Le groupe
Biographie :

Fondé en 2000 en Floride, Trivium est classé comme un groupe de metalcore (même si cette étiquette qu’on leur a collé ne leur plaît pas trop), il serait aujourd’hui dans une catégorie plus thrash metal. Composé de Matt K. Heafy au chant et à la guitare, Corey Beaulieu à la guitare, Paolo Gregoletto à la basse et Nick Augusto à la batterie, ils sortiront leur premier album "Ember To Inferno" en 2003. En 2005, ils signeront chez Roadrunner pour leur second album "Ascendancy", album à partir duquel ils participeront à l’Ozzfest 2005 et entameront une tournée auprès de Children Of Bodom. En 2006, sortira leur troisième album "The Crusade" plus thrash et bien plus controversé de par ses influences tirées de Metallica avant de sortir "Shogun" en 2008. Ils sont de retour en 2011 avec un nouveau line-up (départ de Travis Smith remplacé par Nick Augusto), pour leur cinquième album "In Waves". Le groupe sort son sixième album, "Vengeance Falls", le 15 Octobre 2013. En Mai 2014, le groupe annonce qu'il se sépare de Nick Augusto, son batteur depuis Février 2010, remplacé par Mat Madiro, puis par Paul Wandtke. "Silence In The Snow" sort le 2 Octobre 2015. Début 2017, le groupe annonce le départ de Paul Wandtke, remplacé par Alex Bent. "The Sin And The Sentence" sort le 20 Octobre 2017. L'album "What The Dead Man Say" sort en Avril 2020. L'année suivante, "In The Court Of The Dragon" sort en Octobre 2021.

Discographie :

2003 : "Ember To Inferno"
2005 : "Ascendancy"
2006 : "The Crusade"
2008 : "Shogun"
2011 : "In Waves"
2013 : "Vengeance Falls"
2015 : "Silence In The Snow"
2017 : "The Sin And The Sentence"
2020 : "What The Dead Men Say"
2021 : "In The Court Of The Dragon"


Les chroniques


"In The Court Of The Dragon"
Note : 19/20

Trivium ne se repose jamais. A peine plus d’un an après leur dernier album, Matt Heafy (chant / guitare), Corey Beaulieu (guitare / chant), Paolo Gregoletto (basse / choeurs) et Alex Bent (batterie, Dragonlord, ex-Arkaik, ex-Battlecross…) reviennent avec "In The Court Of The Dragon", leur dixième album, pour continuer l’évolution musicale entreprise depuis 1999.

On débute avec "X", une introduction composée par Ihsahn aux sonorités mystiques et mystérieuses qui progressent jusqu’à un rugissement avant "In The Court Of The Dragon", la composition éponyme. L’énergie brute du groupe rencontre un groove accrocheur sur lequel les musiciens placent harmoniques et hurlements. L’agressivité ne baissera même pas lors des passages en chant clair, représentant à la perfection l’illustration de l’artiste français Mathieu Nozieres, puis "Like A Sword Of Damocles" nous tombe dessus avec la même puissance brute. Des sonorités majestueuses viennent parfois rejoindre les riffs efficaces du groupe, qui se montrent parfois lourds, parfois plus doux, tout comme "Feast Of Fire" qui propose une rythmique accrocheuse. La basse propose à nouveau un son mystérieux qui sera renforcé par des guitares tranchantes, et on sent cette rage brûlante tout au long du morceau, comme sur "A Crisis Of Revelation" et ses influences thrash très féroces. Les refrains sont beaucoup plus doux, puis le break viendra alourdir le son, alors que l’introduction de "The Shadow Of The Abattoir" nous propose des sonorités très aériennes.

Les influences prog sont très présentes sur ce morceau, qui dévoile tout de même quelques passages plus énergiques avant de nous mener droit dans l’arène avec ce groove explosif. "No Way Back Just Through" renoue avec l’agressivité pure des débuts sans jamais oublier les influences mélodieuses axées heavy, et ce très efficace mélange promet des shows épiques, tout comme "Fall Into Your Hands". Le titre renoue également avec des riffs qui évoquent les premiers albums, où la rage guidait les musiciens, mais les influences plus récentes viennent temporiser la furie sur ce long titre qui permet de placer des leads perçants ou des progressions accrocheuses. "From Dawn To Decadence" mélange les racines du groupe avec cette touche de savoir-faire qui lui est propre pour un court mais intense moment entre rapidité et efficacité, puis "The Phalanx" vient clore l’album avec une ambiance pesante mais maîtrisée qui utilisera toutes les capacités des musiciens, autant au niveau de l’instrumentale changeante mais toujours cohérente, que vocale.

