"Human Target"
Note : 15/20
À peine deux années se sont écoulées depuis "Dear Desolation" et Thy Art Is Murder revient déjà avec un cinquième album : "Human Target". La bombe australienne façon deathcore, signée chez Nuclear Blast, n’a donc pas perdu de temps pour produire un nouvel opus, et ce, malgré un changement de batteur. En effet, Jesse Beahler vient de rejoindre le groupe, après un palmarès déjà bien fourni, puisqu’il est passé par Rings Of Saturn, Jungle Rot et Back Crown Initiate (entre autres…). De son côté, Will Putney était une nouvelle fois chargé d’enregistrer, mixer et masteriser l’album. Quant à l’artwork, il a été réalisé par Eliran Kantor, un habitué du milieu, puisqu’il a déjà travaillé avec Hatebreed, Soulfly, Sodom ou encore Testament.
Avant même la première écoute, on est tout de suite marqué par l’engagement politique très poussé de TAIM. Il suffit pour s’en rendre compte de lire les titres des chansons, à commencer par "Make America Hate Again". Dans le même sens, "New Gods" s’attaque aux médias sociaux, "Eye for an Eye" évoque l’idée de la protection de la planète, "Chemical Christ" s’attaque à différentes addictions… Chaque morceau possède donc quelque chose d’intéressant à nous raconter, et on pourrait donc presque regretter que ce soit du deathcore !
Clairement, la voix est vraiment énervée, tellement puissante, ça gueule de partout, tant dans les graves que les aigus. Question instru', rien de surprenant non plus, on a du Thy Art qui fait du Thy Art, délivrant un deathcore qui tabasse, bien que beaucoup moins technique que celui de certains formations comme Rings Of Saturn. On sent tout de même que le nouveau batteur distribue du blast par paquets de dix, sans problème. Les riffs se veulent parfois plus lents et sombres, ce qui vient changer le rythme de temps en temps ("Welcome Oblivion" possède ainsi un côté Coal Chamber !).
En fait, ce qui m’a un peu déçu, c’est que je n’ai pas véritablement senti d’évolution par rapport aux albums précédents. J’ai presque envie de dire que Thy Art is Murder stagne un peu. Ils arrivent à un moment où j’aurais aimé les voir évoluer… Peut-être que je me lasse un peu d’eux, à voir. Enfin, "Human Target" reste tout de même un très bon album, et mérite donc autant d’attention que les précédents opus.
"Dear Desolation"
Note : 16/20
Alors que je chroniquais le nouvel album de Rings Of Saturn en début de semaine avec une certaine joie, direction cette fois-ci l’Australie pour retrouver nos fidèles amis australiens de Thy Art Is Murder, groupe que j’ai longtemps affectionné… Avant de prendre un peu mes distances, après m’être totalement ennuyé lors de leur live non loin de chez moi. Malgré tout, ils restent une référence du deathcore chez Nuclear Blast, donc même s’ils divisent parfois l’opinion, ce nouvel album, "Dear Desolation", mérite une attention toute particulière, voire un gentil câlin virtuel rempli d’amour et de sperme.
Ce qu’on remarque assez rapidement, c’est que Thy Art Is Murder a légèrement évolué vers un style bien plus marqué par le death. Cette impression domine du début à la fin, c’est sûrement moins technique qu’auparavant, moins groovy même, ça tape dans le gras et surtout, c’est bien plus sombre. L’ambiance froide et lugubre d’un Morbid Angel semble s’imposer sur ce "Dear Desolation" (ouais, ça va bien ensemble me direz-vous). Je reste plutôt mitigé par ce changement. Pourquoi changer quelque chose qui fonctionnait ? Certes, il y avait des critiques, mais elles n’étaient pas unanimes, contrairement au dernier album de Suicide Silence, cette vaste daube sans nom…
Enfin, tout ça ne doit pas faire oublier une chose certaine : Thy Art Is Murder, ça troue l’cul. Bah ouais, dès les premières notes de "Slaves Beyond Death", de gros coups de blasts te font un lifting des oreilles, puis on se croirait sur un gros album de Vader, donc forcément, ça envoie du lourd. Bien sûr, TAIS s’éloigne de groupes comme Carnifex (que j’affectionne tout particulièrement malgré leur virage plus black metal) mais le résultat reste agréable pour mes tympans délicats et soyeux. Pour autant, les morceaux plus deathcore existent toujours, et ils nous secouent parfaitement la boîte crânienne, comme en témoigne le titre éponyme, dont on saluera autant le chant que les riffs. Finalement, cet album risque de diviser autant que le précédent, mais même si je préférais sans doute ce qu’ils ont produit auparavant, "Dear Desolation" reste une valeur sûre.
"Holy War"
Note : 16/20
Décrié au même titre que les nouveaux venus du metal moderne chez Nuclear Blast que sont Suicide Silence et Carnifex, entre autres, Thy Art Is Murder est l’un des "pires ennemis" des puristes du death metal avec les groupes cités précédemment. Leur précédent album n’est pas passé inaperçu et a déclenché une vague de haine envers ce groupe (un effet sûrement attendu étant donné le nom de leur album "Hate") mais a aussi fait le bonheur des kidz du deathcore, en effet l’un des groupes les plus acclamés d’Australie est enfin reconnu à sa juste valeur à travers le monde en étant chez Nuclear Blast.
