Le groupe
Biographie :

The Ruins Of Beverast est un one-man band de black / doom metal atmosphérique allemand formé en 2003, et dans lequel opère : Alexander Von Meilenwald (chant, instruments / Truppensturm, ex-Nagelfar, ex-Kermania, ex-Heemat). The Ruins Of Beverast sort son premier album, "Unlock The Shrine", en Août 2004 chez Ván Records, suivi de "Rain Upon The Impure" en Déembre 2006, de "Foulest Semen Of A Sheltered Elite" en Septembre 2009, de "Blood Vaults - The Blazing Gospel Of Heinrich Kramer" en Septembre 2013, de "Exuvia" en Mai 2017, et de "The Thule Grimoires" en Janvier 2021.

Discographie :

2004 : "Unlock The Shrine"
2006 : "Rain Upon The Impure"
2009 : "Foulest Semen Of A Sheltered Elite"
2013 : "Blood Vaults - The Blazing Gospel Of Heinrich Kramer"
2016 : "Takitum Tootem!" (EP)
2017 : "Exuvia"
2021 : "The Thule Grimoires"


Les chroniques


"The Thule Grimoires"
Note : 16/20

C’est souvent dans les genres qui nous semblent les plus codifiés que l’on trouve les groupes qui sortent le plus de la masse, le black metal ne fait pas objection à cette règle, présentant nombre de groupes qui ont débuté dans ce genre et qui évoluent dans des directions artistiques, qui, sans le délaisser complètement, voyagent vers de nouveaux horizons. The Ruins Of Beverast fait partie de ces groupes qui, en 2021, reviennent pour un nouvel album totalement différent des anciens. Le one-man band allemand nous propose cette fois un black metal qui n’en est presque plus, tant il est occulté par d’innombrables ambiances, toutes plus pesantes les unes que les autres. L’album propose un réel voyage à travers le temps et l’espace, en proposant des variations, entre et dans les morceaux.

La première chose que l’on remarque dans cet album, c’est l’énorme partie ambiante qui occupe beaucoup de morceaux, intimement liée depuis quelques années à l’esprit black metal, on la trouve ici sublimée, posant des climats qu’on ressent comme aériens et lourds à la fois, comme une atmosphère dépourvue de toute chose mais lourdement chargée en soufre ou autre élément qui rendrait l’air étouffant, lui donnant ainsi la coloration verte toxique que l’on peut voir sur l’artwork de l’album, ce dernier se plaçant ainsi parfaitement en adéquation avec la musique. Il en sort donc un ressenti de deux choses très contradictoires et pourtant diablement naturel : un sentiment d’étouffement au milieu de rien, cet étouffement est très perceptible notamment dans l’introduction de "Mammothpolis" présentant une voix humaine complètement asphyxiée. En ce sens, l’album est rempli de ce genre de sonorités très contradictoires qui viennent se répondre l’une à l’autre, présentant comme une sorte de libération de toute les masses qui nous entourent dans le monde, simplement pour nous retrouver oppressé par l’absence de ces mêmes choses, en ce sens l’introduction du morceau "The Tundra Shines" vient parfaitement illustrer tout cela : des sons fugaces, qui semblent provenir de partout et nulle part à la fois, dont on ne connaît ni l’origine ni la provenance et qui viennent directement être mis en contact de façon totalement discordante avec un riff très clair et porteur de lumière. Cette discordance est également portée, de manière plus évidente, par l’alternance très bien rythmée entre le chant clair et le chant saturé, ce dernier se déclinant lui-même en plusieurs variations, se présentant comme un chant très éraillé lors des passages de blasts, très rapides, il se trouve être beaucoup plus profond et caverneux quand il est porté par des riffs plus monolithiques tout droit sortis du funeral doom comme dans "Ropes Into Eden". Impossible non plus d’outrepasser la dimension très incantatoire et qui passe par les chants très déshumanisés comme l’introduction de "Anchoress In Furs" et qui plane sur tout l’album, passant tantôt de la véritable incantation sur fond ambiant comme on peut l’entendre dans "Ropes Into Eden" à des riffs très grandioses et clairs qui donnent l’impression de l’arrivée imminente d’une divinité cosmique dans ce néant qui nous entoure.

