Groupe international formé de Brésiliens et de Belges, Thermohaline nous amène son premier album "Maelström" après l'EP éponyme sorti en 2020. Au programme ? Un black metal assez particulier fortement inspiré par la thématique marine et qui va donc balancer des murs de sons en tous genres et expérimenter quelques petites surprises sonores.

Le tracklisting annonce la couleur et indique tout de suite que le groupe va poser ses ambiances puisque l'on trouve six morceaux pour cinquante-deux minutes ! Après quelques arpèges avec le bruit de la mer et les craquement du bois d'un bateau en fond sonore, "Obra Dinn" balance des riffs froids et tranchants avec un accordéon en appui ! Les blasts ne tardent pas à arriver et l'ambiance descend de quelques degrés d'un coup avec un côté plus typiquement black metal. Le groupe n'hésite pas à balancer des passages bien lourds pendant lesquels les riffs se transforment en briseurs de nuques et où les ambiances reprennent un air suffoquant de noyade. "Adamastor" se montre par contre plus menaçant et sombre d'entrée de jeu et ne laisse pas le temps de respirer avant de taper dans le tas. L'impression de suffoquer est particulièrement rendue par le fait que le groupe aime superposer de multiples couches de riffs et de leads qui font qu'il faut tendre l'oreille aux premières écoutes pour comprendre ce qui se passe. Une opacité toute volontaire vu les thèmes abordés et qui fait que la musique de Thermohaline va en laisser quelques uns sur le carreau. Cet accordéon qui débarque un peu comme un cheveu sur la soupe en plein milieu de ce même morceau fait aussi partie des détails qui vont interloquer et surprendre pas mal de monde. Vous aurez bien compris que ce groupe se fout totalement des codes du black metal et ne s'en sert que pour créer un univers à part et proposer quelque chose d'original en les détournant allègrement. Un peu de chant clair s'infiltre d'ailleurs vers la fin du morceau et colle plutôt bien à l'ambiance développée qui oscille entre mélancolie et suffocation.

Thermohaline se sert aussi de quelques arrangements électroniques pour creuser encore plus la distance qui le sépare déjà de la scène black metal traditionnelle. Tout n'est pas forcément maîtrisé et certains passages donnent l'impression de se superposer un peu à l'arrache, quelques sonorités débarquent sans prévenir et font parfois un peu tache dans le décor par exemple. Mais malgré ça, on sent que le groupe tient quelque chose et qu'en lui laissant le temps de le développer il est fort possible qu'il réussisse à créer quelque chose de bien particulier. "Shipwrecked", qui est le morceau le plus long de l'album, va bien vous faire sentir que ce mélange est éprouvant et que "Maelström" porte bien son nom tant les couches de sons s'allient pour vous faire bouillir le cerveau ! "Dark Corners Of The Ocean" prend quant à lui des allures de bête rampante aux faux airs lovecraftien avec ces riffs malsains et écrasants. Les leads dissonants et tordus et les couches de sons superposées sur ce morceau pourraient presque faire penser à Aevanglist par moments, même si ces derniers ont poussé le bouchon bien plus loin. Si les blasts ne se prient pas pour se faire entendre, Thermohaline a tout de même une approche de la violence plus sournoise et vicieuse que frontale. Cet extrémisme musical passe par les riffs malsains, les arrangements perturbants et surprenants, le mélange des genres et les couches de sons qui s'assemblent effectivement en un maelström sonore. Si quelques imperfections demeurent comme dit plus haut, le fait que le groupe mette soit déterminé à sortir des sentiers battus et à s'écarter de la meute est tout à son honneur.

Au final, Thermohaline nous délivre un premier album qui montre une patte particulière et intéressante, même si quelques erreurs de jeunesse subsistent encore au niveau de l'intégration de certaines sonorités ou certains passages. Cela n'empêchera pas de suivre ce groupe de près et de surveiller son évolution qui promet de se montrer assez surprenante.