Le groupe
Biographie :

Voivod est un grouppe de thrash metal progressif et de heavy metal québécois formé à Jonquière en 1982 et composé alors de Denis "Piggy" D'Amour (guitare), Michel "Away" Langevin (batterie), Denis "Snake" Bélanger (voix), Jean-Yves "Blacky" Thériault (basse). Le Voivod est un chevalier-vampire-androïde de l'ère postnucléaire. Inspiré d'une légende transylvanienne, cet antihéros est sorti tout droit de l'imaginaire de Away, le batteur, auteur et illustrateur du groupe. Le personnage Voivod évolue et se métamorphose d'un album à l'autre jusqu'à "Voivod" en 2003. La formation acquiert une réputation professionnelle avec l'album de Killing Technology, qui démontrait une plus grande maîtrise de leurs instruments. L'album "Nothingface" a connu un succès critique relatif, la chanson "Astronomy Domine", une reprise du groupe Pink Floyd, attirant un public plus large. Depuis la mort de Piggy, le groupe Voivod possède deux line-ups bien distincts : la formation studio, dont fait toujours partie Jason Newsted, et la formation live, au sein de laquelle Piggy est remplacé par Daniel Mongrain du groupe canadien Martyr. Jason Newsted, ne pouvant provisoirement pas assurer les tournées du groupe, est remplacé en concert par Jean-Yves "Blacky" Thériault, bassiste originel de Voivod. À partir de 2010, le groupe se met à écrire et enregistrer de toutes nouvelles chansons avec les membres Jean-Yes Thériault et Daniel Mongrain et sans Jason Newsted. Ce sont les premières chansons écrites du groupe depuis la mort de Denis d'Amour en 2005 vu que les albums "Katorz" et "Infini" ne contiennent que des chansons faites à partir des enregistrements de leur ancien guitariste légendaire. Voivod sort son treizième album studio, "Target Earth", le 22 Janvier 2013. Le 10 Juillet 2014, Blacky est annoncé une nouvelle fois hors du groupe, remplacé par Dominic "Rocky" Laroche. "The Wake" sort en Septembre 2018. Quatre ans plus tard, "Synchro Anarchy" sort en Février 2022.

Discographie :

1984 : "War And Pain"
1986 : "Rrröööaaarrr"
1987 : "Killing Technology"
1988 : "Dimension Hatröss"
1989 : "Nothingface"
1991 : "Angel Rat"
1993 : "The Outer Limits"
1995 : "Negatron"
1997 : "Phobos"
2003 : "Voivod"
2006 : "Katorz"
2009 : "Infini"
2011 : "Warriors Of Ice" (Live)
2013 : "Target Earth"
2018 : "The Wake"
2022 : "Synchro Anarchy"


Les chroniques


"Synchro Anarchy"
Note : 16/20

Nul n’est prophète en son pays. Je pourrais prêcher par chauvinisme que le meilleur de Voivod, puisqu’ils sont natifs de ma province, le Québec, au Canada et pourtant non, puisque malheureusement, et honte à moi, je ne les connais à peine. Imaginez, la seule chanson que je connaisse du groupe est "Astronomy Domine", et c’est une reprise de Pink Floyd. Je ne pourrais expliquer mon manque d’intérêt pour ce colossal groupe, dont l’impressionnante carrière couvre près de 40 ans d’existence ! Pour cette raison, je ne me permettrai pas de critiquer cet album en fonction de ceux du passé, mais bien seulement avec ce que celui-ci m’inspire.

Quinzième album de sa carrière donc pour cette formation thrash de renommée mondiale, avec encore en son sein deux des membres fondateurs du groupe, à savoir Michel Langevin à la batterie et Denis Bélanger au chant. Le groupe est complété par Daniel Mongrain (ex-membre fondateur de Martyr) et Dominique Laroche à la basse. Qui dit thrash metal sous-entend souvent Metallica et / ou Slayer, mais Voivod est dans une tout autre catégorie. En effet, leur musique m’a rappelé des formations du genre évoluant dans un registre plus technique, plus osé, comme Watchtower ou bien Mekong Delta. Je ne connais pas en profondeur le processus créatif de Voivod, mais clairement, il existe une facette technique dans leur musique, surtout au niveau des guitares, sans doute pas étranger au talent indéniable de Daniel Mongrain, celui-ci ayant déjà révolutionné le metal technique avec Martyr.

