Le groupe
Biographie :

The Lion's Daughter est un groupe de black / sludge metal progressif américain formé en 2007 et actuellement composé de : Erik Ramsier (batterie), Scott Fogelbach (basse / Bastard, ex-Harkonin) et Rick Giordano (guitare, chant / Ssothm, ex-Calico System). The Lion's Daughter sort son premier album, "Shame On Us All", en Juin 2012 chez Pissfork Anticulture, suivi de "Existence Is Horror" en Janvier 2016 chez Season Of Mist, de "Future Cult" en Juillet 2018, de "Skin Show" en Avril 2021, et de "Bath House" en autoproduction en Octobre 2023.

Discographie :

2011 : "The Forgotten Masters" (EP)
2011 : "Hemimetabolous" (EP)
2012 : "Shame On Us All"
2016 : "Existence Is Horror"
2018 : "Future Cult"
2021 : "Skin Show"
2021 : "Turbo Covers" (EP)
2023 : "Bath House"


Les chroniques


"Bath House"
Note : 16/20

La musique des Américains de The Lion's Daughter n'a jamais été destinée aux frileux, il y a tellement d'influences différentes qui s'entrechoquent dans ce metal extrême qu'ils auraient vite fait de fuir à toutes jambes. Le cinquième album du groupe, "Bath House", ne risque pas de changer la donne puisque le chanteur guitariste Rick Giordano a annoncé qu'il contient quasiment tout ce qu'il écoute !

On avait déjà eu droit sur le précédent album à des sonorités synthwave et des mélodies sales mais accrocheuses en plus des influences black, death, ou encore sludge qui gambadent joyeusement là-dedans en posant leurs ambiances crades et malsaines. Le morceau-titre ne nous fait pas perdre de temps et balance des riffs très thrash avec déjà une ambiance inquiétante et malsaine avec ces claviers dissonants. Une ouverture d'album on ne peut plus directe qui envoie même un refrain très accrocheur et mélodique au milieu de toutes ces immondices sonores. Une fois de plus, The Lion's Daughter marque sa singularité et ne fait rien comme les autres ! "Maximize Terror" enchaîne avec quelque chose de plus frontal et chargé de blasts, pourtant là aussi la mélodie se fait un chemin et trouve le moyen de se faire entendre au sein de la furie ambiante. On a même droit à des riffs pas loin du heavy ou du speed metal. La lourdeur dégueulasse que fait entendre "Your Pets Died On TV" rend le contraste encore plus violent tant l'enchaînement est abrupt ! L'ambiance se fait bien plus noire et menaçante, les riffs ralentissent sérieusement le tempo et les claviers viennent une fois de plus installer un climat très malsain. Une fois de plus, le groupe ne se fixe aucune limite et utilise tout ce qui lui tombe sous la main pour créer un univers à part, pas très accueillant au premier abord mais très intéressant à explorer car très riche. Il faudra évidemment être un minimum aventureux pour avoir une chance d'apprécier ce qui se passe pendant les quarante minutes de ce "Bath House", mais comme d'habitude avec ce groupe les efforts consentis seront récompensés.

"Liminal Blue" amène un peu d'air avec sa mélancolie et ses mélodie plus aériennes, un répit qui est vite brisé par le bien plus sale et tranchant "Rerouted". Un morceau qui arrive pourtant à proposer quelques passages plus expérimentaux, plus planants et menaçants voire limite psychédéliques. Ajoutez à ça un feeling industriel et quelques blasts et vous avez de quoi vous faire ramoner joyeusement les tympans ! Comme si le groupe n'avait pas encore assez fait le yoyo entre ses différentes influences, "12-31-89" ressort les influences synthwave lui aussi en plus d'un tempo très lourd et d'une froideur qui amène là encore au metal industriel. "Bath House" est typiquement le genre d'album qui oblige quasiment à faire un track by track tant il y a de sonorités différentes contenues là-dedans. Vous n'en tirerez pas la substantifique moelle après une poignée d'écoutes, ce nouvel album est faussement immédiat et accrocheur comme ses prédécesseurs. Quand vous croyez l'avoir saisi, vous notez d'autres détails qui vous avez échappé et la musique du groupe vous glisse entre les doigts. Nombreux sont ceux qui prétendent que le metal n'a plus rien à offrir, ils sont invités à jeter une oreille attentive à ce nouvel album et au reste de la discographie de The Lion's Daughter. Notons d'ailleurs que ce nouvel album sort en autoproduction sans aucun label, le groupe ayant probablement voulu garder le contrôle total sur ce qu'il produit, même si sa liberté artistique n'avait pas l'air d'être entravée par le passé. Nous ne pouvons que saluer la démarche d'artistes qui prennent le risque de tout faire eux-mêmes, tout comme la volonté de n'en faire qu'à sa tête.

