué mon coup de cœur à l'écoute d'"Inmazes", c'est l'univers plutôt unique de Vola. La patte du groupe, c'est un brillant mélange de metal progressif avec des riffs de djent et une esthétique musicale pop synthétique. La richesse des arrangements et le travail de composition de Vola , alliés à la voix claire pop rock, apportent un souffle nouveau au djent et ses codes parfois trop cadrés. Tout cela mis bout à bout, Vola se définit comme un groupe avec un son et des compositions assez singuliers. "Straight Lines", qui ouvre l'album, me replonge immédiatement dans l'atmosphère si caractéristique des Danois. De nouveau la voix d'Asger Mygind, qui n'a de cesse de me faire penser à Tom Smith (Editors), m'envoûte par sa profondeur et sa pureté. Et aussi par sa simplicité, sans excès de zèle, telle la voix de Ross Jennings (Haken). Les riffs djent sont lourds et agressifs, et pourtant paradoxalement les nappes de synthé apportent une couleur très rétro qui fait écho à la vague des groupes de pop des années 80 / 90 tels que A-ha, par exemple. Allez, par exemple, jeter une oreille à la reprise du morceau "Manhattan Skyline" par Ihsahn et Einar Solberg. Vous comprendrez mieux ce dont je parle. Loin de sonner kitsch, au contraire, les univers s'entrechoquent à merveille pour créer une ambiance cotonneuse, enveloppante et quelque peu "futuriste" si l'on peut dire ainsi. Bizarrement, Vola m'ouvre toujours les chakras et les pensées vers l'Univers, les étoiles, l'Espace... "Head Mounted Sideways" confirme cette première bonne impression et pousse un peu plus loin la recette précédente. Les couplets sont particulièrement lourds (tu la sens la 7 cordes ??), impossible de ne pas headbanguer. Les refrains viennent casser ce gros son par des envolées guitaristiques et vocales, dont seul Vola a le secret. Ce n'est pas joli, non, c'est extrêmement gracieux et mélodique ! Dans la même lignée, on retrouve les morceaux "24 Light-Years", "Napalm" avec une montée flamboyante en fin de morceau, "Future Bird" avec ses mélodies synthétiques et nappes vocales mélancoliques proches de l’univers d'Inmazes, "Stone Leader Falling Down" et ses riffs ultra lourds...

Un peu plus en retrait de l'ensemble de l'album, le mid-tempo "Freak" sonne quelque peu doucereux et ne marque pas vraiment les esprits. Cette fois, la sauce est fade et les arrangements peut-être un poil trop kitsch. La "petite" surprise, que dis-je... l'ÉNORME surprise de "Witness", c'est "These Black Claws" ! Ce morceau est une vraie claque ! Créatif, original, surprenant, il a tout pour lui. En effet, afin de sortir des sentiers battus du djent / prog, Vola a fait appel à l'artiste hip-hop Shahmen. Si comme moi vous ne le connaissiez pas avant, ce chanteur vous fera sûrement dresser les poils par le velours et le flow incroyable de sa voix ! Il me rappelle le hip-hop classieux et feutré de Tricky. "These Black Claws", c'est le mariage plus qu'heureux du hip-hop / trap sombre allié à la puissance et l'agressivité du djent, mais toujours avec cette évanescence de mélodies aériennes. Le petit gimmick hip-hop de fond ne vous lâchera plus ! Mais c’est aussi une plongée dans le néo-metal des années 90 / 2000. Quand démarre l’intro du morceau, on s’attendrait presque à avoir Jonathan Davis au chant tellement le style est Kornesque. Une vraie réussite.

Que vous suiviez Vola depuis le début, que vous le découvriez tardivement ou que vous repreniez en cours de route comme moi.... "Witness" est assurément un excellent troisième album qui ne pourra que vous séduire ! Bourré de mélodies entêtantes, de riffs casse-nuques, de lignes de chant ultra mélancoliques et d'arrangements pop, synthétiques, délicats et créatifs, ce nouvel album ravit les oreilles d'écoute en écoute. Et même si le djent apporte son lot de riffs agressifs et lourds, on retiendra, en fin de compte, l'univers profondément mélodieux et lumineux de Vola.


Miss Bungle
Juillet 2021




"Inmazes"
Note : 19/20

Vola sort son premier album en Europe sur le label Mascot Records le 16 septembre 2016. "Inmazes" avait dans un premier temps été autoproduit par le groupe l’année dernière et était disponible sur leur Bandcamp. C’est lors de l’édition 2015 de l’Euroblast que j’avais eu la grande chance de découvrir ce groupe et donc de connaître et d’avoir déjà écouté à maintes reprises ce magnifique album bien avant sa sortie européenne.