Trivium n’a plus rien à prouver, et pourtant le groupe ne cesse de se réinventer. Alors que leur précédent opus explorait des territoires plus calmes et mélodieux, "In The Court Of The Dragon" renoue avec la rage qui avait marqué leurs débuts, tout en l’intégrant à leurs nouvelles influences. Tout en restant extrêmement accrocheur et intéressant.


Matthieu
Octobre 2021




"What The Dead Men Say"
Note : 16/20

Ais-je réellement besoin de vous présenter Trivium ? Créé en 1999 aux Etats-Unis par Matthew Kiichi Heafy (chant / guitare, Mrityu, ex-Capharnaum), le groupe ne commence réellement ses activités qu’en 2003 avec une démo puis un album la même année. Côté line-up, Corey Beaulieu (guitare / chant) rejoint le groupe la même année, puis il faut attendre 2004 pour que Paolo Gregoletto (basse / chant, ex-Metal Militia) ne rejoigne le groupe. Et c’est le début d’une grande aventure pour le groupe de metalcore / thrash / heavy, qui changera de batteur en 2009, puis en 2014 et 2015 avant de recruter Alex Bent (batterie, Dragonlord, Underling, ex-Arkaik, ex-Battlecross), d’abord en tant que membre de session puis à plein temps en 2017. Et c’est en 2020 qu’ils sortent "What The Dead Men Say", le neuvième album.

C’est après une introduction mélancolique nommée "IX" que l’album démarre. Le titre éponyme, "What The Dead Men Say", fait le lien entre l’énergie metalcore du groupe et leurs sonorités plus heavy / thrash matures. Le chant clair prouve que le groupe a encore progressé dans son évolution, se contentant de quelques hurlements seulement, mais faisant écho au précédent opus. La rage revient peu à peu, et le titre s’accélère, offrant également quelques parties lead avant de nous lâcher sur "Catastrophist". Le titre est long, mais les Américains ont la capacité de le rendre intéressant de bout en bout. Fini le metalcore basique, place au heavy / thrash qui utilise pleinement différentes tonalités de voix avec cette rythmique enjouée. Le refrain est prenant, mais il laisse aisément place à des riffs plus vifs. On renoue avec la violence sur "Amongst The Shadows And The Stones", un titre nettement plus rapide et énervé, à grand renfort d’une batterie très réactive, ainsi qu’une basse très présente. Passage à la fois groove et émotion grâce à "Bleed Into Me" et son pattern de basse prenant et lourd, mais qui sait s’effacer pour laisser place à des guitares qui alignent des harmoniques en conséquence. Le groupe même anciennes et nouvelles influences.

On repart dans l’énergie avec "The Defiant", un morceau qui pioche allègrement dans un thrash moderne aux riffs infusés de metalcore pour placer des hurlements sans en faire trop, ainsi que des harmoniques, alors que "Sickness Into You" ralentit la cadence avec cette introduction calme. Mais la rythmique accélère à nouveau, renouant avec le passé violent de la formation tout en incluant ce chant clair caractéristique. Les guitaristes s’en donnent à coeur joie pour créer un contraste entre saccades et leads. Plus court, "Scattering The Ashes" est à mon avis le morceau fédérateur de l’album, avec cette progression dans le refrain qui fera des émules dans les amateurs de tous styles. A nouveau c’est la fureur qui frappe pour "Bending The Arc To Fear", un titre qui mêle aisément rapidité, lourdeur et parties entraînantes pour faire remuer des têtes… et ça marche ! Le morceau est entraînant, et à moins d’être totalement imperméable aux riffs de la formation, il est impossible de ne pas être pris dans le tourbillon. Dernier morceau, "The Ones We Leaved Behind" démarre avec une tornade mélodique, et malgré un pattern assez simple typé death mélodique suédois, le titre fait son effet.

Progressant à nouveau dans leur style mêlant plusieurs influences, Trivium revient avec un album efficace. "What The Dead Men Say" est accrocheur, et revient parfois aux premiers amours de la formation tout en gardant leur son récent. Le groupe fait à présent partie des leaders de la scène américaine.


