Unmerciful s’enfonce dans les ténèbres. Avec ce quatrième album, nommé "Devouring Darkness" et qui sort à nouveau chez Willowtip Records, Clint Appelhanz (guitare/basse, ex-Origin), Jeremy Turner (guitare / basse, ex-Origin) et Trynt Kelly (batterie, Marasmus) nous présentent leur nouveau chanteur, Josh Riley (Kohnerah).

On débute dans la brutalité assumée de "Miracle In Fire", composition très rapide et épaisse qui laisse les musiciens placer des touches plus complexes pendant que Josh nous montre qu’il est véritablement l’homme de la situation avec des vociférations puissantes et variées. Rien ne semble pouvoir arrêter la rythmique qui finira par céder sa place à "Unnatural Ferocity" où les patterns saccadés sont de sortie pour accentuer l’intensité des riffs et du blast, mais certains moments s’autorisent également un groove écrasant avant de laisser "Malice Unbound" nous dévoiler ses racines old school. Si le morceau ralentit, ce n’est que pour reprendre de plus belle en nous menant dans la violence jusqu’à "Devouring Darkness", longue composition éponyme où la dissonance nous frappe d’abord, teintant jusqu’à la moelle son identité et ses riffs. Le solo final débouche sur "Relentless Malevolence" qui revient à l’essentiel de la rage avec un riffing saccadé digne des plus grands et une force de frappe ravageuse, mais également ce break pachydermique qui ne me laisse pas indifférent.

Le groupe décide de se pencher un peu sur son passé en reprenant "Vomit You Out", composition d’Origin (groupe auquel deux membres ont donc appartenu) sortie sur l’album éponyme, et qui correspond trait pour trait à l’identité musicale d’Unmerciful. La double pédale reste seule pour nous ouvrir la voie vers "Infernal Conquering" où les musiciens vont sans surprise rester dans cette approche grasse et intransigeante tout en multipliant les hurlements caverneux, mais également quelques coups d’harmoniques perçants. On accélère pour "The Reaping" tout en conservant les éléments précédents et en y ajoutant des passages saccadés qui nous martèlent, puis on approche de la fin de l’album avec "Voracious Lunacy" qui nous piétine sans ménagement à son tour. Le titre passe comme un véritable coup de poing en pleine face, se brisant puis reprenant plus fort encore, puis "Vengence Transcending" vient clore cet opus grâce à sa rythmique épaisse qui n’est qu’une raison de plus pour secouer le crâne en rythme et assouvir ses désirs de violence.

La passation vocale est effectuée sans mal avec "Devouring Darkness" qui s’inscrit parfaitement dans la lignée des albums d’Unmerciful. De la brutalité pure saupoudrée d’une grosse touche de technicité, c’est tout ce qu’on aime !

Le brutal death metal est un genre qui ne laisse personne de marbre, s’il est assez difficile d’accès aux premiers abords par le peu de mélodie et le blast quasi incessant qui le définissent, c’est un genre pourtant très appréciable à travers sa dimension très cathartique, une libération des mauvaises pulsions à travers toute la brutalité qu’il peut dégager. En cela, les Etats-Unis sont un des plus grand fournisseurs de brutal death metal, on retrouve notamment les légendaires mastodontes de Suffocation qui apporte beaucoup de technique dans le genre mais on a également des groupes qui font encore moins dans la dentelle comme Unmerciful, qui ont sorti cette année leur troisième album : "Wrath Encompassed", véritable condensé de pure brutalité, l’album qui dure un peu plus d’une demi-heure, ne nous laissera jamais de répit, pas de place ici pour des intros grandioses, de belles mélodies, ou des démonstrations de virtuosité, tout est misé sur l’efficacité et la rapidité, ce qui est loin d’être déplaisant.

Il est intéressant de souligner la présence d’une certaine dualité dans cet album au niveau du chant, on a d’une part certains morceaux qui proposent une alternance entre deux chants, un chant guttural très étouffé et un autre plus écorché, moins lourd, les deux servant différents types d’agressivité, formant une sorte de dialogue brutal et particulièrement efficace, on retrouve ce procédé dans le premier morceau de l’album, "The Incineration", d’autre part on a des morceaux qui présentent une structure différente, mettant toujours en présence ces deux chants, mais cette fois-ci, ces derniers sont superposés, donnant ainsi un double effet et mettant en valeur certaines lignes de paroles, souvent appuyées par un blast plus intense ou un rythme plus soutenu, ce procédé intensifie l’effet de lourdeur qui se dégage des morceaux, on le ressent particulièrement dans "Predator To Prey" et "Inexorable Decay". Cependant, ces structures de morceaux ont tendance à s’effacer dans la seconde moitié de l’album pour laisser une seule place au chant guttural et étouffé.

Il est également important de remarquer le rythme imposé dans l’album, celui-ci étant assez linéaire avec peu de variations d’un morceau à l’autre, ainsi on remarque un chant assez saccadé, les lignes de paroles imposant un rythme à la batterie qui suit sans aucun faux pas, les patterns étant plus ou moins rapides seulement lors de l’absence de chant. La batterie, justement est particulièrement mise en avant dans cet album, par un mixage qui lui accorde une place importante, elle éclipse bien souvent les riffs qui n’en deviennent pas pour autant illisibles mais passent au second plan et servent seulement comme soutien, ces derniers étant souvent des riffs lourds, abrasifs et efficaces, la guitare n’est cependant pas sans cesse reléguée au second plan, en effet plusieurs morceaux comportent un solo qui démontre que le guitariste est loin d’être un simple figurant, ces derniers sont assez techniques et apportent une touche assez old school qui est loin d’être déplaisante, notamment dans les solos de "Wrath Encompassed" ou "The Stench Of Fear". On remarquera également quelques ponts pendant lesquels la guitare sera un peu plus mise en avant dans le mixage afin de donner du relief au morceau ce qui est particulièrement mis en valeur dans "Carnage Unleashed" et "Obvious Descent".

Les Américains d'Unmerciful nous proposent donc là un troisième album brutal et intense, sans concessions, les riffs abrasifs et le blast incessant servent le rythme très saccadé imposé par le chant guttural étouffé présent tout au long de l’album, ce dernier étant parfois appuyé par un chant plus écorché, s’inscrivant plus dans la lignée d’un Hate Eternal que d’un Suffocation, recherchant l’efficacité plus que la technique, cet album se révèle être réellement agréable et passe très rapidement, on regrettera seulement une deuxième moitié un peu moins innovante que la première donnant une sensation de déséquilibre dans l’album, qui aurait été atténuée si les morceaux avaient été ordonnés différemment, ceci n’enlève rien à l’indéniable qualité de l’album qui reste globalement dans le haut du panier de ce qui peut nous être proposé en termes de brutal death metal.