Trois ans après "What We Left Behind...", les Espagnols de Thyrant sont de retour avec leur deuxième album "Katabasis" pour un metal toujours aussi percutant et original. Un savant équilibre de puissance, d'agressivité et de mélodie qui avait apparemment fait son petit effet sur le premier album et qui revient déplacer quelques cervicales cette année.

"Katabasis" est un album concept traitant d'un personnage cherchant le salut et qui va devoir confronter ses démons intérieurs avant de pouvoir prétendre s'élever vers la lumière, une sorte de purification de l'esprit. "Face The Thyrant" ouvre l'album avec déjà près de neuf minutes au compteur et un mid-tempo assez froid aux arpèges dissonants et une mélancolie ambiante appuyée par de superbes mélodies. On se retrouve déjà dans un mélange de genres assez intéressant avec ces arpèges justement très black dans l'esprit, le chant écorché propre à ce style et un groove plus death avec des mélodies et un chant clair un peu plus lumineux. Thyrant ne veut clairement pas s'imposer de limites et se sert de tous les courants musicaux qui lui plaisent pour créer son monde. "Dunes Of Desolation", quant à lui, débarque à cheval entre le thrash et le death old school donc bien plus direct mais toujours entremêlé à ses mélodies et à ces ambiances aussi belles que sombres. C'est souvent le chant clair qui vient apporter un peu de lumière au milieu de tout ça. Cette opposition entre lumière et obscurité colle d'ailleurs au concept puisque la notion de catabase qui donne son nom à l'album est en fait la fameuse descente aux enfers, l'introspection en vu de l'illumination. Une notion d'ailleurs bien représentée sur la pochette avec cette étoile brillante au sommet d'un phare, le tout dans le fameux triangle que l'on retrouve systématiquement dans la symbolique ésotérique. "Black Oceans" se rapproche d'ailleurs du doom et ses mélodies ont de faux airs de Katatonia, ce qui illustre bien cette descente aux enfers là aussi.

Le talent de composition est indéniable sachant que le groupe un nombre d'influences et de sonorités différentes assez impressionnants et qu'il est difficile de ne pas se casser les dents en faisant ce genre d'exercice. Thyrant s'en sort sans problème en collant de près à son concept et en utilisant ce bagage et sa technique pour servir l'histoire. La variété des styles utilisés est là pour donner de la cohérence au concept, pas pour épater la gallerie et ça marche. On a même des blasts et un côté black metal franchement assumé sur "Ephemeral Lighthouse" qui rue dans les brancards avec toujours cette mélancolie et ces mélodies parfois aériennes en fond. Ce qui aurait pu ressembler à un patchwork bordélique devient un ensemble cohérent et parfaitement ordonné, le groupe sait où il veut nous emmener et nous suivons sans protester. Quelques discrètes influences progressives se font aussi entendre, ce qui n'est pas étonnant sur des morceaux aussi longs et avec une telle variété de sonorités. Thyrant, avec ce concept, a pris une voie musicalement plus sombre et torturée que sur "What We Left Behind..." qui pouvait par moments faire penser à pas mal de groupes de heavy metal dans ses mélodies. Ici, tout est plus sombre, plus extrême, plus dur, même si la violence n'est évidemment pas le propos, les riffs sont plus méchants et les mélodies plus vénéneuses. Il va falloir faire un peu plus d'efforts pour y entrer et se montrer peut-être un peu plus ouverts que pour "What We Left Behind..." mais une fois dedans, le voyage ne devrait pas vous décevoir.

Un deuxième album moins facile d'accès et plus dur que son prédécesseur mais qui fait gagner plus de profondeur à la musique de Thyrant qui n'en manquait pourtant pas. "Katabasis", comme son nom l'indique, est mouvementé, torturé et sombre. S'il est un peu plus exigeant, les efforts consentis seront récompensés par des ambiances prenantes et une qualité d'écriture impressionante, donc allez y jeter une oreille attentive, ça vaut le détour !