The Lion's Daughter est toujours aussi aventureux et particulier et "Bath House" est une pierre de plus à l'édifice étrange que le groupe bâtit depuis ses débuts. Il faudra avoir un minimum d'ouverture d'esprit pour apprécier la musique du groupe comme d'habitude, mais si vous vous sentez l'âme d'un explorateur de l'extrême sonore vous pouvez y aller les yeux fermés et les oreilles ouvertes.


Murderworks
Décembre 2023




"Skin Show"
Note : 16/20

Vous aimez voir mal ? Tant mieux parce que les sauvages de The Lion's Daughter sont de retour avec un quatrième album, "Skin Show". Le précédent album nous avait réservé quelques surprises par le bias de quelques sonorités electro que l'on retrouve d'ailleurs cette fois, confirmant le virage pris par "Future Cult".

Ces influences synth-wave reviennent dès "Become The Night" et installent directement une ambiance froide, glauque presque clinique qui sied à merveille à la musique de The Lion's Daughter. L'accélération et les riffs black metal ne tardent pas à revenir et avec ces sonorités par dessus cela crée un décalage assez malsain et étrange, un décalage d'autant plus surprenant que le refrain est très accrocheur et même presque dansant ! L'approche du groupe se fait cette fois moins frontale et plus insidieuse, les riffs poisseux sont toujours là mais les mélodies se font un peu plus accrocheuses et les sonorités synth-wave s'intègrent plus naturellement. On est finalement assez proche de ce que proposait le morceau "Die Into Us" sur le précédent album donc on n'est pas vraiment dépaysés. On ne peut pas vraiment dire que The Lion's Daughter est devenu accessible pour autant, il a certes mis de l'eau dans son vin mais l'agression est toujours présente et l'ambiance générale reste menaçante. On sent quelque chose de calculateur, froid, clinique, déshumanisé par ici et cela ne contribue pas à rendre la bête plus accueillante. Ce côté accrocheur et mélodique de "Skin Show" est trompeur et vous séduit de face pour mieux vous planter une lame rouillée dans le dos. Il reste encore quelques explosions de violence, "Werewolf Hospital" par exemple ressort les blasts et le morceau reste assez méchant. Par contre, la production volontairement sèche et propre ajoute encore un côté clinique justement, qui, je pense, est voulu d'après la pochette de l'album et l 'ambiance générale que dégage "Skin Show". Un parti pris qui ne plaira pas à tout le monde mais qui reste cohérent et qui fonctionne plutôt bien avec ce que le groupe fait maintenant.

Nul doute que certains regretteront la violence et la brutalité d'antan, mais The Lion's Daughter avait déjà montré avec "Future Cult" qu'il allait évoluer et que la direction prise allait changer. Le risque prit est à saluer et le groupe montre au moins qu'il n'en fait qu'à sa tête et qu'il sait où il veut aller, à chacun de suivre le pas ou non. Il y a certains détails qui vont hérisser le poil des puristes, notamment ce rythme très dansant une fois de plus sur "Sex Trap" avec là encore les fameuses sonorités synth-wave en appui. Pourtant, les mélodies et les riffs restent sombres, parfois sales et malsains, parfois faussement accueillants, mais toujours sournois d'une façon ou d'une autre. Il est du coup bien difficile de coller une étiquette là-dessus puisque le groupe est parti d'une sorte de black / sludge dégueulasse et poisseux et y a ajouté des éléments electro. Ajoutez y maintenant une orientation encore un peu plus accrocheuse et froide et vous obtenez un mélange particulier qu'ils sont, je pense, les seuls à faire. Un très bon moyen de se démarquer et de développer une personnalité musicale, même si comme toujours avec ce genre de démarche ça ne plaira pas à tout le monde. On sent The Lion's Daughter plus contrôlé, moins furieux, moins frontal et plus mélodique. Plus mou dirons certains, ce qui ne sera pas totalement faux d'ailleurs. Mais si on recherche autre chose que de la brutalité bête et méchante, le groupe a clairement un univers à lui et propose quelque chose de relativement original. Sans compter que les morceaux sont bons et que "Skin Show" reste efficace et percutant de bout en bout, il n'y a pas de raison de râler en dehors des habituels divergences de goûts.