Bélanger au chant est un goût qui se cultive si vous voulez mon avis. Je ne pourrais vraiment dire si j’aime ou non son timbre de voix, tant il est difficile de le décrire. Disons qu’au final, celui-ci est plutôt théâtral dans son approche, et que cela sied parfaitement au genre que préconise Voivod. Au niveau de la section rythmique, Voivod ne pourrait atteindre un tel niveau de prouesse sans le jeu précis de Michel Langevin ainsi que la basse appuyée de Dominique Laroche. La production de l’album, somme toute assez industrielle, se veut tout de même précise et puissante.

Je mentionnais donc d’entrée de jeu que je ne connaissais pratiquement rien de la carrière de Voivod, cependant "Synchro Anarchy" m’a agréablement surpris et donné du même coup le goût d’explorer plus en profondeur l’œuvre du groupe.


Mathieu
Juillet 2022




"Target Earth"
Note : 15/20

J’ai l’impression que depuis quelques temps, les légendes se mettent toutes d’accord pour nous remettre une petite mandale bien placée comme Voivod vient de le faire avec "Target Earth". Formé en 1982 par Denis D’Amour (guitariste de 1981 à 2005, année de son décès) au Canada, il est rejoint par Away (batterie) et Blacky (basse) puis… se sépare car le seul vrai musicien était le guitariste. Mais cette séparation n’est que temporaire, puisque le groupe revient fin 1982 pour réellement prendre son envol avec l’arrivée du chanteur Snake en 1983 et enfin sortir sa première démo. Aujourd’hui, le groupe est toujours soudé autour d’Away et Snake (qui est tout de même parti de 1994 à 2002), mais compte également Chewy à la guitare et Rocky à la basse. Le quatorzième album vient de sortir, et si le thrash metal des débuts est bien loin, je vous assure que Voivod est une pointure du metal progressif, bien que je ne sois pas adepte du style !

On commence avec "Obsolete Being" et un son intersidéral qui nous fonce dessus pour finalement devenir une rythmique mi-énervée mi-aérienne avec une batterie très représentative du punk-hardcore, alors que le chanteur use de plusieurs effets pour un rendu assez… spécial. En tout cas, les musiciens sont doués dans ce qu’ils font et n’hésitent pas à abuser des changements de tempo. On reprend rapidement avec "The End Of Dormancy", un titre plus lent mais également plus majestueux, qui, de mon point de vue, correspond parfaitement à une marche solitaire ou à un discours militaire. Le ton du chanteur est également très intriguant, mais tout aussi hypnotique, et la combinaison avec cette basse qui se met seule en avant nous colle à notre casque. La guitare part d’un coup, se calme, repart… La folie s’empare littéralement des musiciens, alors que le titre cesse d’un coup de gong pour laisser la place à "Orb Confusion". A nouveau la rythmique, plutôt excitée de base, est prise d’un coup de boost pour laisser à chaque instrument le loisir de s’exprimer dans leur coin avant de se rejoindre, puis de partir dans un énorme solo. Le final est cependant un petit peu plus… mystique, voire inquiétant.

Déjà connu des amateurs du groupe, "Iconspiracy" est le titre le moins extravagant du groupe, qui caresse à nouveau quelques influences thrash metal, que le groupe avait délaissé depuis quelques années. Enfin quand je dis “thrash” et “moins extravagant”, c’est sans compter le passage qui mélange heavy, thrash, symphonique et prog en plein milieu, mais vous y êtes sans doute habitués. Nouvelle introduction intersidérale pour "Spherical Perspective" qui repart à des milliers de kilomètres d’un titre classique, mais qui est à mon avis un casse-tête rythmique pour les musiciens et une prouesse vocale pour le chanteur, tant ce titre est fou. Les harmoniques côtoient une basse qui doit probablement être utilisée à 80% de sa surface, alors que le chanteur utilise à nouveau quelques effets. Une fois ce titre achevé, on enchaîne avec "Event Horizon" qui… reprend exactement la même idée, mais avec des riffs encore plus criards, et je dois dire que j’ai du réécouter ce morceau trois fois avant de réellement cerner les enchaînements que le groupe a composés.

