"1901: The First Mother"
Note : 18/20
The Modern Age Slavery est à nouveau en marche. Créé en 2007 en Italie par Giovanni
"Gio" Berserk (chant), Luca "Cocco" Cocconi (guitare) et Mirco Bennati (basse), le
groupe compte également depuis 2016 sur Federico Leone (batterie, Ultra-Violence, live
pour Hierophant) et Ludovico Cioffi (guitare / orchestrations, Nightland, Delain, live pour
Fleshgod Apocalypse). Les cinq musiciens annoncent en 2023 la sortie de "1901: The First Mother", leur quatrième album, chez Fireflash Records.
Dès "Pro Patria Mori", le premier morceau, le groupe annonce immédiatement la puissance
de son mélange entre deathcore et death metal en laissant des riffs solides, plus tard
rejoints par les hurlements, adopter des orchestrations majestueuses. On notera également
une approche assez technique de la rythmique avant un final moderne et inquiétant, suivi
par l’écrasante "KLLD", composition déjà dévoilée par le groupe pour présenter l’album. Cris
bruts et riffs agressifs coopèrent pour faire du titre un véritable rouleau compresseur qui
intègre également dissonance et une mosh part finale explosive, laissant "Irradiate All The
Earth" proposer des tonalités accrocheuses cybernétiques avant que la rythmique ne se
remette en marche. Les parties saccadées collent parfaitement à l’aspect glacial et massif
du son, tout comme sur "The Hip" qui vient placer des racines hardcore agressives sur des
riffs lourds. A nouveau, les samples modernes collent parfaitement à l’ambiance du titre, qui
laissera "Lilibeth", un morceau plus lent et mystérieux, développer des sonorités lancinantes
dans un premier temps pour créer un contraste intéressant avec la lourdeur et la rage qui
arrivent par la suite.
"Overture To Silence", le titre suivant, viendra à nouveau mettre en
lumière une ambiance oppressante travaillée qui s’accorde parfaitement avec des riffs
violents avant de nous laisser un très court moment pour respirer avant "OXYgen". La
noirceur et des influences indus viendront alourdir la rythmique sans jamais mettre le
groove de côté tout comme sur "Nytric" qui pioche à nouveau dans des patterns plus
techniques pour donner ce côté explosif à sa rythmique, complétée par les cris abrasifs. Le
titre nous réserve un break final accrocheur avant de laisser "Victoria's Death" nous préparer
à la déferlante suivante avec un sample pesant qui débouche sur "The Age Of Great Men" et
ses tonalités sombres nous étouffer avant que les riffs lourds ne prennent place. Les
murmures ajoutent un côté pesant à ces parties inquiétantes, laissant toute la puissance aux
refrains, avant que le groupe ne referme son album avec "Blind", titre iconique de Korn,
auquel sa touche lourde et saccadée colle parfaitement, même en chant clair.
Ne pensez pas ressortir indemne d’une expérience avec The Modern Age Slavery. En plus
de riffs lourds et saccadés, "1901: The First Mother" offre une réflexion complétée par une
brutalité sauvage mais travaillée qui vous brisera la nuque en un rien de temps.
"Stygian"
Note : 17/20
Lorsque l'on m'a affecté cette chronique, je ne connaissais absolument pas le groupe. Puis, j'ai remarqué que The Modern Age Slavery, qui vient de sortir "Stygian", son troisième album, comptait depuis 2016 dans ses rangs Ludovico Cioffi, guitariste de Nightland et Federico Leone, batteur d'Ever-Frost. Dès lors, j'ai accordé une attention toute particulière au groupe de deathcore italien, qui est également composé de Mirco Bennati (basse), Luca "Cocco" Cocconi (guitare) et Giovanni "Gio" Berserk (chant). Et je dois dire que je n'ai pas été déçu.
