Le groupe
Biographie :

The Negation est un groupe de black metal parisien fondé en Janvier 2012 par Thanatoath (guitare) et Agarash (basse). En Octobre 2012, le groupe enregistre son premier album "Paths Of Obedience" au Hybreed Studio à Paris. Celui-ci sort en Décembre 2013 sur le label Mortis Humanae. De retour au Hybreed Studio, The Negation enregistre "Memento Mori" qui sortira en Juillet 2015 chez Kaotoxin Records.

Discographie :

2013 : "Paths Of Obedience"
2015 : "Memento Mori"


Les chroniques


"Memento Mori"
Note : 15/20

Vous reprendrez bien une louche de black bien brutal et bien sale ? The Negation a pensé à vous avec son deuxième album "Memento Mori", seulement deux ans après "Paths Of Obedience" et une signature chez Kaotoxin.

Contrairement aux autres groupes de black, et comme son nom l'indique, The Negation n'axe pas ses paroles et son imagerie sur le satanisme ou l'occultisme mais sur le nihilisme. Musicalement, ça se traduit par un black metal très violent, gras et sans aucun compromis. "The True Enemy" nous met dans le bain d'entrée de jeu avec des blasts à fond les ballons entrecoupés de quelques riffs plus lourds, le tout soutenu par un son de guitare bien gras lui aussi contrairement aux productions très sèches de la plupart des groupes de black. Bon, concrètement, c'est du black proche des origines, on retrouve tous les ingrédients de la scène norvégienne mais poussés plus loin, surtout en termes de violence. Pour le reste, on retrouve les ambiances froides et malsaines habituelles, The Nagation s'amusant à rajouter quelques dissonances et autres fantaisies rythmiques de temps en temps. Le point fort de "Memento Mori" n'est donc pas l'originalité, on s'en doute, par contre niveau violence brute et intensité c'est assez costaud ! Pourtant, même si les blasts sont très présents sur cet album, on ne peut pas dire que le groupe ne fasse que ça, les passages plus lourds et dissonants viennent régulièrement apporter un peu de crasse à tout ça. Ce qui donne l'impression de se faire rouler dessus par une division de blindés, c'est que le groupe ne nous laisse jamais la moindre seconde pour respirer, soit il nous plombe la gueule à coup de riffs pesant une tonne, soit il dévaste tout à grand coup de blasts.

Les morceaux tournent généralement autour des 4 ou 5 minutes, un format assez compact qui permet au groupe de ne pas s'étaler inutilement et qui appuie encore cette impression d'intensité. En 42 minutes, ça nous tombe dessus de tous les côtés et le seul moment qui calme un tant soit peu le jeu est l'arrivée de "Faith In God's Corpse", une accalmie en termes d'agression mais c'est la lourdeur et les riffs poisseux qui prennent le relais, du moins au début. The Negation reprend vite ses bonnes vieilles habitudes et recommence à bourrer dans le tas au bout de 2 minutes, chassez le naturel il revient au galop. Au moins, le côté défouloir / catharsis est flagrant ici, pas de fioriture ni compromis, juste un groupe qui en a gros sur la patate et qui balance la purée (vous noterez la subtilité de cet humour). Et ce n'est pas cette outro qui tend vers le rituel ou l'ambiant dégueulasse qui donnera une petite lueur d'espoir, vous finirez l'album sur un instrumental bien claustro comme il faut. En même temps, entre le nom du groupe et celui de l'album, on ne peut pas être surpris d'entendre une boucherie pareille, et le concept, si on peut appeler ça comme ça, est foutrement bien rendu musicalement.

En tout cas, voilà un groupe de black metal français de plus qui fait preuve d'une violence qu'on ne retrouve pas à ce point dans les autres scènes, je ne sais pas ce qu'ils ont chez nous mais visiblement ça rend nerveux. Voilà donc un deuxième album très efficace qui balance un black à la fois lourd, brutal, malsain, poisseux et gras. Les amateurs de fioritures symphoniques ou atmosphériques passeront leur chemin, bienvenue aux autres.


Murderworks
Août 2015




"Paths Of Obedience"
Note : 16,75/20

Si Those Opposed records, Debemur Morti Productions et les Acteurs De L'Ombre Productions sont devenus dans l'hexagone des incontournables marques de référence en matière de black metal avec chacun sa spécificité, Mortis Humanae Productions se fait une place de plus en plus grande avec lui aussi un panel de groupes intéressants et tous aussi hermétiquement éclectiques dans leur black metal. Et il faudra vraiment compter sur ce dernier à partir de maintenant. Il est question en cette fin d'année 2013 de The Negation, un groupe parisien pas vraiment vieux, mais qui est composé de membres qui possèdent une certaine expérience pour avoir joué ou pour jouer dans des groupes tels que Azziard, Nydvind, Breizh Occult ou encore Sentence, entités qui ont déjà fait parler d'elles dans l'underground français.