The Lion's Daughter continue la mue débutée sur "Future Cult" avec l'ajout de sonorités synth-wave sur un metal extrême qui se fait cette fois plus mélodique, plus accrocheur, moins frontal. La violence est toujours présente lors de quelques accélérations, mais le reste du temps elle s'exprime de façon plus sournoise et volontairement clinique. Tout le monde n'accrochera pas à ce nouveau visage mais l'album est bon, le mélange fonctionne et le groupe développe du coup une personnalité à part.


Murderworks
Juillet 2021




"Future Cult"
Note : 16/20

Je vous avez parlé de The Lion's Daughter en 2016, ces cinglés qui avaient pondu un album qui mixaient en gros toutes les tendances les plus sales et les plus violentes du metal en un pavé crasseux qui vous lacérait les tympans. Ils sont de retour avec "Future Cult" et ils sont revenus avec quelques surprises dans leur besace.

Et là, vous croyez naïvement qu'ils se sont calmés et qu'ils ont mis plus de mélodies dans leur musique mais pas du tout. Enfin si, en quelque sorte, mais ce ne sont pas des mélodies accrocheuses que vous allez pouvoir chanter sous la douche, ce sont plutôt celles qui posent une ambiance encore plus crado que d'habitude. Si le morceau éponyme qui ouvre l'album peut faire illusion avec un tempo au départ assez posé aux sonorités synth wave assez étranges, la fin du morceau rappelle déjà les bêtes. Pas mal de sonorités electro volontairement cheap et sales se sont infiltrées sur ce nouvel album et ajoutent à la musique de The Lion's Daughter un côté encore plus malsain. Ajoutez à cela des riffs plus orientés black metal et vous aurez une idée du climat dégueulasse qui règne ici. Le chant est toujours arraché et saturé, assurant un viol total de vos tympans sans aucune pitié. Pour le reste, si le groupe fonce un peu moins tête baissée dans le tas, il n'en est pas devenu plus sage pour autant, sa violence se fait plus insidieuse, plus inquiétante et si la folie a pris une autre forme elle suinte encore de tous les pores sur ces trente-huit minutes. "Die Into Us" met lui aussi bien en avant ces sonorités proches de la synth wave qui évoqueraient presque un Perturbator ou un Carpenter Brut (encore plus flagrant sur "The Grease Infant"), des sonorités qui habitent l'intégralité de "Future Cult" et qui, contre toute attente, vont comme un gant à The Lion's Daughter. L'ambiance est de facto bien plus plombée que sur "Existence Is Horror", le désespoir prenant ici la place de la rage à la limite de la haine pure et dure qui habitait le précédent album.

Les plus bourrins regretteront peut-être que le groupe soit moins frontal cette fois, mais croyez-moi que l'ambiance générale n'est pas à la fête sur ce nouvel album. D'autant que le tempo ne s'est pas vraiment posé non plus, les blasts sont toujours présents et se font très souvent entendre. C'est le côté sludge et rampant de "Existence Is Horror" qui a disparu ici, les mélodies prennent la place qu'avaient auparavant les riffs boueux et écrasants, sauf qu'au lieu d'adoucir le propos elles amènent une ambiance extrêmement froide. Les accès de rage continuent cependant de se faire entendre et un morceau comme "Suicide Market" ne fait pas semblant de vous jeter ses démons en pleine figure. Que ce soit sur cet album ou sur le précédent, la catharsis saute aux oreilles, on sent de suite que rien n'est calculé chez The Lion's Daughter, la rage vous pète à la tronche, le désespoir vous tombe dessus comme une enclume jetée du douzième étage et ces dix morceaux pourraient être qualifiés de musicalement insalubres tant ils semblent évoluer au milieu des ruines. Pas besoin de s'étaler, trente-huit minutes ça peut paraître modeste comme durée pour un album mais il ne faut pas plus à The Lion's Daughter pour vous retourner l'estomac et installer le malaise. En tout cas, saluons la démarche du groupe de vouloir bousculer ses habitudes et de proposer un visage différent sur cet album, d'autant que la transformation est réussie et colle parfaitement aux ambiances développées sur "Future Cult".