Ce jeune quatuor danois avait déjà à son actif quelques démos et EP qui étaient plutôt éloignés de "Inmazes". Premièrement musicalement, car ce n’est qu’en 2011 qu’ils décident d’intégrer les guitares 7 cordes à leur musique et donc d’apporter une touche djent et plus meétal à leur style. Deuxièmement vocalement, sur "Inmazes", elle est bien loin la voix froide et synthétique des débuts très proche de celle de Tom Smith (Editors) ou même Dave Gahan (Depeche Mode). Toutefois, Vola a toujours eu et a gardé l’originalité des débuts.

S’il faut présenter les influences de ce groupe, il suffit de lire la phrase promotionnelle sur le CD qui les décrit comme "la rencontre du son de Pink Floyd mixé avec du Rammstein et une pincée de Meshuggah". Mis à part la référence à Rammstein que je ne lui retrouve pas vraiment – le groupe allemand ayant un côté très froid et martial qui a mon sens ne caractérise pas Vola – c’est une description parfaite.

Ce qui rend Vola différent des autres, et j’insiste sur le fait qu’ils ont une réelle identité, c’est ce mélange d’un rock progressif - dans ce qu’il a fait de mieux dans les années 70-, de pop et de djent. Les deux premiers genres étant assez prédominants, le djent, lui, souligne l’ensemble, apporte de la lourdeur et de la complexité tout en mettant en exergue les parties délicates. Les compositions sont très travaillées, il n’y a pas de doute sur leur référence à Pink Floyd, mais l’introduction de pop synthétique donne une dimension plus aérienne à leur musique que le groupe britannique. Entendons-nous bien, je ne parle pas ici d’une pop commerciale et sans saveur, mais bien de tout ce que la pop underground a de plus classieux et de plus pointu. Je pense notamment à Tears For Fears album "The Hurting", à Depeche Mode avec "Violator" etc. Concernant le chant, vous trouverez à peine quelques grognements sur les morceaux, la voix claire est de mise et très caractéristique du rock / pop rock (donc bien différente de celle que l’on retrouve dans les groupes qui opposent voix growlée / voix claire avec souvent un timbre strictement identique d’un groupe à l’autre, exemple Periphery, Veil Of Maya ou Heart Of A Coward. La liste est longue).

Depuis le premier titre "The Same War" jusqu’à "Inmazes" - petit bijou de créativité - qui clôture magnifiquement l’album, Vola nous transporte dans un voyage onirique, lumineux, poétique, mélancolique mais pourtant puissant, lourd et avec une rythmique implacable. Seule la ballade de rigueur "Emily" se rapproche pas mal de leur rock des débuts, avec cette voix profonde dont je parlais au début de la chronique et intervient comme un aparté au milieu de l’album. C’est d’ailleurs peut-être l’unique "faiblesse" de "Inmazes", s’il peut en exister.

Si vous aimez la grâce alliée à la puissance avec des groupes tels que Leprous, Caligula’s Horse, TesseracT, alors je ne peux que vous conseiller vivement de vous emplir les oreilles des mélopées d’"Inmazes". Le metal ne se résume plus uniquement à des groupes agressifs à l’univers sombre, ni a contrario à du hard FM aux mélodies fades et dégoulinantes de sentiments amoureux (oui je sais, je fais un grand raccourci !). Des groupes tels que Vola et ses compères du genre font évoluer la musique vers tout ce qu’elle a de plus créatif, en réussissant à amener de l’émotion pure sans tomber dans la niaiserie, et bon sang ça fait du bien quand les groupes puisent dans toutes les influences possibles et imaginables – quel que soit le genre musical.

Vous l’aurez compris pour moi ce premier album est brillant et inventif. Vola a un très bel avenir musical devant lui et il serait bien dommage de passer à côté. Par ailleurs, si vous avez l’occasion d’aller à l’Euroblast cette année, ceux-ci s’y produiront à nouveau. Et plus proche de nous, une tournée européenne avec Katatonia et Agent Fresco a été annoncée il y a quelques jours. Alors soyez curieux et laissez-vous séduire par ces talentueux Danois dont la musique est aussi profonde et poétique que la dramatique histoire de la Petite Sirène de Hans Andersen, immortalisée sur son rocher à Copenhague.


Miss Bungle
Août 2016


Conclusion
Le site officiel : www.volaband.com