Le groupe
Biographie :

Tragos est un groupe de death metal actuellement composé de : François (basse / ex-Erektion, ex-Cryogenical Excision), Cédric (guitare / ex-Zhgoryth, ex-Erektion, ex-Heretik) et Antoine (chant). Tragos sort son premier album, "Radix Mendosus", en autoproduction en Juin 2022.

Discographie :

2022 : "Radix Mendosus"


La chronique


Qu’est ce qu’il y en a des groupes de metoool qui sortent de la matière du jour au lendemain et qui sont inconnus au bataillon ! A l’époque, pour te faire connaître, tu sortais une tape de ta répétition la plus calée, tu te faisais du réseau, t’allais aux concerts et t’envoyais tes flyers promotionnels dessinés à la main partout dans le monde, c’étaient les seuls moyens de se montrer. Aujourd’hui, il est facile de tomber sur un groupe tout nouveau tout beau qui ne s’est jamais vraiment rodé, et qui te propose direct un premier album dans ta face sans crier gare ! Il faut dire qu’avec des plateformes telles que Bandcamp et les logiciels mis à disposition aujourd’hui pour faire ses propres prods dans sa piaule, c’est facile de sortir un skeud sans passer par les phases d’intronisation habituelles pour une formation désirant se faire connaître. Par contre, ce n’est pas parce que c’est plus facile aujourd’hui de diffuser du contenu artistique que celui-ci va forcément être de qualité, car, malgré une accessibilité accrue aux divers projets musicaux de toute une flopée de formations diverses et variées, c’est finalement le projet artistique en lui-même qui va déterminer la trajectoire d’un groupe. Certains vont finir aux oubliettes, d’autres vont perdurer un temps et les meilleurs se verront atteindre le firmament, programmés au Hellfest ou à l’Elysée… Tragos fait partie de ces groupes qui arrivent sans prévenir et te sortent direct un premier album. T’as beau faire des recherches sur la toile, tu ne tombes sur rien qui peut efficacement te renseigner, si, pardon, une page sur goat ass (fesse bouc pour les intimes) et un Bandcamp qui propose ce tout premier album nommé "Radix Mendosus" en CD et digipack ainsi qu’un beau tee shirt représentant la pochette, et puis c’est tout. Et juste une chaîne YouTube avec 5 vidéos seulement, tomber sur Tragos va flatter l’égo du dénicheur que vous êtes, à vous venter de découvrir des groupes obscurs quand d’autres ne jurent que par Ghost et Alestorm. Tragos, ou le chant du bouc pour les intimes, est composé d’un certain Cédric à la guitare et d’un dénommé François à la basse qui se sont acoquinés avec Antoine au chant. Il y a même un invité sur l’album en la présence de Daemon Ricks qui vient taper son solo sur "Praecipuos". Cédric et François se connaissent plutôt bien puisqu’ils ont joué huit ans dans un groupe de brutal death vraiment pas mal nommé Erektion, quant à Antoine, il officie également dans un projet black metal du nom d’Omena. Voilà, maintenant que le contexte est posé, on va pouvoir s’attaquer à "Radix Mendosus".

Dès les premières notes, c’est un death metal mélodique et énergique qui nous saute à la gueule à travers les enceintes. On retrouve des éléments qui peuvent rappeler The Black Dahlia Murder sans le côté deathcore, notamment dans les riffs en trémolos et les petites inspirations mélodiques issues du classique, mais aussi des références qui m’inspirent Dissection The Somberlain. Le truc qui frappe, c’est l’équilibre des instruments, la basse est vraiment en avant, ainsi que la guitare qui, elle, possède un son assez rêche. De cette manière, on se prend une bonne dose de fréquences distordues et de claquements de quatre cordes dans la caboche, ce qui me rappelle un peu, en ce qui concerne la basse, le mythique "Obscura" de Gorguts. Il y a quelque chose de très heavy dans le sens stylistique du terme, particulièrement dans le titre "Dusk Inexora" qui alterne riffing mélodique et moments plus thrashy. Le chant, parfois guttural, parfois crié, parfois les deux à la fois, est de bonne facture. Le timbre des vocals colle bien avec l’ensemble instrumental. La batterie programmée est un poil en retrait dans le mix mais son son permet quand même de se détacher de l’ensemble, ainsi, on distingue assez bien chaque élément du kit. A certains moments, le groupe surenchérie dans l’aspect mélodique classique comme le riff de "Pathopithecus", qui possède des petits côtés gigue ou bourrée baroque. D’un point de vu personnel, cela apporte à la composition un aspect guilleret qui rend du coup le truc moins menaçant et je trouve ça un tantinet dommage car le reste de la composition est bien élancé et propose un riffing à la fois subtil et rageur. "Devius Doxa" remet les pendules à l’heure et fleure bon le vieux melodeath de la mid-nineties. Là encore, c’est peut-être pas une référence majeure chez Tragos mais j’y retrouve à nouveau pas mal de The Black Dahlia Murder. Les riffs sont sautillants mais dans le bon sens du terme, avec des emphases mélodiques qui emportent l’auditeur.