Cet album marque finalement une réelle évolution dans la direction artistique de The Ruins Of Beverast, auparavant plus orienté black metal / black atmosphérique, on se retrouve cette fois avec un album qui n’est presque plus du black metal. Si l’on garde bien les ambiances atmosphériques, on se rapproche plus d’une musique qui se voudrait presque expérimentale, mêlant doom, funeral doom, ambiant et parfois même des chants très heavy metal, ne reste du black metal qu’une production très épurée et le chant crié accompagné de riffs et de blasts qui viennent un peu plus nous rappeler l’album précédent, comme dans "Polar Hiss Hysteria" qui est probablement le morceau le plus accessible de l’album pour un auditeur habitué à une musique plus codifiée. Finalement, on remarque une certaine progression au fil des morceaux, ces derniers étant de moins en moins dénudés, autant face à la production que le contenu des riffs, qui se veulent plus fournis, plus rapides et moins étouffants sur la fin de l’album. Comme si ce vide et ce néant présenté au départ se remplissaient une fois de plus, donnant moins cette sensation d’oppression par le vide qui nous entoure mais également perdant cette liberté qui se caractérisait par des riffs très clairs et lumineux, on a, dans "Deserts To Bind And Defeat" ; titre qui va dans le sens de l’interprétation évoquée précédemment ; une sorte de résolution, avec l’apparition d’accords qui auraient pu être tout aussi lourds et pesants que les premiers que l’on peut entendre dans l’album, mais qui sont portés par une production plus claire qui leur donne un relief moins poisseux et lourd, comme si tout le savoir de ces fameux "Thule Grimoires" venait revenir nous envahir, pour le meilleur comme pour le pire, nous permettant d’accéder à un certain savoir mais nous privant par la même occasion du vide qui, bien qu’anxiogène, pouvait paraître libérateur.

Ainsi, The Ruins Of Beverast signe un nouvel album qui se démarque réellement de ce qui se produit dans le reste de la scène et propose une profonde immersion dans un néant qui va peu à peu se remplir, introduisant petit à petit ces éléments à l’aide du riffing et de la production. Se rapprochant parfois du style que l’on peut retrouver chez Urfaust, les sonorités marquent une réelle évolution du one-man band dans sa direction artistique, en attendre de voir ce qu’il va proposer pour la suite.


Praseodymium
Avril 2021




"Exuvia"
Note : 16/20

Alexander Von Meilenwald est de retour avec un nouvel opus de The Ruins Of Beverast, "Exuvia". Il n'a pas chômé et a, comme pour ses précédents albums, tout fait lui-même. C'est donc un one-man band qui affiche tous les talents de son créateur.

Il s'agit donc du cinquième opus du groupe et on ne s'éloigne pas vraiment de la recette qui fait l'identité de son créateur, mais on peut cependant y voir une évolution. En effet, le côté ambiant et atmosphérique est un peu plus accentué, avec des passages extrêmes plus clairsemés. Ce chemin musical est totalement cohérent avec le thème qui repose sur les transes indiennes et chamaniques, on est ainsi transporté dans un chaos planant et hypnotique.

La noirceur est toujours présente par contre, avec cette lourdeur oppressante et ces riffs glaciaux. Le mélange d'ambiances et de parties black ou doom est bien réalisé et est efficace même s'il y en a moins. Les six titres sont fluides, sans trop de répétitions au vu de leur longueur, et forment un tout, il est donc difficile de parler d'un morceau en particulier. "Surtur Barbaar Maritime", néanmoins, sort peut-être un peu du lot car il contient plus de passages enragés typés black metal.

Tout est calculé dans cet album pour le meilleur rendu possible. Le mix, chaque petit détail, l'unité que forme les instruments avec les différents chants et évocations sont parfaits. C'est une musique intelligente qui s'écoute posé dans son fauteuil et avec une certaine concentration car il n'est pas si facile de rentrer dans ce monde. Alexander nous confirme encore une fois son talent et nous montre que c'est un bosseur ! Il nous offre avec ce "Exuvia" un voyage pour l'esprit qui ne se refuse pas !


Nymphadora
Juin 2017


Conclusion
Le site officiel : www.theruinsofbeverast.bandcamp.com