En débutant avec "Prelude To An Evolution", les Italiens dressent le décor. Ce sera sobriété, rigueur et surtout puissance. Impression confirmée avec "The Reprisal Within", qui ne laissera absolument pas place à la paresse, malgré les harmonies dissonantes qui peuvent apparaître parfois sous les hurlements de Giovanni. Le groupe prend le temps d'inclure un solo particulièrement épique avant de passer à "Miles Apart", qui fera probablement son impression auprès des fans de rythmique violente autant que de parties atmosphériques. En effet, ce titre mêle habilement les deux aspects du deathcore dans un seul et unique corps qui s'anime sous nos yeux. Des hurlements beaucoup plus véloces animeront "The Theory Of Shadows", tout en jouant sur des accents épiques au possible, et une rythmique pachydermique ponctuée d'harmoniques. "The Place We Call Home" ajoute des riffs rapides et quelques sonorités dérangeantes au mélange, poussant l'expérience toujours un peu plus loin dans la violence. Le début d'"A Stygian Tide" ne laissera absolument personne indifférent, puisque le riff introductif est tout bonnement le plus épique et le plus lourd de l'album. Le titre suivant, "The Hollow Men" débute avec un sample inquiétant, et poursuivra sur cette dynamique, que ce soit avec la rythmique ou avec la guitare lead. Le chant n'est pas en reste, puisque quelques murmures sont à prévoir lors de cette aventure, mais c'est "Regression Through Learning" qui attire soudainement mon attention. Alors que la rythmique me rappelle le death mélodique des débuts, les riffs suivants sont beaucoup plus dérangeants. Alors que le groupe n'est absolument pas à bout de souffle, ils choisissent de terminer l'album avec une cover. Et pas des moindres, puisqu'il s'agit de "Standblasted Skin" de Pantera. Alors que les puristes crieront au massacre, je trouve que cet hommage est très réussi. L'aspect de base du titre est parfaitement conservé.
Le groupe se démène pour prouver son sérieux et sa motivation avec ce troisième album, sans jamais lâcher ses racines qui les suit depuis les premiers riffs. "Stygian" renforce clairement la discographie du groupe, il apporte une pierre à son édifice ensanglanté. Je vais maintenant m'intéresser de très près à l'actualité des Italiens, tout en guettant une date française !
"Requiem For Us All"
Note : 16/20
Voir un combo italien pratiquer un brutal death aussi décisif est assez rare pour être pris en considération. Six années seulement d’une carrière déjà bien remplie, débutée sous une influence clairement deathcore, j'en veux pour preuve cette première démo éponyme en tête du classement mensuel du Hard Rock Mag teuton et aux influences très Carniflex, voix rageuse, blast deathcore.
Cette révélation médiatique eut pour conséquence l’arrêt des activités "underground" du groupe, les fans de la première heure leur ayant clairement tourné le dos, mais également l’opportunité de réaliser leur premier album, "Damned To Blindness" qui, sans être un total succès critique, révèle une formation au potentiel créatif réel, trouvant écho auprès de nouveaux fans.
Le tournant d’une carrière certes récente, mais qui les voit, avec consécration, rejoindre l’Evisceration Plague Tour au côté d’Obscura, Dying Fetus et Cannibal Corpse avant d’occuper une place importe sur le Doomsday X Tour au côté de Malevolent Creation et Vomitory.
Une expérience qui laissera des traces dans le processus créatif de The Modern Age Slavery, délaissant leur core pour un brutal sans concession. Ce qui n’empêchera pas les Italiens de renouer avec leurs racines originelles au côté de Suicide Silence lors de leur campagne italienne en 2012.
En parallèle, Gio et sa bande préparent un successeur plus musclé à "Damned To Blindess", avec toujours une forte teneur politique comme son nom l’indique : "Requiem For Us All" annonce un tournant décisif dans la direction artistique du groupe, avec pour fil directeur une brutalité sonore qui décontenancera les amateurs du premier album.
A commencer par le premier titre, "Requiem For Us All" justement, son intro sinistre débouchant sur une avalanche de blast à la Kalash, alternance de chants growlé / hurlé, rythmique constante, linéaire avec de très légères variations ne laissant aucun répit, créant une ambiance très martiale.
Il en sera de même pour le reste de l’album.
"The Dawn Prayer" qui se permet tout de même une nappe mélodique à mi-compo et toujours des variantes rythmiques dans les blasts, tout en contrôle, idem pour "The Silent Death Of Cain" avec quelques progs en plus.
"Ivory Cage", titre désespéré et nihiliste, voit Gio opter pour une voix nasillarde et caverneuse, tourmentée, remplie de douleur, efficace et oppressant.
"Opiate For The Masses" est plus cadencé, très rapide dans son exécution avec un refrain intéressant lorgnant vers une écriture plus thrash.
"Slaves Of Time", titre convenu mais également le plus dispensable de l’album, surtout comparé à l’apocalyptique "Icon Of A Dead World" et sa cadence limite mid tempo, sa voix hurlée rappelant la période deathcore du combo.
"Requiem To My Nation" est probablement le titre le plus étrange entendu sur un album de brutal death, une minute vingt de narration sur des riffs fuselés, l’ensemble s’étouffant dans un effet fondu, lent et suffocant.
The Modern Age Slavery nous offre une reprise d’exception pour clôturer ce nouvel opus et finalement plutôt facile à deviner vu la tournure politique de celui-ci : "Arise", un des hymnes du père Cavalera, surpuissant, poussé à l’extrême, grosse caisse omniprésente et chant growlé / thrashé pour un hommage épilogue à un album jouissif dont les lyrics se différencient de ce que le genre peut produire actuellement.