Premier album pour ce groupe formé par des ex membres de Tsjuder (Draugluin - guitares, chant et Antichristian - batterie) et 1349 (Seidemann - basse). Formé en 2002 et servant à la base de projet solo à Draugluin, Tyrann est devenu un groupe à part entière après le split de Tsjuder. Et voilà "Shadows Of Leng" qui débarque avec ses gros sabots et sa queue fourchue. Alors forcément avec un line-up pareil il ne faut pas s'attendre à du bal musette, non ici on est bien en présence de pur black metal dans la bonne vieille tradition avec des influences bien thrashy comme il faut. Vous ne trouverez pas de claviers, de chant féminin et autres arrangements orchestraux là dedans, ici c'est du brut de décoffrage. Les amateurs de crasse seront aux anges, euh aux démons pardon, et les fidèles de Tsjuder devraient y retrouver leurs petits sans trop de problèmes. Mais qu'on ne se méprenne pas, nous n'avons pas affaire à une copie carbone, Tyrann se montre moins frontal, plus vicieux. Au moment où on se dit que les blasts vont peut être lasser au bout d'un moment, ni vu ni connu ça lève le pied et ça installe une ambiance de fond de caveau l'air de rien. Et histoire que personne ne s'endorme ça enchaine sur un riff headbangant en diable qui te décornerait un buffle à 400 mètres. La durée des morceaux aussi a tendance à varier, on passe des 2:59 minutes du premier titre aux 11 minutes du dernier sans toutefois que l'ennui ne pointe le bout de ses cornes. Ce fameux dernier titre d'ailleurs est assez énorme, et pas uniquement à cause de sa durée. Il arrive à installer une ambiance délétère du début à la fin et conclut l'album sur une touche bien glauque qui a un sale goût de reviens-y. Sans oublier bien sûr de délivrer son quota de blasts et de riffs assassins, vraiment une belle pièce. Tout ça n'est certes pas spécialement novateur mais extrêmement efficace, et ma foi c'est tout ce qu'on leur demande. D'ailleurs avec certains riffs je suis prêt à parier qu'il y a une paire de cervicales qui vont se perdre en cours de route, et des crinières qui vont voler au vent. Il y a même quelques soli bien destroy comme il faut disséminés dans quelques morceaux, là aussi l'héritage du thrash à n'en pas douter. Et à entendre tout ça on se dit que ça doit faire pas mal de dégats en live, encore un coup à ramasser les blessés dans le pit à la fin du concert. En bref du très bon black sans fioritures donc qui satisfera sans peine les amateurs du genre et qui en rebutera toujours autant les réfractaires. Pas de compromis chez Tyrann, 45 minutes de black pur sucre et ça fait du bien là où ça fait mal comme dirait l'autre. Et pour ne rien gâcher ce combo ne se contente pas d'être un paliatif à Tsjuder, il nous propose sa propre personnalité et laisse à penser qu'il est capable de nous offrir de bien belles choses (oups encore pardon) au cours de sa carrière que j'espère plus longue que celle de son ancêtre.