Le groupe
Biographie :

Tranzat, comme son nom ne l’indique pas, est un quatuor brestois dont les influences vont du rock progressif au death metal en passant par le stoner. Leurs premiers morceaux racontent la descente aux enfers d’un personnage fictif perdu dans une forêt hostile et psychédélique peuplée de personnages hauts en couleur. Le premier album, "Hellish Psychedelia", sort le 5 Septembre 2016. Le deuxième album, "The Great Disaster", sort le 15 Mars 2018 chez Black Desert Records. Quatre ans plus tard, "Ouh La La" sort le 1er Avril 2022 chez Klonosphere.

Discographie :

2016 : "Hellish Psychedelia"
2018 : "The Great Disaster"
2022 : "Ouh La La"


Les chroniques


"Ouh La La"
Note : 18/20

Après un premier album ("Hellish Psychedelia") qui mélangeait déjà du stoner, du rock, du doom et de légères touches progressives et un deuxième album qui appuyait un peu plus sur ces dernières tout en développant une imagerie plus décalée, Tranzat revient avec son troisème album "Ouh La La". Et comme son titre l'indique, cette fois le groupe est décomplexé et affiche clairement son humour potache ne serait-ce que sur la pochette.

Pour autant, le groupe ne remise pas son ADN au placard et si "Shall We Dance ?" qui ouvre l'album fait entendre quelque chose de plus groovy, fun et dansant justement avec de faux airs de big band, le rock et les gros riffs sont bien là. Quelques petits blasts se font même entendre juste avant un délire vocal d'autant plus décalé qu'il débarque après un passage assez dur et brutal qui enchaîne sur une partie plus mélodique et mélancolique du plus bel effet ! Si les intentions portées sur la déconnade ont peut-être pu faire croire à certains que le groupe allait effectuer un virage à cent quatre-vingt degrés, on se rend vite compte qu'il n'en rien. La patte que l'on avait pu entendre sur les deux précédents albums est toujours là mais le groupe a bien élargi son spectre sonore. Le son est gros lui aussi et les guitares gardent un peu de graisse au milieu d'une production assez claire et dont la patate a tendance à décoller le papier peint. "Ouh La La" déborde de surprises et on se demande à chaque morceau à quelle sauce le groupe va nous manger. "Lobster Beaujolias" arrive à marier la puissance, la mélodie et une ambiance déjantée et barrée tout en restant systématiquement groovy ! De difficile à catégoriser, le groupe devient cette fois totalement inclassable et si Tranzat affiche une franche envie de déconner, techniquement ça ne rigole pas. Composer un morceau aussi varié, poignant et efficace que "Mr Awesome" n'est pas donné à tout le monde et si vous êtiez partis pour considérer ce nouvel comme une gentille farce, vous allez vous prendre une petite claque derrière les oreilles ! "Climbing Tibetan Mountains To Learn The Secrets Of The Mind" nous amène quelques petites sonorités proches de Mastodon et nous rebalance une bonne grosse de groove graisseux dans les cages à miel.

En tout cas, l'humour s'exprime à tous les niveaux que ce soit par de petits délires vocaux, quelques arrangements bien fun ou l'imagerie qui affiche la couleur. J'invite d'ailleurs tous ceux qui ne l'ont pas encore vu à regarder le clip de "Lord Dranula", une bonne poilade potache pour un morceau sur lequel on sent une fois de plus ce groove imparable au milieu de passages plus brutaux qui laissent la place à un superbe refrain lumineux sorti de nulle part ! D'ailleurs, en parlant de ces fameux délires sonores, impossible de ne pas se marrer avec ce "joyeux anniversaire" volontairement foiré à la guitare qui débarque en plein milieu du morceau. "Morning Glories", quant à lui, a de faux airs de Devin Townsend et là encore Tranzat nous prend régulièrement à contre-pied entre passages growlés sur fond de gros riffs et mélodies aériennes soutenues par un chant plus clair. Si tous les membres du groupe ont un niveau technique affolant, il faut tout de même signaler le boulot incroyable de Manuel Liégard au chant justement, véritable caméléon vocal capable de jongler entre des registres totalement opposés du chant clair aux growls profonds et tout ce qu'il y a entre les deux ! Malgré une durée de cinquante-quatre minutes, "Ouh La La" ne souffre jamais de la moindre longueur ni de la moindre incohérence malgré un nombre de sonorités différentes impressionnant. Les passages les plus barrés et les quelques délires vocaux ne manqueront pas d'évoquer Mr Bungle même si Tranzat se fait plus accrocheur, mélodique, groovy et donc plus abordable. L'album se termine d'ailleurs avec "Global Warning" qui se montre lui aussi aussi mélodique et poignant que puissant et écrasant.

