Le retour attendu d’un groupe qui en avait marqué plus d’un ! La notoriété qu’a obtenu The Third Attempt en aussi peu de temps est assez remarquable, et cet album était guetté avec attention par une grande partie de la scène. Je me souviens de la hype assez extraordinaire qui avait suivi la sortie de leur premier album... et je me souviens aussi de la difficulté que j’ai eu à rentrer dans le délire. D’abord aussi énervée que les autres, j’avais vu le groupe en live, puis écouté l’album, puis revu le groupe en live... et au final, si je trouvais ça sympathique, je n’avais pas eu ce moment de grâce qui avait transpercé plusieurs de mes amis. Je n’avais donc pas spécialement suivi l’actualité du groupe, et ne savais nullement qu’un second album était en préparation. Mais nous y voilà ! L’occasion de voir si je peux enfin me ranger à l’avis général et être foutrement enthousiasmée par The Third Attempt, ou si je reste définitivement neutre.

L’album s’ouvre sur un "Blood, Dope And Black N Roll" qui, pour le coup, porte très bien son nom. C’est un joyeux bordel sonore qui rappelle avec joie que le groupe est né de la carcasse fumante de Carpathian Forest, à la manière d’une de ces espèces de guêpes qui utilisent le corps vivant de mygales comme incubateur. Mais le groupe s’éloigne un peu de la recette habituelle pour s’accorder un final en teintes très épiques. Un changement pour The Third Attempt qui semble prêt à explorer d’autres opportunités musicales. Un bon point donc. Suit "Into The Light" qui semble être la suite logique du premier titre, poursuivant sur les dernières notes de ce dernier. Vient ensuite "Reflections About Knives", un titre qui m’a fait un peu sourire. Dès qu’on mentionne des couteaux et The Third Attempt dans la même phrase, je suis téléportée à ce concert où Ødemark était arrivé, le dos littéralement ensanglanté. Grand moment. Le titre poursuit dans la ligne directrice de l’album, et offre un contenu légèrement plus mélodique que ce qui nous était proposé sur le premier album. Mais ne nous y trompons pas, The Third Attempt ne fait toujours pas dans la dentelle, et martèle avec conviction, sans nous laisser un moment de répit. C’est violent et puissant, et le groupe excelle dans ces aspects précis. A noter aussi la couverture vocalique assez impressionnante sur "Egocide" où le hurlement s’attarde en longueur, avant de partir en grognements désespérés, de basculer sur une voix un peu plus heavy... Un joli tour de force. On retourne cependant à un black / thrash plus traditionnel et attendu de la part du groupe avec "The Disciples" et "Black Metal Alchemist". Le meilleur titre de l’album reste pour moi "The Oath" qui va servir de conclusion. Il y a un aspect beaucoup plus old school, qui envoie sévèrement la pâté et qui me brosse dans le sens du poil. Ce n’est pas spécialement innovateur pour le groupe, mais c’est une recette qui fonctionne et je n’ai pas envie de cracher sur l’efficacité brute. Il arrive dans ma playlist directement, ce n’est pas discutable, voilà.

Que dire alors de cette nouvelle rencontre avec The Third Attempt ? Toujours la même chose pour ma part : je trouve qu’il y a un potentiel de dingue dans ce groupe, et que certains titres sont fédérateurs au possible, mais je n’arrive pas non plus à crier au génie. C’est vraiment sympathique à écouter, et c’est un album de black qui fait le travail et qui s’autorise de grands moments musicaux (à l’image du dernier titre, qui est vraiment pour moi LE morceau de l’album). On sent aussi que le groupe a voulu aller plus loin que sur le premier album et proposer un contenu plus abouti, et c’est une réussite à ce niveau-là. C’est un très bon album de The Third Attempt, et il ravira les fans du groupe.

The Third Attempt, c’est une grande histoire. Tout d’abord, la formation du groupe a fait grand bruit dans le milieu car ce sont les deux guitaristes de Carpathian Forest qui sont à l’origine de ce nouveau méfait musical. Et qui dit Carpathian Forest, dit des hordes de fans baveux qui se précipitent pour voir "si ça vaut le coup". Personnellement, j’ai une expérience assez drôle avec ce groupe. Enfin drôle, tout est relatif. J’ai eu l’opportunité de les voir, lors de leurs grands débuts, en Norvège lors du Blastfest mais j’étais bien trop malade pour apprécier la chose. Ensuite, j’ai recroisé leur route à Paris alors qu’ils assuraient la première partie de Taake. Mais cette fois, c’était une amie qui était malade ce qui a potentiellement perturbé notre écoute. Et enfin, accomplissement en assistant enfin à leur concert entier à Bergen en première partie de Shining. Que d’aventures ! Et au final, avec toutes ses péripéties, je n’avais jamais écouté la version studio. C’est donc une semi-découverte pour moi, car j’ai déjà une idée bien arrêtée sur ce que j’ai vu en live.

