Il est l’heure de lever le voile sur "Vowed To Decline", le premier album de Toward the Throne. Après une démo en 2013 et un EP en 2017, Unna (basse / chant), Julien Boguet (batterie), Jérémy Binsinger (guitare) et Fabrice Zuchowicz (guitare) concrétisent le projet démarré en 2012 sur les cendres d’Ethropia.

On démarre avec "Opposed (In Every Way)", un titre à l’introduction majestueuse qui sera brisée lors de l’arrivée des hurlements. Les harmoniques sanglantes prennent vie sur cette base sombre et solide, puis "Neogenesis" vient confirmer ma première impression : le groupe a beaucoup progressé. On retrouve des pointes de technicité tout comme des sonorités plus sombres, qui continuent sur l’accrocheuse "In The Name Of Salvation", une composition qui mélange groove et son imposant. Le contraste entre la rythmique abrasive et les orchestrations mystiques est intéressant, laissant le groupe placer quelques leads avant "The Ashes Of Pain", une composition plus planante. L’arrivée de la rythmique propose quelques influences thrash brutes qui viennent alourdir le titre, puis le sublime final nous mène à "Still, Denial", un titre assez mélancolique. Si la rythmique reste assez simple, elle est très lancinante, alimentant sans cesse un son prenant, alors que "Per Ignes Mortuus" renoue avec la noirceur et les tonalités mystiques.

Le morceau propose également des sonorités dissonantes couplées à une rythmique qui sait s’alourdir, puis "From Contempt To Graves" revient à de la puissance brute. Une fois de plus, des harmoniques dissonantes viennent s'immiscer dans la rythmique pour créer un relief abrasif, puis un sample vient casser cette violence pure avant qu’elle ne revienne. "The Sorrow" mélange mélancolie et tempo rapide pour créer un tourbillon d’émotions entêtant, puis on retrouve ces mélodies avec une noirceur plus forte sur "The Sower Of All Our Beings", une composition accrocheuse et énergique. Le titre semble plus moderne, notamment grâce à ses riffs saccadés, alors que des influences black metal apparaissent sur "The Inevitable Trail Of The Fall", une composition assez longue. Des éléments prog hantent également la rythmique, qui ralentit au cours d’un break aérien, puis les musiciens donnent tout ce qu’ils ont pour nourrir ce mur de son jusqu’à "Blown Dust: A Pointless Story", une outro mélancolique au piano, qui permet de clore ce premier album en beauté.

Toward The Throne n’en est pas à son coup d’essai, mais il est plus que concluant. Entre mélodies majestueuses, rythmique solide et rage, "Vowed To Decline" nous décrit une fin annoncée, ancrée dans le death metal mais également dans de multiples influences.

En ouvrant sa boîte aux lettres, il est toujours extrêmement plaisant pour un chroniqueur de découvrir, glissé entre deux factures, un beau CD envoyé par un groupe. C'est ainsi que je découvre ce premier EP des Français de Toward The Throne qui présentent leur musique comme étant du death progressif. Sous cette appellation, je m'attends tout de suite à entendre un déballage technique d'une musique à la fois savante, complexe et virtuose. Cependant, en écoutant ce "Claiming The Sun, Bringing The Darkness", je me rends rapidement compte que mes a priori m'ont guidé sur une mauvaise piste et que death progressif n'est pas toujours synonyme de death technique.

Comme en atteste l'introduction en grandes pompes du premier morceau "Worse Than Ever", les Français de Toward The Throne cherchent plutôt leur inspiration vers un death symphonique à la Septicflesh. Cependant, si l'influence du groupe est clairement identifiable sur certains passages comme la fin de "Antipodes" qui rappelle celle de "The Vampire From Nazareth", le résultat se veut tout de même moins épique et grandiloquent. On ne retrouve pas non plus le même niveau de production bien que, pour un EP entièrement fait maison, la qualité du mixage soit vraiment bonne. On sent d'ailleurs que nos quatre Français s'ouvrent à différents horizons musicaux avec, par exemple, quelques soli plutôt heavy qui parsèment l'album ou des riffs bien lourds sur "Missing Piece". Mais, dans l'ensemble, leur musique se veut essentiellement élégante et raffinée, comme en atteste l'interlude "The Withering" dans lequel on peut entendre une version remixée de l'Adagio de Tomaso Albioni sous fond de pluie et d'orage.

Il plane, sur l'ensemble de l'album, une mélancolie froide et radicalement sombre . La colère n'est pas absente mais elle paraît presque vaincue d'avance, comme condamnée à l'impuissance face au désespoir. Cette noirceur inéluctable est parfaitement illustrée sur la pochette de l'album par un sombre tableau de Caravage, issu de la renaissance, qui montre un Christ couronné d'épines, subissant, dans toute son impuissance, les injures de ses bourreaux.

A travers les six pistes qui composent cet EP de trente minutes, Toward The Throne démontre une belle maturité avec des influences bien assimilées pour un résultat très cohérent. L'ensemble s'écoute facilement mais manque encore de quelques éléments plus saisissants ou accrocheurs pour marquer davantage les esprits. Ce "Claiming The Sun, Bringing The Darkness" n'en reste pas moins un premier jet très bien maîtrisé qui s'avère assurément prometteur pour la suite.