Vous en avez assez ? C’est dommage, parce qu’"Always Moving" est réellement motivante avec son contraste entre les passages énervés et les parties prog auxquelles sont ajoutés des effets à tout-va. Comme je l’ai dis, je ne suis absolument pas amateur de metal progressif, mais ce titre a tout de même… un certain charme. Par contre, je vous avoue avoir eu énormément de mal avec "Sonic Mycelium", qui dure plus de douze minutes. Même s’il ne prend pas réellement longtemps à démarrer, le titre a tendance à traîner en longueur (surtout sur ce “final”), et je me lasse finalement assez vite, mais je suppose que c’est ma réticence à ce style qui joue, lorsque je vois la durée moyenne des poids lourds du genre. En tout cas, les rythmiques syncopées et bourrées d’harmoniques sont au rendez-vous, ainsi que les parties lead de chaque instrument.

Je ne suis probablement pas le meilleur chroniqueur pour juger le travail de Voivod , mais je reconnais que malgré leur éloignement littéral à leur style de base, le groupe s’est forgé une nouvelle identité qui lui sied finalement à merveille, et qu’ils exploitent à fond sur "Target Earth". Leur concert parisien n’est que dans quelques jours à l’heure à laquelle j’écris cette chronique, et je sens que les amateurs du groupe seront ravis !


Matthieu
Octobre 2018




"Target Earth"
Note : 16/20

Voivod c'est ce groupe de metal si particulier qui nous vient tout droit du Québec. Pour ce 12ème album studio, c'est la première fois qu'il n'y aura pas les riffs de Denis "Piggy" D'Amour décédé en 2005. Sur "Katorz" et "Infiniti" sortis après sa mort, il y avait des enregistrements qu'il avait réalisés en studio. C'est donc un nouveau guitariste qui devra relever le défi de lui succéder. Un nouveau bassiste est aussi demandé puisque Jason "Jasonic" Newsted est lui parti vers d'autres aspirations musicales. Sacré challenge donc !

S'il y a un point sur lequel les Québecquois ne sont pas au top c'est bien les pochettes de leurs albums. Celle-là ne fait pas exception, elle ne va pas attirer les achats compulsifs lorsque l'on aperçoit cet artwork ! Mais bon heureusement ce n'est pas ça qui nous intéresse le plus, c'est ce qu'il y a à l'intérieur et là c'est beaucoup mieux !

Et on commence notre voyage à travers l'espace. Ce premier titre est déjà très bon, on retrouve là ce qui fait l'originalité et le talent de Voivod. Les rythmiques spatiales, la présence de la basse qui nous envoie dans les profondeurs et un refrain percutant, il n'en faut pas moins pour démarrer en trombe ! Avec "Klukap O'Kom", si la planète Terre semble être la destination, on se demande quel est le point de départ avec une telle intro. La suite continue de prouver qu'on a là du très grand Voivod, avec des titres comme notamment "Mechanical Mind" qui nous transporte vraiment sur une autre planète. A la batterie, Michel "Away" Langevin fournit un sacré travail avec tous ces changements de rythmes et d'ambiances.

Le chant est tantôt typé heavy, et plus loin lorgne le punk et dans les deux cas ça se passe très bien, ça ne paraît pas anormal sur les morceaux. Ce qui ajoute quand même une bonne dose de différences d'ambiances entre les morceaux justement très spatiaux et d'autres un peu plus terriens. Un titre en français, une première pour le groupe avec "Corps Étranger", toujours difficile à classer ce titre prouve qu'en anglais ou en français si la chanson est bien faite, peu importe la langue des paroles !

L'avantage d'écouter ce groupe c'est qu'on navigue entre plusieurs styles musicaux, même si c'est clairement du metal on remarque beaucoup de touches blues, jazz et autres qui donnent un caractère unique à chaque morceau. Le son est naturellement assez froid et très propre, un peu trop pour moi d'ailleurs mais ça colle parfaitement à l'entité qu'est Voivod. Donc là-dessus c'est totalement réussi !

