Le groupe
Biographie :

Urfaust est un groupe de black metal atomosphérique hollandais formé en 2003 et actuellement composé de : VRDRBR (batterie / Botulistum, Duivel, ex-Fluisterwoud, Grauwsaem, Ketter, ex-Grimm, ex-Heretic, ex-Herder, ex-Planet AIDS, ex-The Devil's Blood) et IX (guitare, chant / The Spirit Cabinet, ex-Gauhaert, Meth Assassin, ex-Grimm, ex-Zwartketterij). Urfaust sort son premier album, "Geist Ist Teufel", en Mai 2004 chez GoatowaRex, suivi de "Verräterischer, Nichtswürdiger Geist" en Mars 2005, de "Der Freiwillige Bettler" en Novembre 2010 chez Ván Records, de "Empty Space Meditation" en Octobre 2016, de "The Constellatory Practice" en Mai 2018, et de "Teufelsgeist" en Novembre 2020.

Discographie :

2004 : "Geist Ist Teufel"
2005 : "Verräterischer, Nichtswürdiger Geist"
2008 : "Drei Rituale Jenseits Ses Kosmos" (EP)
2009 : "Einsiedler" (EP)
2010 : "Der Freiwillige Bettler"
2015 : "Apparitions" (EP)
2016 : "Empty Space Meditation"
2018 : "The Constellatory Practice"
2020 : "Teufelsgeist"


La chronique


2020 a peut-être été une année compliquée, mais tout n’a pas été noir durant ces douze longs mois, notamment du côté de la musique et surtout du black metal / ambient car cela a été marqué par le nouvel album d’Urfaust. Le désormais incontournable duo allemand nous délivre une fois de plus un album qui nous sort très loin de notre zone de confort habituelle dans le black metal sans pour autant totalement en casser les codes. Ajoutant une bonne dose d’occultisme et d’ambiances très méditatives à sa musique, le duo s’est toujours démarqué par sa capacité à innover au fil du temps et à travers ses album. Récit d’un voyage à travers le monde et l’esprit.

L’ambiance globale de cet album se veut très méditative, mais dans un sens presque exorciste. Si l’on ressent définitivement à travers le chant, et notamment le fameux "throat singing" présent dans "Het Godverlaten Leprosarium", toute la dimension incantatoire et spirituelle, les ambiances extrêmement épaisses et poisseuses laissent entrevoir les mauvais esprits qui pèsent sur cette musique. Pour définir correctement ce que va présenter cette œuvre, c’est par "Bloedsacrament Voor De Geestenzieners" qu’il vaut mieux commencer, en effet, ce morceau nous propose des ambiances très sombres et menaçantes, accompagnées par des instruments délivrant des mélodies lentes et insidieuses. On a affaire au mélange d’un chant clair beaucoup moins radieux que dans le morceau précédent qui, cette fois, semble faire appel à de mauvais esprits, ce chant va même se muer en un chant rauque et éraillé plus typique du black metal traditionnel, se mêlant ainsi plus aux ambiances très doom que présentent les instruments. Le morceau précédemment cité fait directement écho à "De Filosofie Van Een Gedesillusioneerde" qui, s’il s’inscrit dans la même ligne sonore, est beaucoup plus chaotique dans la composition et nous présente des riffs abrasifs appuyés par une batterie plus lente mais loin d’être en retrait. L’ambiance se fait plus oppressante et épaisse et l’absence de chant réhausse cette obscurité latente qui pèse sur le morceau, ont aura pour seules paroles des mots issus d’un sample lointain qui accroît ce sentiment d’errance dans des limbes épaisses et morbides.

En plein milieu de l’album, on a "Van Alcoholische Verbittering Naar Religieuze Cult" qui se pose comme un véritable interlude au sein de l’album. Se présentant comme le seul morceau ambient de ce dernier, il propose des sonorités très minimaliste, qui se fonde totalement dans le vide, aussitôt apparues aussitôt disparues. Ce morceau représente une certaine césure au sein de l’album et finit d’induire la symétrie qui le caractérise en se plaçant comme l’élément central qui la détermine.

L’album s’ouvre sur un premier morceau très long, une dizaine de minutes, ce qui peut être handicapant pour un morceau d’ouverture s’il ne sait pas trop où il se dirige et qu’il ne possède aucune vraie ligne directrice. C’est loin d’être le cas ici, "Offerschaal Der Astrologische Mengvormen" nous plonge dans des sonorités atmosphériques, féériques et merveilleuses, se répétant sans cesse telle une mélodie entêtante dont on ne peut se défaire, mais en ajoutant à chaque fois un nouvel élément, rendant le moment à chaque fois plus fort. Le morceau est très troublant car dès le début on a la sensation d’avoir un morceau qui pourrait totalement faire figure d’épilogue d’un album et c’est pourquoi il est traité en dernier ici. Le chant qui vient l’étoffer, vers la moitié de la durée du morceau, vient ajouter à l’impression grandiose, en se présentant comme un chant clair très majestueux, cosmique, qui nous présente la grandeur de ce qui se dévoile à nous. On s’ouvre ainsi à une contemplation dont on ne peut se défaire, ensorcelé par cette mélodie qui se répète sans cesse, comme une spirale infernale dont on ne veut pas se défaire. Ce morceau à lui seul commence et termine la symétrie induite par l’album, lançant un appel et répondant à la fois au morceau qui vient clore l’album, en présentant des intentions totalement opposées.

Le duo allemand réussit donc, une fois de plus, à nous proposer un album surprenant tant dans sa forme que dans ce qu’il propose. Se présentant avec une symétrie subtile, chaque morceau semble faire écho à un autre à travers ce qu’il propose sans le faire en reprenant les mêmes thèmes et sonorités, ce n’est pas le cas du morceau central de l’album c’est car ce dernier vient marquer cette symétrie et se répond à lui-même en la marquant en son sein à travers les sonorités qui se présentent et s’évanouissent aussitôt. C’est une fois de plus un ovni de la scène mais également un pari largement payant de la part d’un groupe dont on ne sait pas à quoi s’attendre mais qu’on retrouve avec plaisir à chaque album.


Praseodymium
Mars 2021


Conclusion
Note : 18/20

Le site officiel : www.facebook.com/urfaustofficial