Le groupe
Biographie :

Urgehal est un groupe de black metal norvégien formé en 1992 à Hønefoss. À ses débuts en 1992, Urgehal était formé de Trondr Nefas, pseudonyme de Trond Bråthen, au chant et à la guitare, de Enzifer aussi connu sous le pseudonyme de Mr Triggerhappy Lepermessiah à la guitare et à la batterie, de Chiron aussi connu sous le pseudonyme de Ulv à la basse et d'Aradia au clavier. Ce-dernier quitta le groupe en 1995 suivi deux ans plus tard par Chiron. Uruz, pseudonyme de Jarle Byberg, rejoignit le groupe en 1998 pour jouer la batterie ce qui permit à Enzifer de se concentrer uniquement à la guitare. Uruz quitta le groupe en 2008. De plus, Shregoth, pseudonyme de Tomas Torgersbråten, a fait partie du groupe de 2003 à 2006 à la basse. Il fut remplacé par Mannevond, pseudonyme de Lloyd Hektoen, en 2007 en tant que bassiste de la formation. Renton, pseudonyme de Eirik Renton, est un membre de session de 2008 à 2010 à la batterie. Uruz rejoignit le groupe à nouveau en 2010. En 2012, le chanteur, guitariste et fondateur du groupe, Trondr Nefas, décéda.

Discographie :

1997 : "Arma Christi"
1998 : "Massive Terrestrial Strike"
2001 : "Atomkinder"
2003 : "Through Thick Fog Till Death"
2006 : "Goatcraft Torment"
2009 : "Ikonoklast"
2016 : "Aeons In Sodom"


Les chroniques


"Aeons In Sodom"
Note : 17/20

Il y a déjà 4 ans, Trondr Nefas, maître à penser d'Urgehal, nous quittait, laissant les amateurs de True Norwegian Black Metal orphelins... Pourtant, les membres restantd de la horde nordique ont décidé de sortir un tout dernier album, posthume, dont la moitié a été composée par Trondr Nefas lui-même avant sa mort, et l'autre par le second guitariste Enzifer !!! Ils ont même appelé leurs potes, des proches du défunt, pour s'occuper du chant bien sûr, mais aussi de quelques solos de guitare ou des paroles des morceaux, tout en essayant de respecter au mieux l'esprit d'Urgehal... Bref, "Aeons In Sodom" s'avère être un album au caractère unique et exceptionnel, histoire de montrer une dernière fois au monde entier tout le génie de Trondr Nefas !!! Pourtant, une angoisse vient me hanter... Cet opus on ne peut plus spécial sera-t-il à la hauteur du personnage ???

"Come on you fuckers ! Come on ! It's now or never ! Fuck you all ! We are Urgehal and we are here to fucking destroy you !"... C'est sûr ces mots de Trondr Nefas, tirés d'un des live du groupe et posés sur intro à l'ambiance oppressante et malsaine, que débute la cérémonie de ce "Aeons In Sodom" !!! Je crois qu'il n'y a rien à rajouter, alors place au premier morceau intitulé "The Iron Children"... Ici, c'est Nocturno Culto (Darkthrone, Sarke) qui s'occupe du chant, reconnaissable entre mille !!! Ce titre est plutôt mid-tempo, groovy, et lui convient parfaitement, mais il sait aussi être fougueux et tout ce qu'il y a de plus old school par moments... Voilà donc un morceau sacrément efficace qui saura vous replonger avec plaisir dans le black metal des années 90, mais avec un son actuel extrêmement bien travaillé : les guitares sont acérées au possible, la basse gronde et la batterie de Uruz agit sur l'auditeur comme une division de Panzers en train de charger !!! L'ambiance est glaciale, à l'image de ce solo de milieu de morceau, et le rythme, quant à lui, varie pour vous plonger tantôt dans une transe morbide, tantôt dans un état d'esprit guerrier prêt à tout détruire sur votre passage : magique, ou simplement, satanique !!!

On enchaîne avec "Blood Of The Legion" qui laissera cette fois Morten Shax, chanteur d'Endezzma, s'exprimer... Et autant le dire tout de suite, ce morceau n'est pas là pour faire dans la dentelle !!! Tout en brutalité et rapidité, ce titre est tout simplement imparable, aidé en cela par la guitare lead qui saura nous charmer par ses quelques mélodies lancinantes et d'une froideur implacable... Même le solo, exécuté de main de maître par le guitariste de Monumentomb, est un véritable joyau, apportant un peu de lumière dans ce monde de ténèbres !!! En tout cas, soyez prévenus, avec un tel déluge de sang et d'acier, vos cervicales ne résisteront pas, surtout sur le passage mid-tempo du milieu, glissant peu à peu vers un groove très addictif... "The Sulphour Black Haze" arrive maintenant et il n'est pas encore temps pour vous de se reposer !!! Ici, c'est Hoest (Taake) qui tient le micro, et on a affaire à un morceau plutôt basique au début, mais rapidement, ce dernier devient on ne peut plus torturé, quasi psychédélique avec l'arrivée du solo qui vous emmènera dans un univers de tourments incommensurables... Et oui, Urgehal sait aussi nous réserver quelques surprises plutôt agréables, ce qui s'avère être une attention tout à fait louable !!!