Matthieu
Juin 2020




"The Sin And The Sentence"
Note : 15/20

Il y a les albums pour lesquels tout est fait pour que la pochette attire l’œil, et puis il y a cet album. Au moins, on passera moins de temps à admirer l’artwork et plus de temps à écouter la musique. Petite précision de line-up : "The Sin And The Sentence" est le premier album de Trivium à présenter Alex Bent (rien à voir avec Amel Bent), à la batterie. Ce détail a son importance, quoiqu’un changement de line-up est rarement un détail. En effet, Alex, fait un travail monstrueusement remarquable au fil des onze morceaux qui composent l’album. Il suffit d’écouter "Sever The Hand" ou "Beyond Oblivion" pour s’en convaincre.

Inutile non plus de rappeler que Matt Heafy est un excellent vocaliste, et pourtant je le fais : Matt Heafy est un excellent vocaliste. D’autant plus quand on sait que le bonhomme avait rencontré de sacrés problèmes vocaux quelques années plus tôt à force de mal utiliser les techniques de chant extrême qu’il exerçait depuis toujours en autodidacte. Sur cet album, le chant screamé se fait toujours présent, notamment "Thrown Into De Fire" qui le conclut, mais il est utilisé avec précaution dans l’ensemble. Au fil des années, Matt s’est adapté vocalement pour éviter l’échec (et Matt). C’est au final un très chouette album que nous offre le groupe. Un album qui, comme je le disais, est sublimé par la présence d'Alex Bent derrière les fûts. Parfois groovy, parfois chargé aux blast beats, Alex sait définitivement s’adapter et imposer un style au point même qu’il semble dominer et contrôler l’album. Même si l’album est relativement long (58 minutes), il ne semble ni traîner en longueur ni être répétitif et c’est en grande partie grâce au travail de ce batteur, mais aussi grâce à la voix versatile de Matt, au travail sur les solos, et au bassiste qui sait pointer le bout de son nez quand c’est nécessaire. Pour ces deux derniers points, il faut écouter le titre "The Wretchedness Inside". Même un morceau de 7 minutes comme "The Revanchist" s’écoute facilement.

Trivium fait partie de ces groupes qui ont marqué le metal moderne (au même titre que qu’Avenged Sevenfold par exemple) et cet album en est un bel exemple. "The Sin And The Sentence" offre un très bon point à la carrière de Trivium qui n’a pas toujours été aussi bonne.


John P.
Avril 2020




"Vengeance Falls"
Note : 17/20

Grammaire, dialectique et rhétorique... tels étaient les trois arts enseignés il y a de ça près de 1500 ans sous l’appellation "Trivium" dans l’enseignement des Arts Libéraux... Depuis ces temps reculés, la portée de ce mot s’est trouvée quelque peu modifiée et est, depuis 13 ans déjà, synonyme de riffs, d’harmonie de screams/growls et autres chants clairs, magistralement portée par le carré américain du même nom : "Trivium" originaire de Floride...

Après une première moitié d’existence incroyablement riche et concluante, avec des sorties comme le duo "Ascendancy" en 2005 et "The Crusade" en 2006, le groupe produira ce qui sera très certainement le plus personnel et le plus mature des albums de sa carrière : "Shogun", qui naîtra en 2008 (toujours signé chez Roadrunner Records) et verra la consécration internationale des fans, aussi bien de metalcore que de thrash tomber sur cet incroyable quatuor... Ces pépites contenant de merveilleuses démonstrations de virtuosité rythmiques et mélodiques retraçant l’inexorable ascension du groupe comme "Pull Harder On The Strings Of Your Martyr", "Like Light To Flies", "Departure", "Detonation" ("Ascendancy") ; "The Rising", "Anthem (We Are The Fire)" ("The Crusade") ; "Down From The Sky", "The Calamity" et bien sûr "Like Callisto To A Star In Heaven" (Shogun) achèveront de les projeter sur le devant de la scène métal mondiale. Le groupe sera ainsi annoncé comme l’une des têtes d’affiche du Hellfest 2014 après un passage explosif au Wacken 2013 et une tournée aux côtés de Devildriver en cette même fin d’année... Seul petit bémol venu entacher la réputation du groupe depuis 2009 / 2010 : le départ du batteur du line-up originel, Travis Smith, remplacé dès lors par le très discret Nick Augusto qui y officie désormais pleinement, modifiant ainsi les aspirations, les inspirations et les "codes" ayant fait la renommée du carré. Ce changement d’univers sera pleinement ressenti avec "In Waves" nous tombant entre les mains en 2011, et présentant un majeur changement stylistique, celui mettant le chant clair de Matt Heafy (guitare / chant) et de Paolo Gregoletto (basse / backings clairs) au premier plan avec des morceaux comme, vous vous en souviendrez, le titre éponyme "In Waves", "Built To Fall" ou "Watch The World Burn" et donnant naissance à un trop épais contraste, sur certaines pistes, mélangeant désormais ces influences plus mélodiques et simplistes aux batteries sensiblement moins efficaces qu’à leurs débuts...

