"Suffer & Become"
Note : 19/20
Vitriol fête son retour en 2024. Après un excellent album en 2019 puis une réédition de leur
première démo, le groupe mené depuis 2013 (après une première vie sous le nom de
Those Who Lie Beneath) par Adam Roethlisberger (chant / basse) et Kyle Rasmussen
(chant / guitare), accompagnés par Matt Kilner (batterie, Gorgasm, Nithing) et Daniel
Martinez (guitare, ex-Atheist) dévoile "Suffer & Become", son deuxième album, chez Century
Media Records.
Stephen Ellis (Cybercrime, ex-I, Detest), ancien guitariste du groupe, a participé à
l’enregistrement de son instrument.
"Shame And Its Afterbirth", le premier titre, débute avec quelques notes inquiétantes, qui
s’intensifient en accueillant la déferlante de violence. Blast et riffs effrénés se drapent autant
de dissonance que de sonorités dévastatrices, tout comme les hurlements viscéraux qui
complètent cet ouragan de puissance brute mais extrêmement travaillée que l’on retrouve
dans les leads qui mènent à l’écrasante "The Flowers Of Sadism". L’approche change
légèrement, laissant le groupe explorer d’abord la lourdeur avant de nous déverser une
avalanche d’harmoniques cinglantes à toute vitesse, complétant parfaitement les parties
vocales massives avant que "Nursing From The Mother Wound" ne prenne la suite. Le titre
propose des sonorités perçantes qui s’allient naturellement aux vagues de rage et aux cris
sauvages, ajoutant cette touche dérangeante complémentaire à la violence avant de nous
dévoiler un rythme plus lancinant sur les premiers instants de "The Isolating Lie Of Learning
Another", avant de revenir aux éruptions old school puissantes, que ce soit au niveau des
riffs ou du chant. On notera quelques passages plus plaintifs mais tout aussi intenses avant
un final abrupt, puis c’est avec "Survivals Careening Inertia", un titre instrumental, que le
groupe s’essaye à la douceur, tout en la teintant de noirceur puis la laissant s’enflammer
grâce à un blast solide suivi de sa saturation infernale habituelle.
Les parties vocales
furieuses reviendront dans l’imposante "Weaponized Loss" qui place également quelques
orchestrations oppressantes pour accompagner ce raz-de-marée implacable de riffs
déchirants, qui se poursuit sur "Flood Of Predation" et sa rythmique inarrêtable. Le morceau
reste incroyablement constant du début à la fin, intégrant tout de même des claviers plus
majestueux ou un break étouffant avant le final qui nous propulse vers "Locked In Thine
Frothing Wisdom" dont la rythmique se montre toute aussi bestiale. Rien ne semble pouvoir
freiner les musiciens dans leur quête de violence sanguinaire qui se poursuit avec "I Am
Every Enemy" et ses harmoniques criardes que le groupe intègre à une base aussi pesante
que malsaine avant de refermer l’album grâce à "He Will Fight Savagely", dont le nom
évocateur ne me fera pas mentir tout en prouvant une fois de plus à quel point la maîtrise
des instruments est totale sur chaque aspect.
Le nom de Vitriol est depuis son précédent album associé à la plus pure sauvagerie, et
"Suffer & Become" ne peut que contribuer à cette réputation sanguinaire tant le groupe s’est
amélioré. L’année commence à peine, mais elle révèle déjà l’un de ses meilleurs albums de
death metal !
"To Bathe From The Throat Of Cowardice"
Note : 19/20
Amateurs de death metal, voici une offrande que vous n’êtes pas prêts d’oublier ! "To Bathe From The Throat Of Cowardice", le premier album de Vitriol , qui fait suite à un excellent EP
paru en 2017. Créé en 2013, la formation américaine menée par Adam Roethlisberger
(basse / chant), Kyle Rasmussen (guitare / chant) et Scott Walker (batterie) a peaufiné son
art afin de nous offrir dix compositions dans la plus pure tradition de la violence. Ils ont
également recruté Mike Ashton (guitare) et prévu de venir nous rendre visite en fin d’année
et l’an prochain…
On commence par "The Parting Of A Neck", un morceau dévoilé l’an passé qui avait déjà fait
sensation, et ce à juste titre ! En effet, c’est un death metal surpuissant, ultra rapide, plutôt
très technique et encadré par un rouleau de double pédale interrompu seulement par un
blast furieux qui s’abat sans crier gare. Les hurlements viscéraux de Kyle et Adam
s’enchaînent presque sans temps mort, et c’est déjà bien amochés que nous arrivons à
"Crowned In Retaliation". Et on constate avec plaisir que la même énergie est employée sur
ce titre, avec cependant une préférence pour les harmoniques vicieuses qui sévissent tout
au long de ce titre assez malsain. On continue avec "Legacy Of Contempt", un morceau qui va
enfoncer encore un peu plus le clou, mais qui prend le temps de ralentir pour un refrain
empli de noirceur, mais ô combien prenant !
"I Drown Nightly" prend la suite, et je commence à douter de l’humanité des membres
tellement les riffs sont rapides mais ils s’enchaînent pourtant à la perfection. La créativité
semble visiblement être leur point fort, puisque "The Rope Calls You Brother" suit, mais ne
ressemble en aucun cas à ses prédécesseurs, avec ces parties en tapping qui donne une
saveur particulière à la musique des Américains, sans jamais occulter la rythmique. Plutôt
long, ce titre prend le temps d’instaurer une impression malsaine avant de nous larguer
finalement sur "A Gentle Gift" et son sample introductif. A ces sonorités guerrières succèdent
des guitares hurlantes et une basse au son très mis en avant, et toujours cette mitrailleuse
en mode automatique niveau batterie. Ponctuée par des parties leads déchirantes, la
rythmique passe comme une lettre à la poste.
On ne change pas une équipe qui gagne avec "Violence, A Worthy Truth", qui met l’accent sur
la technique et sur sur un shredding incessant, tout comme la martiale "Victim" met l’accent
sur des riffs assomants mais prenants. Si vous n’avez pas déjà headbangué, je ne sais pas
ce qu’il vous faut, mais pour ma part il m’a été impossible de me retenir sous cette
avalanche de notes. Des sonorités dissonantes pour introduire "Hive Lungs", et on conserve
cette atmosphère dérangeante tout au long de cette tranche de violence qui alterne les deux
chants pour un rendu violent au possible, avec des parties leads acérées. Dernier morceau,
qui est également le plus long (et que ceux qui suivent le groupe depuis un moment
connaissent déjà en partie), "Pain Will Define Their Death" va nous emporter dans ce
tourbillon de fureur pendant plus de six minutes. Impossible de définir le nombre de frappes
ou de notes que le groupe a joué, mais je vous assure que malgré l’évidente technicité la
composition est loin d’être sans âme !
Pendant plus de quarante minutes, Vitriol n’a eu aucun temps mort, et c’est ce qui fait de "To Bathe From The Throat Of Cowardice" un excellent album. Quand la maîtrise rencontre la
fureur, le death metal des Américains se façonne avec une facilité effroyable. Pour ma part,
j’ai hâte de découvrir ces morceaux sur scène !
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