On poursuit avec "Lord Of Horns" où cette fois, Mannevond (Koldbrann) s'occupe du chant... Un morceau empli de fougue et de haine dont l'esprit guerrier saura conquérir votre cœur d'un coup de corne sans pareil !!! Ce coup-ci, le solo est envoyé par Malphas d'Endezzma et passe comme une balle dans une tête... Il est tellement rare d'entendre une telle violence dans le black metal d'aujourd'hui que ça en est véritablement jouissif !!! Sur "Norwegian Blood And Crystal Lakes", vous reconnaîtrez immédiatement Niklas Kvaforth (Shining) au poste de chanteur... Ce morceau prend alors forcément une dimension particulière, devenant très vite malsain et dérangé !!! Il faut dire que son rythme plutôt mid-tempo s'y prête à merveille... Cette fois-ci, votre âme est la cible et ce titre va faire mouche, soyez-en sûrs, d'autant que le petit lead mélodique du milieu viendra de manière insidieuse finir le travail commencé par Niklas : du grand art !!! Certes sombre, mais de l'art quand même, qui fait montre ici d'une grande maturité musicale et d'une intégrité sans faille... Urgehal est donc bien capable de transcender la démarche initiale qui pouvait sembler mercantile !!!

Place à "Thy Daemon Incarnate" où le micro est maintenant tenu par Sorath (Beastcraft, Vulture Lord)... Le morceau s'avère plutôt direct avec un main riff typiquement black metal, mais du genre qu'on n'a pas entendu depuis des lustres !!! Les guitares glaciales et affûtées vont droit au but et vous transperceront de toutes parts telle la lance supposée avoir tué le Christ... Mais malgré ce côté basique, Urgehal va nous sortir un bon vieux riff bien thrashy de derrière les fagots, histoire de vous faire tripper et de vous prouver qu'ils savent tout faire ou presque !!! Ou comment explorer toutes les facettes du black metal Norvégien... Sur "Endetid", vous reconnaîtrez sans difficulté Nattefrost (Carpathian Forest) !!! D'ailleurs, ce titre lui correspond parfaitement par son efficacité et son groove qui vous donneront envie de tout casser chez vous... Mais Urgehal sait aussi calmer le jeu avec ce petit passage murmuré et accompagné de jolis arpèges !!! Et tout en aérant ses morceaux, le groupe est capable de rebondir à l'image de cette fin épique et surprenante alors que le bridge précédent nous amenait sur une fausse piste : cette mélodie lancinante venant tout droit de l'Enfer vous hantera pendant des jours !!!

Le dernier véritable morceau s'intitule "Psychedelic Evil" et offre à Nag (Tsjuder) l'occasion de s'exprimer... Après le flamboyant titre précédent, il paraît un peu plus fade et moins inspiré, et ce malgré le solo de Diabolus (Vulture Lord) !!! Il faut dire qu'avec ce qu'on a eu entre les oreilles jusque là, on est en droit d'être exigent... Enfin, en y réfléchissant un peu, sur l'album d'un autre groupe, ce morceau pourrait être considéré comme génial, c'est certain !!! Donc au final, peut-être moins accrocheur, mais pas inintéressant pour autant... Je n'aurais peut-être tout simplement pas fini l'album là-dessus, malgré l'excellent final chaotique !!! Enfin, à dire vrai, l'album se termine véritablement sur "Woe", qui n'est pas un morceau à proprement parler mais plutôt une outro au clavier (orgue comme venant d'un vinyle ne tournant pas toujours à la bonne vitesse)... Sombre, d'une froideur qui vous glacera les os, mais aussi empreint de mélancolie tout autant que de dignité !!! Un peu plus de 2min30 en guise d'oraison funèbre témoignant d'un grand respect pour le regretté Trondr Nefas... La dernière note de cette outro marquera donc officiellement la fin d'Urgehal, nous laissant un goût amer dans la bouche !!!

Mais positivons un peu... Car il est tout simplement impossible de bouder son plaisir après une telle écoute !!! Le son est en tout point parfait, les morceaux sont de véritables cas d'école, variés, aérés, profonds, explorant à merveille tous les registres du black metal norvégien, et qui plus est, chaque guest tient son rôle avec force et sincérité : que demande le peuple ??? Chaque titre transpire le savoir-faire (ancestral ?), l'intégrité, le dévouement, ou tout simplement la foi, en un personnage, certes, mais aussi en une cause qui lui était chère... Toutes ces personnes se sont unies pour une dernière fois créer un monde de ténèbres comme peu de groupes savaient le faire, un monde de folie, de tourments, de violence et de haine !!! Et même si la fin de l'écoute est un peu plus amère, c'est surtout parce qu'on aurait aimé plus de morceaux, ou tout simplement savoir qu'on aurait droit à un formidable nouvel album dans quelques années... Mais cela n'arrivera pas !!! Trondr est mort... Vive Trondr !!!


