Le groupe
Biographie :

To The Grave est un groupe de deathcore australien formé en 2010 et actuellement composé de : Dane Evans (chanr), Tom Cadden (guitare), Simon O'Malley (batterie), Matt Clarke (basse) et Jack Simioni (guitare). To The Grave sort son premier album, "Expect Resistance", en 2014 en autoproduction, suivi de "Global Warning" en 2019 chez Chugcore, de "Epilogue" en Avril 2021 chez Unique Leader Records, et de "Director's Cuts" en Février 2023.

Discographie :

2014 : "Expect Resistance"
2019 : "Global Warning"
2021 : "Epilogue"
2023 : "Director's Cuts"


Les chroniques


"Director's Cuts"
Note : 19/20

To The Grave reprend le contrôle avec leur nouvel album. Créé en 2010, le groupe australien composé aujourd’hui de Dane Evans (chant), Tom Cadden (guitare), Simon O’Malley (batterie), Matt Clarke (basse) et Jack SImoni (guitare) annonce la sortie de "Director's Cuts", son quatrième album, chez Unique Leader Records.

"Warning Shot", le premier morceau, va immédiatement placer des riffs saccadés et des hurlements sauvages pour créer une mosh part efficace mais courte qui devient de plus en plus lourde sur la fin, avant que "Red Dot Sight" ne vienne embraser la fureur à nouveau avec des riffs secs et quelques samples effrayants. Le mix moderne se mêle parfaitement à l’ambiance apocalyptique et aux hurlements caverneux tout comme aux cris perçants, et il en sera de même sur "Full Sequence" qui laisse des harmoniques cinglantes rejoindre le mélange énergique et ravageur. Le break chaotique sera sans aucun doute dédié à la scène pour faire remuer la fosse avant de piocher dans des influences sombres et malsaines ainsi que des racines hardcore pour nous mener à "B.D.T.S." qui va révéler des sonorités oppressantes avant de lâcher la puissance brute tout en contrôlant les riffs teintés de beatdown.

Le groupe continue avec "Protest & Sever", un morceau qui conserve les racines agressives et abrasives tout en accueillant Sam Crocker du groupe néo-zélandais Antagonist A.D. pour ajouter une touche brute supplémentaire, puis avec "Manhunt", une composition martiale qui fera s’éveiller les instincts les plus primaires d’une fosse en sueur avec des moshparts explosives. La partie lead finale nous lâchera sur "Found Footage", une composition à l’intro inquiétante, suivie par des riffs pesants et des parties vocales dévastatrices, puis par "Axe Of Kindness" qui repart dans les racines du deathcore avec une lourdeur accrocheuse et des guitares déchaînées, mais aussi quelques choeurs intenses et un pig squeal fou. Le groupe accueillera Jesse Christiansen de Bled Out pour le titre "Reversing The Bear Trap", mêlant son style dévastateur à des touches encore plus brutes avant que "Cut Off The Head" ne vienne placer un groove agressif à un son rapide. Le titre est monstrueusement lourd, surtout sur le final, mais il va laisser la très longue "Die, Rise" refermer l’album avec une ambiance oppressante, suivie de leurs riffs agressifs complétés par une double pédale massive, des hurlements inhumains et même des leads travaillés avant une dernière partie épique.

To The Grave repousse les limites du deathcore en incluant des éléments empruntés à d’autres styles pour forger son propre son massif et pesant. "Director's Cuts" est un album essentiel à tout amateur de violence moderne.


Matthieu
Février 2023




"Epilogue"
Note : 17,5/20

Il y a un truc en ce moment qui fait un poil polémique dans l’univers du jeu vidéo, c’est la tendance du "portage". C’est quoi donc que le portage dites donc ? Eh bien c’est le principe de proposer une version améliorée d’un vieux jeu sur une console plus récente. La firme qui a pour mascotte un plombier moustachu est une pro de ce phénomène marketing, notamment en commercialisant des versions à peine améliorée de jeux de la précédente console sur l’actuelle, à des prix assez malhonnêtes. Le dernier exemple en date, c’est le Mario Bros et le Smash Bros sur Switch qui sont des versions améliorées des versions Wii U. Bref, si je vous parle de portage, c’est parce que ce phénomène imprègne également le milieu musical actuel. Alors vous me direz que cela n’est pas nouveau, et que bon nombre de disques sont remasterisés et donc remis au goût du jour avec le temps, mais je pense que là où l’on peut faire une distinction entre un disque remasterisé et un portage, c’est que le portage a un côté immédiat. Comme pour les consoles qui réinjectent un jeu issu d’une génération précédente, eh bien un disque sorti 2 ou 3 ans à peine et qui se voit déjà proposé à nouveau, remasterisé, cela s’apparente à du portage. To The Grave, avec "Epilogue", est le parfait exemple d’un portage discographique. Sorti chez Chugcore en 2019, l’album "Global Warning" est aujourd’hui proposé à nouveau par Unique Leader sous le nom "Epilogue", avec quand même 8 titres nouveaux composés en 2020. Ajoutons à cela que quelques hurleurs professionnels ont apporté de la gueulerie supplémentaire et que l’artwork a été complètement modifié, et nous avons là le parfait exemple d’une opération commerciale lucrative évidente. Avec un disque gonflé autant à bloc de titres nouveaux, même si les fans ont déjà investi dans le disque de 2019, ils vont quand même acheter celui-ci, Unique Leader a décidément bien envie de la vendre cette galette !