Parlons donc de cet album qui s’ouvre sur "Torment Nation". Première chose à noter : ça sonne effectivement comme du Carpathian Forest. Mais en ayant l’un des compositeurs principaux du groupe, il est difficile de faire autrement. On retrouvera toujours une patte bien distinctive à ce niveau-là. Il faut également faire mention des vocaux, officiés par Ødemark (ancien de Midnattsvrede) et "petit nouveau" de la bande. Et là, je retrouve l’impression que j’avais déjà eu en live auparavant : ses vocaux sont bons, mais pas franchement originaux. Le standard black metal si je puis dire. En écoutant bien, on pourrait même leur trouver un petit air de ressemblance avec ceux de Nattefrost. Mais est-ce en soi un problème ? Non. Non, ce n’est définitivement pas un problème. Le titre suivant "Dark Vision" en est la preuve. Les vocaux portent littéralement le titre, accompagnés des riffs incisifs de Tchort et de BloodPervertor. Et on retrouve ce côté black and roll, qui peut être franchement jouissif si on s’y laisse prendre. Vient ensuite un de mes titres préférés, "Art Of Domination", qui en impose sans en faire de trop. Il me semble d’ailleurs que ça avait l’un des premiers titres à être présenté au public après l’annonce de la formation du groupe. Et dans mes souvenirs, à l’époque, j’avais trouvé ça génial. Ce titre est un véritable poing dans la gueule. Il envoie sans en faire trop, et est vraiment efficace. En fait, si on se laisse prendre dans cette spirale infernale, ça peut rapidement devenir un morceau qui tourne en boucle dans votre tête. Et là, je plaide coupable.

"We Defy" est un morceau qui m’a fait sourire parce que ... j’ai vraiment honte de le dire, mais les premières mesures m’ont fait penser à une musique bien célèbre des Visiteurs. Si, si, écoutez, je suis sûre que vous pouvez l’entendre aussi. Et ça, c’est de la belle french private joke. Mais trève de plaisanterie, il faut maintenant aborder le titre éponyme "Born In Thorns". Et ce titre est absolument génial. Il est ce qu’il faut de lourdeur et de folie. Folie largement exprimée par les vocaux d’Ødemark qui sont pour le coup très impressionnants. Et mention spéciale aux murmures qui se fondent dans le background et qui instaurent une bonne ambiance malsaine comme on les aime. Retour au black and roll pur avec "Beast Within" qui est encore une fois un titre étrangement satisfaisant. Je crois que je me découvre une nouvelle appréciation pour The Third Attempt grâce à cet album studio. Impression confirmée avec "Sons Of The Winter" qui m’avait marquée en live au moment où j’avais soudainement découvert que le dos d’Ødemark avait été taillé comme un bon morceau de steak. Et effectivement, j’entends à présent nettement le petit côté Bathory dont on m’avait fait parlé à ce moment précis. L’influence est nette et largement reconnaissable. Et le titre suivant "Nekrogrammaton", même s’il ne fait pas partie de mes favoris, ne démérite pas.

Suit ensuite "Firestorm" qui prend une direction différente, avec une introduction toute en délicate mélancolie. On retrouve ensuite le cocktail habituel entre rapidité et violence. Toujours efficace au possible, bien entendu. Et l’album se termine avec "Anti-Self" qui est le moment de bravoure de l’album, avec cette introduction totalement irréelle et malsaine qui ne démériterait pas en tant que soundtrack d’un vieux film d’horreur à ambiance. Sensation de malaise largement accentuée par les murmures qui font leur grand retour et qui accentuent cette impression de gêne. LE moment d’expérimentation de l’album.

Pour résumer, The Third Attempt c’est... la suite logique de Carpathian Forest. Pas franchement original donc, mais il faut avouer que ça fait largement le travail, et que certains morceaux vous prennent aux tripes et tournent en boucle dans votre tête pendant des heures. La comparaison avec Carpathian Forest ne pouvait de toute façon pas être évitée. Je note néanmoins quelques moments d’expérimentation sur la fin de l’album qui peuvent sembler hors sujet mais qui restent pour moi les bienvenues. En somme, un très bon album mais qui manque d’innovation. Mais on ne va pas s’en plaindre, ça reste quand même génial à écouter.