"A Mass To The Grotesque"
Note : 16/20
Après un premier album très efficace et old school jusqu'au bout des ongles, The Troops Of Doom est de retour avec "A Mass To The Grotesque". Un album un peu plus long que son prédécesseur et qui en profite pour affiner sa personnalité et s'éloigner un peu de son illustre origine. Aucun reniement ni changement drastique pour autant évidemment, mais une simple envie de proposer quelque chose de plus personnel et tracer sa propre route.
J'ai lu ailleurs quelqu'un qui doutait de l'honnêteté de la démarche de The Troops Of Doom, ce qui revient à soupçonner un peu d'opportunisme de la part du groupe. Pour ma part c'est plutôt du côté Cavalera que j'ai des doutes sur les motivations, mais nous y reviendrons bientôt avec le réenregistrement de "Schizophrenia". Jairo Guedz a une légitimité indéniable, il a toujours baigné dans le thrash / death, n'a jamais tenté de raccrocher un quelconque wagon (même si Eminence jouait avec des sonorités plus modernes) et si certains sont tentés de l'accuser de vouloir se raccrocher à son passé, j'en connais deux autres qui semblent faire bien plus d'efforts pour récupérer un certain prestige. Surtout que si le premier album était très proche du premier Sepultura, c'est moins le cas de ce nouveau méfait. D'ailleurs parlons musique puisque après la petite introduction inquiétante de rigueur, le groupe balance "Chapels Of The Unholy", un petit brûlot de thrash / death très efficace qui ne perd pas de temps et fonce dans le tas. Quelques passages plus lourds, de bons riffs bien sales et une ambiance glauque et malsaine qui sied à merveille à ce metal tout droit sorti du chaudron. "Dawn Of Mephisto" enchaîne avec une ambiance tout aussi noire et six bonnes minutes au compteur pour un morceau plus pesant par moments mais qui garde quand même le up-tempo sous le coude. Quelques passages plus mélodiques viennent aussi se mélanger à toute cette fureur, ce qui amène quelque chose de plus que le simple retour aux sources des premiers Sepultura. Cette fois, The Troops Of Doom cherche à développer un peu plus d'ambiances tout en restant aussi brutal que sur le précédent album, de quoi donner une personnalité un peu plus marquée et s'éloigner d'une influence qui serait trop reconnaissable.
Le groupe n'a pas adouci sa musique pour autant, il y ajoute quelques mélodies et plus d'ambiances sombres ou malsaines mais garde cette envie de tout défoncer avec une intensité bien marquée. La violence et la brutalité n'ont pas du tout été mises au placard et les deux s'expriment librement sur "A Mass To The Grotesque", vous pouvez donc y aller sans crainte d'être déçus par un manque de patate. D'ailleurs, "The Impostor King" remet bien vite les pendules à l'heure en sortant carrément de bons gros blasts qui tachent histoire de calmer tout le monde. Pareil pour "The Grotesque" qui envoie quelques blasts aussi de temps en temps et fait entendre discrètement quelques arpèges dissonants qui amènent une ambiance plus froide. Ce sont ces petits détails qui font que le groupe s'éloigne un peu du old school pur et dur, même si c'est relativement discret et que les passages concernés sont minoritaires. Cela permet d'amener un petit plus pas désagréable et d'ouvrir des portes pour les futurs albums. Profitons-en d'ailleurs pour signaler le très bon boulot d'Alexandre Oliveira à la batterie qui sort dès que possible des patterns habituels du genre pour nous proposer quelques parties plus travaillées et un bon jeu sur les cymbales et les roulements, ce qui ne l'empêche pas de frapper comme un bûcheron le reste du temps. On reste donc dans du thrash / death bien teigneux et frontal, les mélodies permettent de souffler un peu et de poser une patte particulière qui éloigne The Troops Of Doom du revival pur et dur. Le groupe apporte son petit grain de sel dans un style de metal bien codifié et cela suffit à le rendre plus varié et plus dynamique tout en gardant ce qui fait son efficacité. "Venomous Creed" termine l'album avec là encore des petites surprises comme des cassures rythmiques fréquentes et pas mal de changements de tempo.
Bref, The Troops Of Doom revient avec un deuxième album couillu, efficace, brutal, sale et doté de suffisamment de personnalité pour ne pas se répéter par rapport à son prédécesseur son illustre passé. "A Mass To The Grotesque" remplit donc son contrat haut la main et pourra donner des leçons à pas mal de jeunes loups arrivés dans la course ces dernières années.