Carcharoth
Mars 2016




"Ikonoklast"
Note : 14/20

"Ikonoklast", rien que le titre de cet album inspire, un terme que j'aime employer. Un iconoclaste est de notre temps une personne qui ne perpetue aucune tradition qui est contre les us et coutumes, une sorte de rebelle peut-être. L'ancienne signification était qu'il s'agissait d'une personne qui détruisait les images saintes au VIIIème siècle. Cette dernière définition est toujours d'actualité je trouve dans certains pays... Enfin c'est un autre débat. Ce titre en tous les cas est très bien choisi pour ce groupe Norvégien qui commence à être un vieux de la vieille. Même si Urgehal n'a pas eu le même succès que ses confrères d'Immortal, ou Emperor, peut-être sans doute dû à des signatures sur des labels non pas de moindre qualité musicale car No Colours à l'époque était une référence en terme de black metal malsain et vraiment sombre, mais plus underground ; il n'en reste pas moins un excellent groupe de ce style. C'est vrai qu'il s'agit ici de leur sixième album et la signature chez Season Of Mist devrait, je l'espère leur apporter plus de poids. Season qui se fait depuis quelques temps un catalogue de grosses pointures d'ailleurs... En tous les cas Urgehal n'a pas abandonné les corpses paint, la hargne et la rage qui a fait que le black metal s'est érigé en nouvelle vague musicale au début des années 90's, vague musicale à part entière.

J'en reviens au titre de cet album car paradoxalement au vrai iconoclaste, Urgehal perpetue une tradition musicale Norvegienne. Le black metal d'Urgehal n'as pas été atteint par les années, les Norvegiens proposent encore une musique froide, teintée d'ambiances malsaines et sinistres avec un chant grandement "evil". On retrouve au travers de ces neufs titres l'essence même du black metal du début des années 90's. On le voit d'abord par la pochette, un truc noir, sombre où on ne voit quasiment rien. Combien de pochettes d'albums sont sorties ressemblant à celle-ci dans le début et le milieu des années qui ont suivi. Dans des styles de black metal différents, mais les Darkthrone, les Falkenbach, les sorties No colours et la quasi totalité des albums de black metal avaient des pochettes similaires à celle-ci. Ensuite, musicalement , Urgehal nous rappelle cette grande époque, avec des rythmiques morbides, ces mid-tempos lugubres, Ce qui se différencie se sont les solo tels que sur "The Necessity Of Total Genocide", qui ont une tournure nettement plus death metal Floridien, voire limite thrash dans le feeling et qui du coup enlève un peu du black metal pour s'aventurer vers des intentions plus death. Les titres d'Urgehal ne débordent pas d'imagination c'est un fait, la régularité des rythmiques semblables à une marche funébro-militaire ne leur donne pas un statut avant-gardiste, c'est une recette classique, mais celles-ci sont remplies totalement d'efficacité. "Kniven Ridder Dypt I Natt" en est un parfait exemple. Ce morceau est bluffant de rage et d'impact. L'intérêt c'est qu'ils ne restent pas cantonnés à jouer un black metal juste rapide ou blasté, au contraire les variations de passages plus lents donnent énormément de profondeur à l'album et encore plus d'effet pervers. "Astral Projection To Rabid Hell" offre le meilleur d'un style qui a tendance à se perdre, un "evil black metal" comme on aimait l'écouter il y a quelques années et qui malheureusement n'arrive plus à véritablement ressortir à cause d'une évolution plus technique et moins proche des tripes. Le chant de Trondr Nefas vient se coller encore à merveille avec des hurlantes nocives, tandis que l'on profite de guitares accordées assez bas. Aucune mauvaise surprise sur cet album, un pur plaisir pour les amateurs de black metal Norvégien, une efficacité redoutable sans pour autant sortir des sentiers battus. Comme je le disais on surprendra quelques passages un peu plus death, mais dans l'ensemble ça reste noir.

Pour finir, je soulèverai la longueur de certains titres comme "Holocaust In Utopia" et son final magistral, qui dure plus de sept minutes ou encore "Sopor Nerosanctus" qui dépasse les neuf minutes. Mais ces longueurs ne jurent pas, les morceaux étant aérés grâce à l'alternance de ces passages ultras rapides et ces nuances plus tempérées. La fin du dernier morceau est également sympathique dans un trip "piano classique". Un bien bon album percutant...


Arch Gros Barbare
Novembre 2009


Conclusion
Le site officiel : www.urgehal.bandcamp.com