Tout ce curriculum nous amène donc ici, aujourd’hui, aux portes de leur sixème album studio : "Vengeance Falls" (15/10/2013, Roadrunner Records) pour y découvrir, dès la première écoute, un album bien plus mature et recherché que ne l’était son prédécesseur. Et pour cause, cette année, les génies communs de Trivium (forts de ce nouveau départ, de cette nouvelle maturité acquise) et de David Draiman (Disturbed, Device, dont la valeur n’est plus à prouver) se sont associés autour de la confection de ce nouvel opus mixé par Colin Richardson (Slipknot, Kreator, DevilDriver, Eluveitie...) !

Et c’est donc sur cette base que le groupe a, comme vous vous en doutez certainement, décidé d’apporter une lourde symbolique de jugement s’abattant sur l’Homme, une forme de punition implacable venant d’ailleurs, de "plus haut", comme le suggère le titre mais aussi l’invasion de "T" présentée sur le triste artwork mécanique avancé pour l’opus. Ledit motif de couverture aussi futuriste que cataclysmique n'émouvra d’ailleurs pas autant que la finesse des traits posés pour les illustrations d’"Ascendancy" et "The Crusade" ou l’agressivité des kanjis de "Shogun" ni même que de la sobriété d’"In Waves"... (ce qui ne sera en revanche pas le cas des photos d’ensemble du groupe -réalisées par Travis Shinn- qui sont, à l’inverse, fines, naturelles et pleines d’émotions sur un noir et blanc aux teintes sépia).

Ainsi s’abat sur nos pauvres âmes de mortels, la vengeance préparée par le groupe. Après nous avoir présenté 2 des 13 titres (10 seulement pour la version "classique"...), les puissants et tumultueux "Brave This Storm" et "Strife" qui auront eu le mérite de nous habituer à ce style plus énergique ainsi qu’à des voix plus travaillées mais aussi d'alimenter une nouvelle fois le débat sur le virage pris par le groupe, nous voici enfin aux prises avec ce nouvel opus !

L’entrée dans ce nouvel univers proposé par le quartet se fait donc par le très énergique et entraînant "Brave This Storm" à l’intro nous plongeant d’entrée de jeu dans une frappe de batterie plus agressive et maîtrisée de la part de Nick que ce à quoi nous avions affaire sur "In Waves" avec les 35 premières secondes de brillante utilisation de la double ! Cette nouvelle touche nous emmènera sur une voix un rien plus rauque de la part de Matt, une tentative de glissement vers un travail plus étendu et, peut-être, plus thrash que sur l’opus de 2011 nous apparaît dès lors possible sur ce CD, de quoi nous réjouir pendant plus de 4 minutes aux côtés de la très en verve basse de Paolo ! Les harmonieux screams de Matt et de Corey se répondant majestueusement au bout de 3 minutes raviront d’ailleurs les puristes du groupe ! Cette première piste fera ainsi écho aux troisième ("Strife", plus sombre, lourde, rythmiquement plus groovy et thrashy marchant sur les traces de "Shogun"...!) et cinquième ("To Believe") de l’album en termes de virulence, de technicité et d’harmonie entre les voix claires et les screams !