Ce premier album de The Negation, bien évidemment black metal, est une source du mal incandescente livrée avec le kit occulte qui va avec : l'environnement de ténèbres en fond d'écran, la froideur glaciale d'un enfer miasmatique (avec une touche malgré tout relativement black / death dans quelques rythmiques) pour unique décor et un artwork d'une beauté noire en guise de repère dimensionnel, un artwork qui donne envie de posséder le digipack à plusieurs volets prévu à cet effet (chose qui sera bientôt faite, car au delà de l'album lui-même "Paths Of Obedience" semble avoir fait l'objet de toutes les attentions). En effet, avec une forte personnalité en matière d'atmosphères se dégage de ce premier album ; The Negation porte bien son nom, car il nous propose un black metal obscur très charismatique dans sa manière d'amener la rythmique. Une rythmique toujours très "machine de guerre", très "caterpillar" où l'on retrouve un peu l'effet de souffle que peut avoir le dernier album de Svart Crown avec une certaine simplicité similaire dans la technique mais une véritable efficacité dans le rendu final, comprenant de l'artillerie lourde sur le fond.

C'est avec brio que The Negation livre aux mains de ses disciples ou plutôt de ses adorateurs, un dix titres de quarante-six minutes intro et outro comprises où le groupe ira chercher dans les abîmes d'un black metal relativement brutal la plupart du temps, des sources nauséabondes vraiment putrides sur les mid-tempos ("Lost For Ever" où rien que la première écoute vous fera fermer la bouche, commencer à serrer les dents, plier les fossettes et avoir des mimiques à la Jack Nicholson dans Shining, le regard haineux), et des effluves de décomposition malsaine sur des rythmiques parfois black / death. En effet, après s'être posé la question de manière introductive, inspirée par ce bon vieux Hemingway : "Pour qui sonne le glas", "Red Wrath" bien qu'intense et compulsivement black nous propose malgré tout une rythmique princière après la rafale black (à environ 44') qui replace en mémoire le riff de mise en bouche de "War In Paradise" de Vital Remains sur "Let Us Pray". Et c'est en ce sens que The Negation possède un côté black / death old school, parce que ce genre de rythmes lourdement disséminés ça et là tout au long de l'album, auront largement leur place dans la bonne marche et cohérence de l'album.

C'est comme ça que vous prendrez de front ces trois quarts d'heure parce que "Paths Of Obedience" vous montre effectivement la voie à suivre, avec un enchaînement provisoire tout au long de l'écoute ; comme un esclavagiste de la musique black metal ce premier album vous entraînera de force aux confins de la non matière, le noir absolu. La voix de ASA dégueule le mal à pleins poumons, vociférant ses paroles dans un vomissement de tripes blasphématoires, avec presque par moments un petit côté de Legion, l'ex-vocaliste de Marduk. D'ailleurs parallèlement à ces mélodies morbides que l'on peut trouver au gré des chansons, comme sur "Erased", The Negation peut présenter en certains points, la profondeur et la puissance d'un Marduk comme ils avaient pu avoir sur "Bleached Bones" ou encore "Funeral Dawn". De plus on y découvrira en début de ce même titre anecdotiquement, des intentions proches de la rythmique qui monte crescendo sur "Apex terror" de Otargos.

The Negation manipule merveilleusement bien les thèmes de fond, que ce soit sur "One God" ou finalement n'importe quel titre de l'album, les marionnettistes contrôlent l'auditeur comme un pantin vaudou qui s'est zombifié et qui s'auto-mutile. Que le groupe aille dans des espaces déjà moins sombres mais plus enivrants comme aux trois minutes de "Lost For Ever", ou qu'il se balade sur les terres "dépressivement" arides d'un "Last Rites" plus incantatoire que le reste de l'album par son approche litanique, (et tout aussi lugubre qu'un "Zombie Ritual" de Death remasterisé à partir de ses une minute trente à l'aide d'une basse plus audible), il arrive à captiver l'écoute. Avec "Paths Of Obedience", on pénètre dans une dimension véritablement violente mais avec une constante sinistrement délectable qui attire indubitablement... et si Linda Blair disait "Maman tu vas mourir là-haut", soyez sûrs qu'avec cet album la terreur psychologique sera égale. Grâce à des chansons dont la longueur varie de piste en piste pour ne pas nous perdre en chemin et conserver un fil conducteur, The Negation dirige en chef d'orchestre cette " danse macabre" black metal où les accélérations "blast-matiques" prennent une vitesse exponentielle au fur et à mesure de l'écoute. "The Garden Of Extasy" commencera à préparer le terrain en prévision d'un achèvement sanglant. Telle une vierge de fer sadique et vicieuse, les derniers titres prennent un élan dans leurs parties black sauvages ("Heels") tout en conservant l'intensité opaque des passages plus rythmés black / death. Et comme ce vieux cerf malade agonisant on découvre l'avant-dernier titre "In Agony" qui pénètre notre âme comme la peste bubonique a pénétré et décimé l'Europe au XIIIème siècle. Esseulé, fatigué, terrorisé, c'est dans ce traumatisme ambiant que l'outro de trois minutes trente nous ferme doucement les yeux après avoir certifié l'état catatonique cérébral , car s'il eut été éprouvant tout autant qu'exquis d'écouter ce premier album de The Negation muni d'une production impeccable, ce dernier titre en guise d'outro cinématographique finit de poser le contexte angoissant que "Path Of Obedience" avait annoncé en début de séance... Un véritable voyage en terre maudite se profile à l'horizon avec ce premier album, et le noir pourrait bien voir sa définition remise à jour...


Arch Gros Barbare
Février 2014


Conclusion
Le site officiel : www.thenegation.bandcamp.com