Nos cousins québécois ne cesseront donc jamais de m’étonner ! Les amateurs de folk metal vont pouvoir goûter à d’autres saveurs que celles dont ils sont déjà habitués. Trobar prend le risque de faire un album chanté en français. Est-ce un risque ou une bonne alternative au moment où pullulent les groupes de folk metal ? Je serais plutôt pour la seconde option, car le chant français ne dénature pas le moins du monde avec ce type de musique, comme avec n’importe quel autre style de toute façon. Arborant une superbe pochette, Trobar et son "Charivari" se place en excellent outsider face aux mastodontes que sont Eluveitie et Ensiferum. Musicalement, les éléments prog sont les bienvenus et apportent une touche décisive à l'album.

Trobar fait de la musique de pirates et ils sont là pour nous détrousser dans la joie et la bonne humeur, alors je tiens à prévenir ceux qui sont affalés sur une table après une fête bien arrosée, que leurs bourses risquent d’être vidées, et ce, bien avant leur réveil cotonneux. M’en fous, moi je bois pas d’alcool, alors qu’ils y viennent me tripoter la bourse !! Trobar, c’est une musique gorgée d’arrangements superbes (flûte, guitare sèche et claviers...) qui nous emporte vers des cieux qui ont existé il y a un paquet d’années. Un morceau comme "Le Sacrifice" qui mélange un chant masculin et féminin m’a littéralement arraché de mon siège pour me faire vivre l’aventure racontée. Je me suis retrouvé dans une vieille maison moyenâgeuse sur une couche miteuse et noircie par l’humidité. Excellent morceau, passionnant à écouter. Le chant est extrêmement varié, le chanteur alterne un chant black metal, grave, clair, ou grivois, chaque ligne de chant est parfaitement étudiée afin de nous plonger dans la compo de façon douceureuse car l’album nous fait vivre quelque chose d’assez indescriptible. Pour ma part, je le prends comme une épopée, voire comme un livre ressurgi du passé pour nous être conté par Trobar. J’ai oublié de parler de l’intro qui, en un mot, est incroyable et pourrait très bien se trouver dans un film de genre. En general je ne suis pas, mais alors pas du tout, album festif car je suis un être déprimé, ruminant ses envies de meurtre à longueur de journée... Ne partez pas, c’est une blagounette. Sérieusement, le festif et moi ça fait deux, voire trois, cependant tous les morceaux ne sont pas "festifs" heureusement, et ce qui sauve Trobar de mes foudres c’est le chant français et les multiples influences que je trouve dans chacun des morceaux comme dans "Tyran", d’où ressort une ambiance orientale et qui fait la part belle au bassiste. Une compo grandiose, une fois de plus passionnante. "Dans Un Autre Monde" est un instrumental assez éloigné du meal à proprement parler, et qui, ceci dit, a retenu toute mon attention avec la douceur qui émane du titre. Mélodiquement c’est de toute beauté. Je croirais entendre du Lorenna McKennitt parfois (et Dieu sait que je voue un culte sans faille à cette chanteuse). Le groupe m’a été présenté comme ayant eu beaucoup de bons retours, je confirme derechef que la qualité de la galette frise l’insolence tellement ces jeunes musiciens ont le talent de composer des morceaux qui kidnappent l’auditeur afin de lui faire vivre cette épopée dans l’ancien temps : "Noctambule" où l’on retrouve le sublime chant féminin entrelacé avec celui du chanteur.

L’album derechef est un album d’exception dans le genre, les multiples niveaux d’écoute ainsi que les multiples influences qui viennent se greffer aux compos rendent chaque titres unique. Les points forts sont innombrables, chacun en trouvera de son côté en écoutant l’album et pour se faire, il suffit de l’acheter, de le voler (c’est moins conseillé quand même), de le mendier auprès du groupe ! Bref, bande de misérables laqués, un nouveau roi est en train d’opérer une percée décisive vers le sommet du folk metal pour y détrôner ses pères. Trobar a osé, ils sont venus et ont vaincu.