Nous arriverons donc, après plus de 20 minutes d’écoute, à la première moitié de l’album qui aura malheureusement été "entachée" si l’on puis dire, par les morceaux "Vengeance Falls" et "No Way To Heal" détonnant légèrement dans cette ébauche de paysage peinte jusqu’alors. Le premier présentant des gimmicks résonnant parfois trop "pop" malgré les superbes screams de Matt / Corey et leurs choeurs de cris "VEN...GEANCE...FALLS !". Le second trop orné de cleans répartis entre Matt et Paolo (un Paolo à la présence néanmoins -enfin ?!- plus discrète en backings...) ainsi que d’une partie "riffs" peut-être un peu trop brouillonne pour terminer de polir ce morceau. Nous parlions plus haut du cinquième, "To Believe", et pour cause, ce sera la première apparition de l’ombre de D.Draiman, qui s’y fera très clairement ressentir sur la façon qu’aura Matt de hacher son phrasé pour nous livrer des paroles toujours aussi sombres et désabusées. Viendront ensuite, 40 secondes d’intro sur le sixème titre : "At The End Of This War" disposées avec raffinement autour d’une voix n’ayant décidément rien perdu de sa superbe ainsi qu’un accompagnement acoustique de toute beauté. Le format rythmique de ce morceau crée d’ailleurs une véritable coupure, une surprise soutenue par certains passages comme son très lourd et thrashy break (3:20-3:50) qui rappellera, tout comme le titre suivant, des lignes du morceau d’ouverture notamment par la démentielle assise de Corey en backing. L’un des très agréables point sera le restreint nombre de références et de liens à la discographie passée du groupe, si ce n’est sur "Vilainy Thrives" qui pourra résonner comme "Black" aura pu le faire en son temps ou "Incineration: The Broken World" renouant avec la mécanique bien huilée croisée tout au long de "Shogun" et mettant la virtuosité de l’ensemble à l’honneur, tant sur la profondeur de Matt et la lourdeur enfin trouvée de Nick que la férocité de Paolo ou de Corey... Il faudra attendre "Wake (The End Is Nigh)" pour se sentir empli d’un nouveau souffle épique, et prendre la pleine mesure de la montée en puissance mise en oeuvre pour nous faire palpiter malgré des paroles pouvant apparaître comme un rien bateau (le sujet s’y prêtant malheureusement parfaitement...).

Ce dernier titre aurait aisément pu faire figure d’ultime morceau avec son fade-out final, mais c’était sans compter sur les 2 bonus tracks "No Hope For The Human Race" (aux implacables changements de rythmes, soutenus, un nouvelle fois, par un Nick impérial!) et "As I Am Exploding" (condensant toute la frénésie de leur histoire et faisant vibrer les amateurs de "To The Rats" et de "Like Light To Flies" jusqu’à la moelle...) qui s’imposeront comme 2 des plus belles pièces d’un tout nouveau Trivium, faisant étalage (justifié !) de la maîtrise des instruments qui lui sont donnés et méritant bien des éloges... Nous ne nous attarderons pas sur la reprise des Misfits "Skulls...We Are 138", si ce n’est pour saluer l'endossement d’un style qui n’est pas leur et l’innovation qu’ils parviendront à apporter à cette belle pièce punk !...

Il s’agit définitivement là d’un bel album, attendu à coup sûr, au tournant, par les fans de la première heure, mais pour lequel le carré aura su briser ses chaînes, se détacher de ses inspirations initiales et surtout, faire évoluer son jeu, sa touche, pour créer son propre univers (avec, n’oublions pas de le rappeler une dernière fois, une toute nouvelle assurance trouvée et assise par la batterie de Nick conférant l’amplitude qui manquait aux 4 comparses !...). Cet univers nous apparait cependant comme un univers à l’équilibre précaire, Draiman à la production sera parvenu à faire de cette nouvelle ligne directrice une véritable veine, une artère que le groupe devra invariablement suivre afin de gommer la minceur de la frontière ainsi crée entre d’ambiants, mais beaucoup trop présents, clairs et de toujours aussi percutants screams relégués au second plan, au profit de la section rythmique et des exercices vocaux du frontman! Nous aurions pu craindre une sorte de side-project de Disturbed sur ce travail, rassurez-vous, il n’en est rien, le travail est précis, propre et net (manquant ça et là d’accroche de basse), offrant 1h durant (chose excessivement rare en ces tristes temps musicaux !) le déferlement de modernité, de mélodie et de technicité annonçant la renaissance de ce groupe cher à mon coeur ! Oublions certains passages de "No Way To Heal" car des morceaux comme "Strife", "At The End Of This War", "Wake (The End Is Nigh)" ou les 2 bonus tracks méritant décidément de se procurer au plus vite la "Special Edition" sont là pour nous réveiller et nous faire vibrer... LET THE VENGEANCE FALL !


