Vemod est la preuve qu'il ne faut jamais désespérer quand on attend un nouvel album de la part d'un groupe puisque "The Deepening" arrive douze ans après le premier méfait des Norvégiens ! Il ne faudra pas s'attendre à une énorme évolution pour autant puisque le groupe reste sur un black metal mélodique et atmosphérique qui prend le temps de développer ses ambiances sur de très longs morceaux.

Une bonne nouvelle puisque les bougres s'étaient montrés plutôt doués dans le genre sur "Venter På Stormene" même si certaines longueurs se faisaient parfois sentir. D'ailleurs, la durée des morceaux se fait tout aussi longue cette fois puisque ces derniers s'étalent de sept minutes pour le plus court à seize minutes pour le plus long. Ne vous attendez donc pas à des déferlements de brutalité et des blasts dans tous les sens, Vemod privilégie les ambiances et la petite introduction de rigueur installe déjà une certaine mélancolie voire même un soupçon de nostalgie. Même si le up-tempo se fait entendre sur "Der Guder Dør", ce n'est pas une impression de violence qui nous saisit mais bien la beauté des mélodies et des ambiances développées. On a même un petit côté Sólstafir avec ces arpèges en son clair qui appuient ce black metal très mélodique et atmosphérique. Encore une fois, le tempo est énergique sur ce premier morceau mais Vemod ne met pas la colère en avant, il déploie une fois de plus des ambiances empruntes de mélancolie et nous peint la nuit et le froid. Les plus bourrins en seront évidemment pour leurs frais mais ceux qui ont écouté le premier album sauront à quoi s'attendre puisque Vemod ne dévie pas de la voie qu'il s'y était tracé. On a quand même quelques petites sonorités supplémentaires, notamment cette incartade post-rock à la fin du morceau qui appuie encore ce sentiment de nostalgie et de contemplation. "True North Beckons" repart sur un mid-tempo plus froid pour démarrer et confirme comme son titre l'indique que c'est bien la glace qui va cette fois s'infiltrer dans nos enceintes. Quelques accélérations se font une place là aussi mais sans jamais laisser tomber ces mélodies de toute beauté qui nous dépeignent une fois de plus un paysage piégé sous la neige.

"Inn I Lysande Natt", morceau le plus court de l'album malgré près de sept minutes au compteur, va lui aussi explorer les terres du post-rock avec une fois de plus ces arpèges en son clair qui prennent une teinte toute sólstafirienne. C'est le principal apport qui différencie ce nouvel album de son prédécesseur, pour le reste on reste en terrain connu et Vemod a réussi à amener juste ce qu'il fallait de nouveauté pour ne pas donner l'impression de se répéter. Après une telle attente, cela aurait été fâcheux de ressortir exactement la même formule, la musique de groupe évolue doucement mais sûrement et donc naturellement. La mélancolie, la nostalgie et l'onirisme que l'on ressent dans les mélodies que déploie Vemod peuvent même rappeler Alcest ou le shoegaze en général. Là aussi, ce sont des sonorités nouvelles et que le premier album ne faisait pas encore entendre, ou en tout cas pas aussi clairement. Le morceau-titre qui clôt l'album les met d'ailleurs en avant et un chant clair s'impose sur ces seize minutes qui nous font plonger plus loin encore dans l'introspection et la contemplation. Il y a quelque chose d'hypnotique dans ce up-tempo qui tient la mesure pendant un bon moment, les mélodies nous saisissent et on sent que Vemod a gagné une maîtrise de son sujet pendant ces douze années de silence. Les répétitions et quelques passages à vide qui pouvaient affaiblir "Venter På Stormene" n'existent plus et malgré la longueur des morceaux, ces derniers vous saisissent et vous emmènent.

Vemod délivre donc un deuxième album proche de son prédécesseur tout en apportant suffisamment de nouveauté et de profondeur pour donner une épaisseur supplémentaire à ses ambiances. Des ambiances de toute beauté qui font mouche et touchent en plein cœur avec une puissance d'évocation assez impressionnante.