Le groupe
Biographie :

Ungfell est un groupe de black / folk metal suisse formé en 2014 et actuellement composé de : Menetekel (chant, guitare, basse, accordéon / Arkhaaik, Ateiggär, Kvelgeyst, Lykhaeon, Wyrgher) et Vâlant (batterie / Arkhaaik, Ateiggär, Knüppelknecht, Kvelgeyst). Ungfell sort son premier album, "Tôtbringære", en autoproduction en Février 2017, suivi de "Mythen, Mären, Pestilenz" en Mars 2018 chez Eisenwald, et de "Es Grauet" en Avril 2021.

Discographie :

2017 : "Tôtbringære"
2018 : "Mythen, Mären, Pestilenz"
2021 : "Es Grauet"


La chronique


2021 aura marqué le retour des Suisses d’Ungfell, ces derniers nous proposant un black metal teinté de folk et souvent très mélodique reviennent avec l’album "Es Grauet". Et ce dernier n’attend pas pour nous servir ses meilleures mélodies et nous sert dès "Es Grauet Uberm Dorf", le morceau qui sert d’introduction, une avalanche de riffs mélodiques supportés par un blast incessant.

C’est à partir de "Tyfles Antlitz" que l’on rentre réellement dans l’album, et c’est directement dans ce morceau que l’on comprend tout ce qui va constituer la qualité des morceaux qui le parcourent, des mélodies rapides et entraînantes délivrées sous une avalanche de blast et accompagnées d’un chant très rapide mais lui aussi clairement entraînant. Ici, nous sommes loin du black metal sombre et torturé, dans cet album, la violence sombre est dansante, se confondant à des démons nous entourant rapidement et nous donnant le tournis par leur vitesse, c’est ce qui fait toute la puissance des ambiances folk qui viennent enrichir l’album, ces dernières étant notamment souvent parcourues de plusieurs chants qui se superposent comme on peut l’entendre dans "Mord Im Tobel" et qui donne cette impression de pluralité qui va ajouter une réelle sensation d’être entouré par tous ces démons. S’il est en effet question de potentiels démons qui viennent parcourir l’album et qui constituent toute l’essence du black metal, il semblerait que ces derniers ne soient pas spécialement violents et présents pour tourmenter comme c’est le cas dans la plupart des productions, on y verrait ici plutôt des démons farceurs, des sorte de korrigans, mis en relief par ces ambiances très dansantes ainsi que quelques samples que l’on croirait tout droit sortis de dessins animés comme notamment le morceau "Stossgebätt" qui cristallise réellement tout cela.

L’album se verra également parcouru de passages plus calmes, notamment à travers le morceau "D Schwarzamslä" qui se présente comme un interlude entre deux morceaux et vient introduire un violon qui se traîne lentement, nous emportant dans une douce mélancolie qui va rapidement être amplifiée par le riff d’introduction très typiquement black metal du morceau suivant. On retrouvera le même schéma au sein du morceau "S Chnochelied" qui va nous présenter vers le milieu un passage acoustique très calme et lent avant d’embrayer directement et sans concession sur un riff purement black metal sans nous laisser le temps de respirer. L’introduction d’instruments comme la guitare sèche ou le violon, parfois accompagnés de samples de bruits d’animaux et de vie urbaine médiévale, participe grandement à mettre en place l’essence très folk de l’album en plus de ce qui a été mentionné précédemment. C’est ainsi assez joyeusement que ce black metal est déclamé, à travers des chants divers et variés notamment.

Et ces chants, il convient d’en parler. Si dans la majorité de l’album on aura affaire à un chant éraillé, souvent rapide, comme martelé pour donner cette sensation de désorientation face à une procession complètement folle et bien trop rapide, on trouvera également un chant parfois un petit peu plus lent semblant faire office d’introduction pour plusieurs autres démons. Enfin, on aura également un chant clair empruntant clairement au grandiose semblant presque faire office de présentateur des festivités qui s’annoncent, que l’on retrouve notamment dans le morceau "S Chnochelied".

C’est ainsi qu’Ungfell nous livre un black metal aux riffs typiques du genre, mais réussit à y induire des ambiances folk très dansantes à force de rythmes et de chants très variés. L’album se posant comme un véritable rendez-vous de démons du folklore suisse qu’ils dépeignent, ce dernier n’est pas sans rappeler des groupes comme Pensées Nocturnes et son "Grand Guignol Orchestra" dans ses concepts très originaux et leur façon très personnelle de produire un black metal ultra aliéné mais qui sait cependant reprendre tous les codes du genre pour mieux les tordre et nous servir ce genre de production qu’il est bon de retrouver pour sortir un peu des codes ordinaires tourmentés et tristes du genre. En puisant dans le folk sans pour autant tomber dans les travers ennuyeux qui se profilent lorsque ce genre s’en mêlent, les Suisses montrent à nouveau qu’ils savent parfaitement ce qu’ils font et qu’ils en ont une complète maîtrise.


Praseodymium
Juillet 2022


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/ungfell