C'est donc un très bon album que nous livre Voivod qui a su se renouveler tout en conservant les éléments qui font de Voivod un groupe à part. Les instruments sont toujours aussi bien maîtrisés donc pour les fans de musique un tant soit peu technique, vous pouvez y aller les yeux fermés, ceux qui préfèrent des choses plus simples, passez votre chemin. Même si on regrette le décès de Piggy, c'est bien la preuve que personne n'est irremplaçable et que Voivod a encore les moyens de continuer sur sa lancée !


Antoine
Février 2013




"Warriors Of Ice"
Note : 15/20

Le Canada ? C’est un juste un putain de pays conformiste qui est attaché jusqu’au cou avec leurs traditions et leurs revendications. Bref un pays qui s'en prend plein la gueule depuis des générations. Mais pas seulement, le Canada s’en prend plein la gueule musicalement aussi, et qui a vu naître des groupes pas tellement populaires, mais excellents (entre autres Anvil…). Mais j’ai assez parlé d’Anvil il y a deux semaines… ça va être au tour des freluquets de  Voivoid  qui sortent un album live enregistré le 12 Décembre 2009 au Club Soda de Montréal. Mais, on ne peut tout de même pas renier quelque chose, même si Anvil n’a pas tellement eu de succès, le groupe a acquis un statut de légende après la sortie du documentaire. Et Voivoid de son côté c’est un peu spécial… le groupe a réussi à se faire connaître et faire des tournées dans de bonnes conditions.

Mais arrêtons de les comparer, car ils sont loin de faire la même musique. Voivoid évolue dans un thrash metal "progressif" (Doux Jésus qu’est-ce que je peux détester ce terme), je ne vais pas vous faire une thèse sur le terme progressif qui revient désormais très souvent, mais bon c’est souvent les bassistes qui veulent ça, ils sont tellement frustrés à l’idée de changer un temps soit peu de tempo ou de rythme qu’ils veulent absolument coller cette étiquette (bon ok, j’avoue je suis musicien et c’est tellement facile de se foutre de leur gueule). Mais alors que vaut ce live ? C’est bien simple, c’est une heure et dix minutes de pure folie ! Le groupe nous offre une setlist de fou furieux ou vos cervicales vont prendre sa mère. On aura le droit à des titres de gros calibre et surtout d’une puissance et d’une énergie assez furieuse. "Voivoid", "The Prow", "Panorama", "Revenous Machine" sont des titres que vous pourrez retrouver et perdre de la matière grise en route, c’est un peu les risques du métier mais bon, je préfère vous mettre en garde avant de vous jeter dans la gueule du loup.

Mais on aura droit aussi à des titres comme "Tornado", "Nuclear War", "Brain Scan" qui sont tout simplement des tueries en live. C’est carré, crade, limite malsain, mais c’est ce qu’on aime. C’est un peu le bordel, il me manquerait presque des images de la fosse pour voir comment se débrouillent les Canadiens dans l’arène. De plus au niveau du mixage, ce n’est pas dégueulasse non plus, on sent bien la présence du live sans tout gâcher par des overdubs ou autre. Mais là où je leur tire mon chapeau, c’est pour le niveau des instruments, tout est au même niveau (mis à part la grosse caisse de la drum qui est plus mise en avant, question de choix je pense) mais on pourra entendre la fougue, et l’énervement de Blacky.

Enfin le groupe finira sur une reprise des Pink Floyd, qui n’est autre que le génial "Astronomy Domine" et qui se soldera par un bug de 6 minutes 30 pour ma part, totalement mystifié et clairement abasourdi par ce mélange sonore, tout en ayant un peu de nostalgie, car les Pink Flyod est un des premiers groupes qui m’a totalement mis sur le cul dès la première écoute. Je suis ravi, il n’y a pas d’autre mot pour décrire ce live mis à part qu’il faut se jeter dessus. Si vous ne connaissez pas Voivoid, ça sera un bon moyen de les connaître, et si vous connaissez vous savez qu’il ne vous reste qu’à passer par la caisse.


Motörbunny
Juin 2011


Conclusion
Le site officiel : www.voivod.com