En revanche, et c’est quelque chose que l’on va retrouver tout au long de l’album, les titres sont condensés. En fait, les compositions mériteraient d’êtres plus étirées car elles oscillent entre 2.40 et 3.30, ce qui ne laisse pas assez de temps pour rentrer dans le délire. C’est quand on commence à bien s’imprégner du truc que le morceau suivant s’engage. C’est regrettable, surtout qu’au niveau du sens mélodique des riffs, il y a une petite sensibilité progressive, et de ce fait, proposer des durées courtes coupe l’herbe sous le pied à l’auditeur. C’est un parti pris, et ça fonctionne plutôt bien sur certains morceaux comme avec "Praecipuos", qui possède, à mon avis, tous les atouts pour devenir "ze" single de "Radix Mendosus". Raaahhh le riff thrashy sur ce morceau, ça poutre sa mémé ! C’est sur ce track que l’on entend également le premier, et le seul solo de l’album. Là aussi, faut qu’on en parle car il y a un p’tit truc pas tout à fait logique dans cette histoire. Tragos défend majoritairement un metal bien mélodique et surtout basé sur le riff, et les membres du groupes l’affirment dans leur descriptif, que ce soit sur Bandcamp ou goat ass (vous avez la ref plus haut dans la chro’), je cite : "Tragos est un groupe de death metal old school mélangeant les riffs old school avec des riffs inspirés d'oeuvres de la Musique". Le truc c’est qu’à défendre une musique qui oscille entre le classique et le OSDM, il nous faut des solos de guitare !! Un bon vieux solo bien placé dans la compo, c’est le firmament, c’est le climax du morceau, ça relance la machine, ça magnifie l’ensemble, bref, je ne vais pas m’étendre mais quand on entend des bonnes parties de guitares, et il y en a sur "Radix Mendosus", on est en droit de demander des bons solos, ça marche ensemble, là je trouve que ça manque. "Ater Continum", sixième plage de l’album, nous embarque avec un petit côté Megadeth qui est assez bienvenu. Les parties instrumentales sont un poil tordues, et cette composition contraste avec le titre suivant "Unto Denial" qui remet en avant les inspirations classiques et cette sensibilité harmonique qui vire parfois vers le majeur. "Melostriatum" conclut l’album d’une belle manière, en mettant en valeur les éléments perçus tout au long de l’écoute, associés à l’un des patterns les plus lourds entendus jusqu’à présent.

Il y a beaucoup de choses à dire après s’être plongé dans "Radix Mendosus". L’expérience auditive est bien plaisante, on sent que nos compatriotes en ont sous le pied et proposent avec ce premier album une belle entrée en matière. Cependant, le parti pris du groupe à composer des morceaux courts, basés exclusivement sur un mélange de riffs (en même temps, ils le disent eux-mêmes) classiques et old school, le prive selon moi d’une possibilité d’exploration qui pourrait l’amener plus loin. En effet, on peut éprouver une sensation d’inachevé dans la démarche de cette formation qui possède tout de même de sérieux atouts. Je suis peut-être à côté de la plaque mais j’ai le sentiment que Tragos n’ose pas voir les choses en grand, par humilité peut-être, je ne sais pas. Il y a un potentiel réel dans ce qu’il propose mais j’ai le sentiment qu’il peut aller encore plus loin dans le développement de son propre champ stylistique. En même temps, ça n’est que le premier album, et pour sûr, ce sont des morceaux taillés pour le live ! On ne peut s’attendre qu’à du mieux pour la suite et cela reste très encourageant de constater qu’il existe des groupes émergeants et prometteurs sur notre bon vieil hexagone, surtout que pour le coup, rares sont les formations qui s’engagent dans la voie que semble entreprendre Tragos.


Trrha’l
Juillet 2022


Conclusion
Note : 14/20

Le site officiel : www.facebook.com/tragosdeathmetal666