Fondé en 2009 par quatre Turinois fondus de thrash legends, Ultra-Violence sort un premier EP "Wildcrash", très remarqué, surtout dans le milieu underground, avant de récidiver avec un full length l’année suivante : un skeud devenu en peu de temps la référence du renouveau thrash pour les puristes d’un genre qui peine à se renouveler. Adoubé par la critique comme l’un des meilleurs albums thrash de 2013, "Privilege To Overcome" permit au quator de partager la scène avec Jester Beast, M:Pire Of Evil ou encore Necrodeath, puis d’entamer une tournée en Espagne avant le fameux European Hazard Tour (accompagné de Condition Critical et Game Over). Une sur-activité qui a sans doute permis au très jeune combo de mûrir plus vite et de nous offrir ce "Deflect The Flow", second album qui fera date.

A la première écoute, il est très difficile de croire que cette formation transalpine n’a que six années d’existence, tant le son proposé donne l’impression d’écouter des doyens du genre. Avec ses compos structurellement évolutives, cette dualité double caisse blast massifs / riffs heavy très travaillés procure une massivité étonnamment groovy, une constante que l’on retrouvera sur plusieurs titres dont un "Burning Through The Scars", titre d’ouverture de 6 minutes, en mode bulldozer et qui annonce clairement plusieurs palettes de couleurs. On pense immédiatement à un croisement entre Kreator et Exodus. En témoigne le second titre "Why So Serious", plus catchy dans le chant (plus core voire crossover que thrash sur le fond), des solos heavy proches du Big Teutonic 4, un ensemble varié et jamais linéaire, une qualité évidente pour un titre qui atteint les 6min38. Une récurrence sur "Gavel’s Bang" et son intro aux riffs palliatifs et pêchus, un mid tempo contrastant avec le tonitruant "Lost In Decay", un titre faisant parfois penser au Municipal Waste de "The Art Of Partying" mais en plus violent. La faute à une basse omniprésente et c’est tant mieux pour nous. "In The Name Of Your God" propose une autre facette narrative sur un ton très martial aux relents black old school agrémenté d’un solo acoustique à mi-compo, qui contraste avec "A Second Birth" qui constitue le petit interlude acoustique aux antipodes du genre, concept appartenant au heavy old school et remis au goût du jour depuis quelques temps. "The Checkered Sun" offre des blasts soutenus tout au long du titre, des solos de riffs agressifs et travaillés, une patine death alors que se profile une reprise particulièrement attractive, le "Don’t Burn The Witch" de Venom. Un choix surprenant vu la moyenne d’âge du combo mais ô combien respectable. "The Way I’ll Stay" propose un thrash plus moderne à base de breaks et de riffs énervés, idéal pour le déboîtage de nuque, un titre taillé pour le live. "Fractal Dimension" conclue sur une note plus granuleuse dans la voix et de longs solos clairement heavy.

Au final, un album de thrash traditionnel à la fougue ultra moderne et bénéficiant d'une architecture imprévisible et d’une recherche sonore permanente. Révélation pour certains, confirmation pour d’autres, mais à l’unanimité un album tout simplement énorme.