E.L.P
Octobre 2013




"In Waves"
Note : 15/20

Après l’impressionnant "Shogun" en 2008 ayant redressé grandement la barre de Trivium après les nombreuses critiques de "The Crusade", Trivium avait promis un nouvel horizon et un retour certain aux sources avec "In Waves". Introduction de l’album sur "Capsizing The Sea", très belle composition axée principalement sur piano et percussion, avant de partir sur le très connu "In Waves", ayant été l’annonce de cet album avec son fameux clip. "In Waves" fait une entrée en matière qui se veut rassurante, dans l’esprit de "Shogun", un son lourd et efficace, un refrain hurlé avec de bons passages clairs, seul bémol, la durée, on se retrouve avec un morceau de 5 minutes qui clairement aurait pu être réduit à 3-4 minutes et donc donne un aspect légèrement répétitif.

Trivium aura su rester sur des acquis qui font sa notoriété musicale à jongler entre le bourrin et le mélodique, sans se perdre dans un déjà trop vu des précédents albums, à l’image de "Inception Of The End" et "Black", terriblement efficaces et brutaux, ça fait plaisir aux oreilles, Nick Augusto à la batterie assure comme un grand chef, ce changement de batteur m’avait un peu fait peur sur le coup car bon Travis était "assez" bon (classé meilleur batteur par Roadrunner). L’entrée en matière de "Black" aux superbes guitares et un grain d’innovation dans le chant de Matt, ce morceau reste dans l’esprit "Shogun" et "Ascendancy" mais avec un renouveau vocal je trouve, cela donne plus de patate encore aux riffs déjà colossaux.

Il y en a pour tous sur cet album, c’est du Trivium avec toute ses variantes stylistiques, passant du mélodique au bourrinisme comme on l’aime tant, pour le côté tranchant bien brutal, on sera servi sur un plateau d’argent avec "A Skyline’s Severance", très agressif au niveau de la batterie, des solos guitares à vous faire exploser le crâne à la Scanner (Film des année 80 de David Cronenberg), c’est puissant et très invasif. Dans la même trempe, on a également "Caustic Are The Ties That Bind", "Chaos Reign" et "Dusk Dismantled", les 3 morceaux sont d’une puissance incroyable, on a l’impression de se prendre un train en pleine tronche, on mange du solo de guitare, de la double et du blast à la batterie, le tout agrémenté de choeurs sous une flopée de riffs monumentaux, Matt explore ici de nouvelles perspectives sonores avec un grain de voix plus poussé, en dehors du "break" de "Caustic Are The Ties That Bind", avec une voix claire tout simplement sublime. En parlant de nouvelle perspective musicale, Trivium n’a pas hésité à en prendre "le risque" avec "A grey So Dark", morceau au chant favorisé à l’ensemble instrumental, à la composition soignée, ça change mais c’est totalement le bienvenu car dans l’idée, ils n'en ont pas gavé la galette, le seul morceau se rapprochant le plus de celui-ci est "Built To Fall", même état d’esprit, même envie de surprendre sans tomber dans le bourrinisme général de "In Waves", l’objectif étant de montrer une autre facette au groupe, c’est très réussi.

18 morceaux au total, il ne faut donc pas s’étonner d’en avoir plusieurs qui se complaisent dans les période "Ascendancy" et "Shogun", ce n’est pas sans déplaire c’est certain, comme pour "Watch The World Burn" ou encore "Forsake Not The Dream" et "Drowning In Slow Motion" bien trop semblables à mon gout au niveau du chant, cela n’en restera pas moins de très bons morceaux mais de suite moins surprenant. De nouveaux horizons on en a, le calme plat de "Of All These Yesterdays", ça fait même tout drôle à la première écoute, suivi de "Leaving The World Behind" à l'atmosphère pesante, morceau quasi instrumental (avec voix en fond), on sent la sauce monter et ce n’est pas au hasard que ce morceau ait été placé dans la galette, il sonne un peu comme le lancement de "Shattering The Skies Above" et "Slave New World" (reprise de Sepultura), les deux derniers morceaux de la galette et parmi les plus brutaux également. Du blast à la batterie, une voix très poussé avec toujours ces passages mélodiques mais tout de même plus tranchant, on sent l’implosion imminente, ça headbangue sec !!! Une basse monstrueuse sur "Slave New World", du riffs explosif, de la puissance indéniable sur ce dernier morceau.

Un peu difficile à la première écoute pour les inconditionnels de Trivium surtout après le monumental "Shogun", Trivium avait placé la barre haut, celle-ci ne sera pas dépassée avec "In Waves" mais aura le mérite d’être maintenue comme il se doit, "In Waves" est un très bon album s’écoutant avec beaucoup de plaisir, à acheter sans hésiter et à consommer sans modération.


Phenix
Septembre 2011


Conclusion
Le site officiel : www.trivium.org