Bon, après nous ne sommes pas là pour juger le bien fondé d’une sortie discographique quelle qu’elle soit. Le truc que l’on ne peut pas nier avec "Epilogue", c’est l’évidente qualité des titres qui y sont présents. Que ce soit les tracks issus de "Global Warning" remasterisés ou les 8 nouvelles compositions, l’ensemble est très homogène et cohérent. Donc d’un point de vue du consommateur, investir dans un skeud alors qu’on a la version précédente, ça peut faire rager mais là, il y a quand même 8 nouvelles compositions, ce n’est pas rien quand même ! En revanche, on ne peut pas nier que se farcir plus d’une heure de deathcore sombre et dystopique, ce n’est pas à la portée de tout le monde. Par contre, To The Grave parvient malgré tout à rester fidèle au style et à manipuler brillamment les clichés du genre, du coup, par cette intelligence compositionnelle et mine de rien, ce bon sens de l’alignement riffal, les Australiens s’en sortent haut la main en matière d’entertainment. Bon, si on exclut le paramètre de la production, qui est excellente et qui offre une puissance incroyable à l’ensemble, "Epilogue" se démarque aussi par une capacité à proposer somme toute de la variété. Au sein de son deathcore à 80% fidèle à cette scène qui pullule de clones, la joyeuse troupe d’énervés injecte des phases plus brutal death comme sur "Hear Evil, See Evil", qui poutre grave, tout en conservant des ondes hyper obscures. Par ailleurs, ce titre marque la séparation entre l’ère "Global Warning" et les nouvelles compos, et même si ce n’est pas vraiment flagrant, on ressent une sensible différence entre les titres les plus récents et les autres.

Un poil mieux construit, plus assumé au sein des nouvelles réalisations du combo, ce nouveau chapitre met l’accent sur le climat, dark à souhait. On sent que le groupe tend à intellectualiser son deathcore et le faire correspondre aux arcanes actuels du genre, à savoir, une vitesse d’exécution à dominante mid-tempo, des riffs plus saccadés avec un usage de la pédale whammy plus fréquent, une voix moins profonde qui pousse un poil plus vers le screamo. Ainsi, la fin de cette galette propose un To The Grave sensiblement renouvelé. Bon, je pense malgré tout que celui qui écoute le disque sans savoir qu’il existe deux périodes de création musicale a peu de chance de remarquer la subtilité car après tout, il s’est écoulé un poil plus d’un an entre "Global Warning" et les autres songs, c’est relativement court comme période pour marquer avec autant de netteté une évolution quelconque. Cependant, on voit très bien la direction que ces gens de Sydney veulent entreprendre, un titre comme "Kill Shelter" ne ment pas : plus de nappes synthétiques pour renforcer le drama, des sons électroniques, on tend vers cette "émotisation" (désolé pour ce terme mais je vois pas aut’ chose)  du deathcore qui est en train de gangrener le genre. Là, ça reste encore supportable parce qu’on a des morceaux comme "Death By A Thousand Cuts" qui maintiennent les bollocks en place dans le calecif, donc tant que To The Grave en reste là en matière d’ajouts électroniques et autres apparat futiles et dispensables ça va aller, parce que la scène n’a de cesse de s’auto-influencer de manière négative, c’est le côté pervers du jusqu’auboutisme qui est à la base du genre… Le dernier titre d’ailleurs qui s’appelle "The Ghost Of You", est une reprise de My Chemical Romance, vous voyez le tableau ? Hyper bien foutu, prenant, mais "mignon" malgré tout, on pourrait s’écouter ça et enchaîner avec un titre d’Evanescence que ça ne choquerait personne (j’abuse un peu mais bon, on n’est pas loin de ça). De mon point de vue, quand on écoute du deathcore de la trempe de To The Grave, c’est pour s’éviter des groupes comme My Chemical Romance, non ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Dites-moi ça dans les commentaires.

Gras, puissant, technique, prenant, dramaturge à mort, lourd, "Epilogue" est un concentré de deathcore noir et poignant. Deux disques pour le prix d’un seul, plus d’une heure de musique, "Epilogue" est riche en protéines. Cela permet d’avoir un véritable avis sur To The Grave et mieux comprendre la démarche et l’évolution du groupe, qui, mine de rien, malgré l’extrême cohérence de cette réalisation, ne peut dissimuler ses intentions futures. De toute façon c’est pas compliqué, tous ces groupes s’engouffrent dans la même brèche, ceux qui ont un gros cul bien gras n’arrivent pas à passer de l’autre côté mais les plus sportifs d’entre eux, fiers de faire partie de l’élite, mettent forcément un jour ou l’autre de l’eau dans leur vin. On en est là, les groupes de deathcore sont tous des michtoneuses, un jour ils nous déçoivent car on apprend qu’ils sont allés voir ailleurs. C’est pour ça qu’avec le brutal death, à titre d’exemple, on sait à quoi s’attendre, on n’aura pas à se taper un passage techno qui entretient la hype ou des nappes de clavier pour se la jouer dark dépressif. Profitons-en tant que le chant clair ne vient pas s’ajouter à la liste des carences qui touchent le milieu deathcore. En attendant, "Epilogue" est un disque encore suffisamment préservé des tares congénitales qui gangrènent le genre pour que l’on puisse y jeter une oreille enthousiaste. Moi qui suis un véritable conservateur de la musique brutale, si vous kiffez Distant, Signs Of The Swarm ou Mental Cruelty, je vous assure que vous pouvez y aller.


Trrha'l
Décembre 2021


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/tothegraveau