En Juin 2015, les Australiens remettent le couvert sur la table en s’octroyant les foudres divines du monde entier avec "Holy War". Ayant beaucoup apprécié "Hate", je n’attendais rien de cet album afin d’éviter la déception due à l’engouement général envers ce groupe, au final qu’en est-il ?
Dans l'ensemble, on a un son plus lisse que sur le précédent album mais avec une ambiance assez oppressante et froide qui s’accorde bien avec la pochette de l’album. On débute avec "Absolute Genocide", posant cette base qui va être récurrente dans une bonne partie des titres de l’album tout en ajoutant un aspect backened deathcore. Par contre, on va avoir une sensation de déjà-vu avec le deuxième titre "Light Bearer" faisant penser à "Immolation" de l’album "Hate", ce qui est plutôt dommage. "Holy War" est un titre qui est assez basique et simple mais qui est assez catchy si on l’écoute de nombreuses fois, l’ambiance créée par les guitares est assez particulière mais celles-ci font le travail en alternant aussi avec des riffs lourds et des breakdowns fracassants. "Coffin Dragger" est également un morceau assez basique mais le featuring avec Winston McCall de Parkway Drive donne un cachet sympa et donne plus de puissance à ce titre. Les titres suivants sont très dynamiques et incisifs dans leur approche surtout grâce au jeu de batterie de Lee Stanton qui sait bien jouer sur plusieurs plans et qui blaste à de nombreuses reprises à fond les pédales, comme sur "Deliver Us From Evil", "Emptiness" ou encore "Violent Reckoning". D’autres titres joueront plus sur l’ambiance pesante dégagée par les guitares avec leurs mélodies comme "Fur And Claw" et "Child Of Sorrow" qui incorporent quelques touches rappelant en bien les productions des albums précédents. "Naked And Cold" met un point final à cet album qui se conclut par cette même ambiance froide et pesante avec une force d’exécution qui fait mal au niveau des breakdowns.
Je regrette un peu le manque de punch que cette production laisse de côté étant donné le son très clair et épuré de l’album (contrairement à "Hate") mais cet album est loin d’être mauvais et est même assez plaisant dans son ensemble. "Holy War" est un album de TAIM assez solide qui essaye d’aller vers un côté plus black avec une ambiance particulière que seul Thy Art Is Murder sait créer.
"Hate"
Note : 12/20
Au doux pays du death metal bourrin, je voudrais quelque chose de raffiné. Mauvaise pioche... J’ai tiré "Hate", deuxième album de Thy Art Is Murder (rien que le nom m’amuse). Ce groupe fondé en 2006 a changé en l’espace de 7 ans tout son line-up à l’exception du batteur qui, je m’en rendrai rapidement compte en écoutant la galette, a une place prédominante sur l’œuvre. C’est donc une bande toute fraîche qui nous gratifie de toute sa rage et de toute sa brutalité, et c’est peu dire qu’il y en a "beaucoup" dans cet opus. Artwork sympa et ultra bourrin mettant en scène une créature de lave que l’on croirait échappée d’un RPG, la faute de goût commence avec le logo du groupe qui ressemble, comme des milliers d’autres avant lui, à ce que les musiques extrêmes ont fait de pire, à savoir un amas de n’importe quoi dans tous les sens, rendant toute lecture totalement impossible (tu prends un tas de brindilles, tu le jettes par terre et tu essayes de deviner un quelconque nom, là c’est pareil…).
Trêve de mauvais esprit, attaquons nous plutôt au contenu, à la musique en elle-même. Première écoute plutôt sympa avec des mosh parts à gogo, un growl surpuissant, quelques solos très typés néoclassique (un peu à la Necrophagist, s’il faut vraiment donner un nom de comparaison) et une vraie énergie. Les écoutes suivantes me feront vite déchanter… En effet, les mosh parts ne sont pas seulement "à gogo", elles sont aussi et surtout "légion", j’oserais même avancer qu’il n’y a que ça dans cet album. Les morceaux sont une succession d’enchaînements de parties "guitare / batterie", pour le premier instrument avec la première corde jouée à vide en palm mute et pour le second à grands coups de double pédale. Au bout de 5 chansons, on comprend bien vite où le groupe veut en venir et on se surprend à se faire bien chier même si je reconnais un réel talent dans les parties rythmiques qui, même si elles se ressemblent toutes, découlent d’un vrai travail de placement. Les solos, quant à eux, qui tiennent sur les doigts d’une seule main, sont très bons mais curieusement trop rares et trop courts. Dommage car cela aurait rehaussé de manière singulière la qualité de la galette. La production, quant à elle, fait un peu fake et on ne retrouve aucun côté organique des instruments, d’un bon ampli à lampe, ou une réelle batterie (pourtant je suis intimement persuadé que les braves ont du bon matériel qui sonne)...
Bref, vous l’aurez compris, ce groupe n’a pas le potentiel pour être le groupe de death de l’année 2013 mais il sera tout à fait à sa place en première partie de gros groupes de death, du moins sur le territoire français, pour faire mosher nos chers teenagers.
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