Nouvel album déroutant certes mais très bon et toujours aussi honnête dans sa démarche. Une catharsis certes moins boueuse et sludge que "Existence Is Horror" mais bien plus froide et désespérée tout en étant aussi violente et sale. Si la surprise vous paraît trop grande au premier abord, insistez quand même, "Future Cult" vaut la peine que lui prêtiez votre attention.


Murderworks
Décembre 2018




"Existence Is Horror"
Note : 15/20

Ne me demandez pas pourquoi mais la première fois que j'ai vu le nom "The Lion's Daughter", je m'attendais à du prog ou du heavy metal épique à l'ancienne, mais pas du tout ! Le groupe officie dans un mélange qualifé de progressive / blackened sludge (j'y étais presque), donc un truc à priori bien poisseux et brutal comme on aime.

"Existence Is Horror" est donc le deuxième album du groupe après un "Shame On Us All" qui ne faisait déjà pas vraiment dans la dentelle et qui affichait un taux de dégueulasserie et de brutalité primaire bien au dessus de la normale. D'ailleurs soyons honnêtes, si j'entends facilement le "blackened" et le "sludge", j'avoue qu'à la première écoute j'ai eu un peu plus de mal entendre le "progressive", même si je sais bien que le terme est utilisé ici dans le sens "qui fait évoluer un style en le croisant avec d'autres sonorités". Ce qui n'enlève absolument rien à la qualité de l'ensemble par ailleurs. Si vous êtes venus chercher de la crasse et de la violence, ça tombe bien parce que c'est précisément ce que ces malades vont vous balancer en pleine tête. "Mass Green Extinctus" démarre effectivement par des dissonances typiques du black avant de partir sur du blast couvert par des hurlements de psychopathe et des structures assez tortueuses (ah ben le vlà le progressif !). On comprend directement qu'on va avoir affaire avec un pavé bien malsain et baveux, le genre à vous dégouliner lentement dans les conduits auditifs en laissant une bonne sensation de brûlure derrière lui. Les non-initiés vont souffrir à l'écoute de "Existence Is Horror", car même s'il ne dure que 39 petites minutes, il va mettre vos tympans et vos nerfs à rude épreuve. Quand les rifss ne sortent pas directement du black metal ou du sludge, c'est qu'ils sentent très fort le grindcore, rajoutez à ça le fait que la musique de The Lion's Daughter est terriblement malsaine et torturée et vous obtenez un cocktail pour le moins explosif.

Les dissonances que le groupe balance régulièrement ne sont pas un simple exercice de style, elles appuient l'ambiance et pousse les niveaux de la jauge de crasse dans le rouge. Un morceau comme "Nothing Lies Ahead" est littéralement flippant, ça pue le psychopathe à plein nez et plus on avance dans le morceau, plus le groupe pète les plombs et part en vrille ! Pour faire simple, si on devait accoler un synonyme à côté du titre de l'album, on pourrait coller un gros "catharsis". Je vais oser une vanne pourri avec le nom du groupe, je crois qu'ils l'ont bouffé le lion.... voilà, vous pouvez jeter les tomates. A noter que contrairement à ma vanne, la production est excellente, l'album bénéficie d'un son à la fois sale, puissant et organique, parfaitement adapté à ce genre de saloperies auditives. Globalement, on est en tout cas à des années-lumière d'un Anaal Nathrakh par exemple qui essaie lui aussi de mixer black, death, grind et autres saletés pour produire une mixture ultra violente et sombre, qui fonctionnait sur leurs premiers albums mais qui ressemble maintenant à une vaine tentative de coller à une image de marque. Chez The Lion's Daughter c'est authentique, ça prend aux tripes, ça pue la folie et le cadavre à des kilomètres et ça ne fait pas de prisonniers. Malgré ça, on est loin d'un bourrinage intensif bête et méchant, la groupe prend le temps de placer des ambiances toutes plus crades les unes que les autres et n'hésite pas à lever le pied si le morceau l'exige.

Un deuxième album encore plus taré, plus sale et plus malsain que son prédécesseur, ce qui n'était pas une mince affaire ! The Lion's Daughter confirme tout le bien qu'on pensait de lui depuis la sortie de "Shame On Us All" et nous balance un pavé crade et abrasif dans les esgourdes, et le pire c'est qu'on en redemande !


Murderworks
Mars 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/thelionsdaughter