"Rumble Of Thunder"
Note : 16/20
Une des plus belles choses à propos du metal est sans doute son côté international. Certains pays sont sans doute plus productifs que d’autres, il n’y a qu’à penser à l’Allemagne, la Suède, la Norvège, la Finlande ainsi que les Etats-Unis, cependant, avec bien peu de recherche, il est pratiquement possible de trouver un groupe de metal n’importe tout autour du globe. N’empêche, je demeure convaincu que vous ne pensiez pas, et je m’inclus dans le lot, à la Mongolie lorsqu’il est question de metal.
Pourtant, c’est bien de cette contrée que vient The Hu, présentant ici son deuxième album. Ceux-ci ont fait le buzz en 2019 lorsqu’ils furent mis de l’avant, présenté comme un groupe de Mongolie, mélangeant habilement les guitares électriques avec des chants de gorge traditionnels mongoliens, du même coup mettant en lumière leur culture, mais dans un contexte rock / metal.
"Rumble Of Thunder" débute avec "This Is Mongol", une pièce rock plutôt standard, rappelant AC/DC dans la forme, à la différence que le chant, plutôt qu’être haut perché, s’avère hyper grave, un peu à la manière de Ramsteinn. Par la suite, sur la deuxième pièce, "YUT Hövende", c’est avec une rythmique une peu plus galopante, qu’entre en scène des instruments plus singuliers comme le violon, et autres inhabituels dispositifs typiques de la culture mongole. Cela se poursuit sur la particulière "Triangle", avec sa rythmique pop accompagnée d’une espèce de guimbarde. Le groupe démontre ensuite une certaine forme de vitesse sur "Black Thunder", et ce changement dans le rythme est bienvenu. Moi qui suis constamment à la recherche de diversité et d’originalité, me voilà tout de même servi. En effet, qui ne serait pas surpris par la pièce "Mother Nature", sorte de "Every Rose Has His Thorn" mongol !
En lisant leur biographie, je m’attendais peut-être à un groupe plus surprenant qu’il en est vraiment au final. Cependant, j’ai vraiment aimé l’impression de transe venant de leur musique, dans la répétition des riffs ainsi que les voix hyper graves, proche du mantra. Au contraire des albums de folk metal typique, qui se rapprochent souvent du power metal, la musique de The Hu se veut plus près d’un rituel, mais metal !
Sans nécessairement sortir du lot, je crois que pour votre propre curiosité, il serait intéressant que vous preniez le temps d’écouter cette singulière formation qu’est The Hu, ne serait-ce que pour voir leur propre interprétation culturelle du metal.
"The Gereg"
Note : 16/20
Vous n’avez pas pu échapper au phénomène The Hu. Bien que créé en 2016, le groupe a
fait des émules depuis leur Mongolie natale, d’où ils composé leur musique, entre rock,
metal et surtout musique traditionnelle mongole. Galbadrakh Tsendbaatar (morin
khuur / chant), Nyamjantsan Galsanjamts (tumur khuur / chant), Enkhsaikhan Batjargal
(morin khuur / chant) et Temuulen Naranbaatar (tovshuur / chant) nous offrent "The Gereg" en
Septembre 2019, qu’ils défendent sur scène avec Jambaldorj Ayush (guitare), Batkhuu
Batbayar (basse), Unumunkh Maralkhuu (percussions) et Odbayar Gantumur (batterie)
depuis la mi-2019.
Mais le groupe a décidé de pousser leur concept encore plus loin. Car oui, leur mélange
rock / metal et musique traditionnelle mongole est d’une efficacité redoutable (il n’y a qu’à
voir leur tournée européenne complète et la capacité fédératrice du groupe sur scène), entre
un "Wolf Totem" sur lequel on laisse notre esprit vagabonder, "Shoog Shoog" et ses accents
folk entraînants, la ballade nommée "The Great Chinggis Khaan" sur laquelle on suit le
groupe dans une chevauchée fantastique, la dansante "Yuve Yuve Yu", l’envoûtante "Shireg
Shireg"… L’album est littéralement rempli de morceaux dont la rythmique reste en tête, dont
le chant guttural diphonique nous fait voyager sur des milliers de kilomètres à travers les
steppes et dont les instruments nous font ce lien si fragile entre rêverie et réalité. Mais grâce
à ses influences et sa puissance, The Hu a pu collaborer avec Jacoby Shaddix (Papa
Roach) pour un "Wolf Totem" aux accents nu metal énergique, mais également avec Danny
Case (From Ashes To New) pour ces influences metal alternatif qui se muent parfois en
hurlements lointains. Et la collaboration qui à mes yeux est la plus intéressante, c’est "Song
Of Women", sur laquelle Lzzy Hale (Halestorm) prête sa voix. Deux univers, deux tonalités,
mais une seule et même volonté, une union incroyable grâce à ces deux personnalités
fortes aux voix incroyables.
Vous pensez que l’album est terminé ? Que nenni. Prêtez donc attention aux trois versions
acoustiques de "Shireg Shireg", "Yuve Yuve Yu" ainsi que "Shoog Shoog". Les trois titres étaient
déjà impressionnants et prenants à la base, mais ces versions leur donnent une autre
dimension, plus calme, plus douce. Mais cet univers qui nous est presque inconnu prend à
nouveau le dessus, et le dépaysement est cette fois total.
Les journaux en ont parlé, mais The Hu n’a clairement pas usurpé sa réputation. Avec cette
nouvelle version de "The Gereg", les mongols parviennent dans un premier temps à nous
faire voyager, puis à relier leur musique à celle que nous connaissons et apprécions, puis ils
nous font partir loin, très loin. Si vous n’avez pas déjà tenté l’expérience, vous êtes invités à
le faire de toute urgence.
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