Tranzat a bien fait de se lâcher et de n'en faire qu'à sa tête en osant se montrer tel qu'il est réellement car "Ouh La La" est bluffant de maîtrise ! On se marre plus d'une fois mais on se prend surtout une série de mélodies poignantes et accrocheuses au milieu de morceaux, groovy, puissants voire parfois brutaux. Difficile à classer, ce troisième album l'est assurément, ce qui vous fait un très bon prétexte pour aller y jeter une oreille attentive, non ?


Murderwors
Juin 2022




"Hellish Psychedelia"
Note : 16/20

Premier album pour les Bretons de Tranzat avec "Hellish Psychedelia"", un trio qui a appliqué ici les principes du do it yourself avec brio (avec qui ?). Un album produit par ses propres moyens, un artwrk psyché et très à propos du coup réalisé par Michèle Coïc, la maman du batteur, tout ici sent le fait maison et pourtant... Pour le style, on navigue à la fois entre le doom traditionnel avec du chant clair, le stoner, le sludge et le gros rock graisseux qui tache.

Premier constat en écoutant l'album : le son est gros ! Produit par le groupe et masterisé par Nuts de Y Prod Studios, ce premier album est doté d'un son relativement clair et puissant qui permet d'entendre chaque instrument sans trop forcer. A noter que "Hellish Psychedelia" a été enregistré à l'ancienne, en live, ce qui n'est pas donné à tout le monde ! D'autant que techniquement c'est carré de chez carré, rien ne dépasse et on cherche encore les groupes capables d'enregistrer comme ça de nos jours. Tranzat balance tout ce qu'on aime : de la mélodie, du groove, des ambiances à la fois sombres, pesantes ou à l'inverse des morceaux énergiques et bien rock. On note même un démarrage presque prog avec tous ces contretemps sur "Crystal Ball" ! Le chant se fait varié lui aussi, même si il est majoritairement clair, on a quand même droit à quelques growls discrets et quelques blasts sur "Smuggler Joe". "Enter The Freaks" qui ferme l'album est doté d'un couplet qui me rappelle le bulldozer Crowbar. Bref, c'est metal, rock, prog, psyché, doom, tout ça en même temps et sans jamais s'égarer en cours de route. Malgré une durée assez longue de 5 ou 6 minutes, les morceaux ne subissent pas de passages à vide, les compositions étant toutes assez dynamiques pour retenir l'attention du début à la fin. Surtout que ces gars-là savent sortir les riffs qui tuent et les mélodies qui font mouche, en plus d'un chant clair toujours juste et placé de façon judicieuse. On sent un certain professionnalisme chez ce jeune groupe qui a enregistré ce premier album un an à peine après s'être formé, certains devraient en prendre de la graine.

Certes Tranzat n'a pas réinventé la poudre mais il sait la faire parler comme on dit. On sent ses influences, les sonorités que le groupe est allé emprunter chez ses grands frères (mon petit doigt me dit qu'il y a sûrement du Kyuss là-dedans) mais on sent aussi une patte propre au groupe qui fait qu'on se laisse prendre au jeu et que les trois quarts d'heure de l'album passent comme une lettre à la poste. Les influences sont assez variées pour toucher pas mal de métalleux, les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas tout en gardant une cohérence à toute épreuve. Il y a de la passion et l'envie de se faire plaisir sur ce premier album, ça saute aux oreilles. Et pourtant, comme je le disais, on sent un professionnalisme que beaucoup de jeunes groupes n'ont pas et qui doit sûrement venir d'une grande habitude de la scène. En parlant de scène, mon petit doigt me dit que ce power trio doit envoyer du bois comme il faut en live.

Pour un premier album on peut dire que c'est un coup de maître ! "Hellish Psychedelia" fait le boulot qu'on lui demande et le fait foutrement bien. C'est varié, puissant, mélodique, accrocheur, groovy et ça tape systématiquement dans le mille. Chapeau bas à Tranzat, cette première galette (bretonne... Ouais, bon, je sors) est efficace, inspirée et pour un groupe qui fait ça avec les moyens du bord, c'est assez impressionnant !


Murderworks
Septembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/tranzatmusic