"Antichrist Reborn"
Note : 16/20
Formé en 2020 et comme son nom l'indique, The Troops Of Doom est un groupe formé par Jairo "Tormentor" Guedz que les moins jeunes auront de suite reconnu comme étant le guitariste de Sepultura sur les cultes "Bestial Devastation" et "Morbid Visions". Avec un nom de groupe pareil vous vous doutez bien que ça va taper dans du thrash / death old school et que le style sera proche de celui de Sepultura à cette époque. Les derniers doutes sont balayés par la pochette qui remet en avant ce démon que l'on voyait se tenir derrière une cathédrale sur la pochette de "Bestial Devastation" et le nom de l'album puisque celui s'appelle "Antichrist Reborn" qui fait évidemment un clin d'oeil au morceau "Antichrist" des mêmes Sepultura.
Mais si on peut trouver tous ces clins d'oeil et ces liens au passé, il ne faudrait pas prendre The Troops Of Doom pour un tribute band, tous ces détails ne sont là que pour marquer l'affiliation à un thrash / death old school et énervé et signaler tout de suite sur quoi vous allez tomber. Ici, pas de modernité, pas de sonorités actuelles, juste du bon vieux metal extrême qui tache et qui fonce dans le tas sans le moindre compromis. D'ailleurs, après la petite introduction habituelle digne d'un film d'horreur, "Dethroned Messiah" remet très vite les pendules à l'heure avec un death aux relents thrash qui n'est pas sans évoquer un accouplement entre Sodom et Vader, donc du très énervé qui ne fait pas dans la dentelle. Les riffs sont évidemment brutaux et sales et le groupe n'hésite pas à balancer quelques arpèges plus malsains pour rendre le temps encore plus noir. Un break mid-tempo débarque pour balancer une ambiance pesante et permettre le headbanging avant de repartir à fond avec un solo à l'ancienne à grands coups de vibrato. Une orientation teigneuse que confirme "Far From Your God" avec ses riffs à la Slayer en fin de morceau et que les deux premiers EPs du groupe nous avaient de toute façon déjà permis d'entendre, donc si vous avez déjà écouté ce que propose The Troops Of Doom vous allez vite vous retrouver comme à la maison. Le savoir-faire est là et ces trente-neuf minutes balancent tout ce qu'on attend d'un groupe de thrash / death à l'ancienne, ça tabasse, ça groove, ça envoie des ambiances sombres et sales, bref ça défonce tout sur son passage.
Les versions limitées de l'album présentent en plus des reprises de Sepultura et de Celtic Frost au cas où vous auriez encore un doute sur l'orientation old school de la bête. Le tempo ralentit rarement et même dans les passages les plus lourds on en prend plein la tronche par le côté vicelard des riffs ou des leads. Le reste du temps c'est nerveux et agressif et "Antichrist Reborn", malgré sa durée compacte, arrive à être intense voire même éprouvant tant il attaque en permanence. Même "Pray Into The Abyss", qui nous fait une feinte en démarrant de façon très lourde, finit bien vite par repartir en up-tempo énervé. On sent que ce groupe n'est pas là par passéisme ou pour surfer sur l'héritage d'un gros groupe, l'amour du style et le savoir-faire s'entend tout au long de l'album et sa férocité suffit à prouver le plaisir qui a été pris à le créer. Un plaisir partagé à l'écoute puisqu'il nous permet de renouer avec cette approche sans compromis, brute de décoffrage et teigneuse d'un death metal direct mélangé au thrash le plus méchant. Dans le genre défouloir, "Antichrist Reborn" est très efficace et on se dit que les concerts du groupe risquent de faire très mal, surtout après cette longue période d'inactivité qui a frustré tout le monde ! Je ne sais d'ailleurs pas si c'est ça qui a motivé les troupes mais ce premier album est probablement ce que le groupe a proposé de plus méchant et brutal jusqu'à maintenant, ce qui laisse rêveur quant aux prochains albums. Si le groupe monte d'un cran comme ça à chaque fois, on n'a pas fini de se prendre des claques derrières les oreilles !
Un premier album qui se montre encore plus teigneux, brutal et féroce que les deux précédents EPs et qui confirme que The Troops Of Doom est un vrai groupe et qu'il n'est pas là pour plaisanter ! Si vous voulez du death old school fortement teinté de thrash vicelard, vous allez être servis avec "Antichrist Reborn".
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