"Songs Of Last Resort"
Note : 18/20
2025 est l’année de The Haunted ! Absents des studios depuis huit ans, Jonas Björler (basse, At The Gates), Adrian Erlandsson (batterie, At The Gates, The Lurking Fear, ex-Brujeria, ex-Cradle Of Filth, ex-Paradise Lost…), Patrik Jensen (guitare, Witchery, The Halo Effect en live), Marco Aro (chant, ex-The Resistance) et Ola Englund (guitare, Feared, ex-Six Feet Under) renouvellent leur contrat avec Century Media pour la sortie de leur dixième album, "Songs Of Last Resort".
"Warhead" débute avec un son étrange et inquiétant, mais les riffs tranchants ne tardent pas à surgir, accueillant par la suite les parties vocales féroces qui renforcent l’assaut et nous poussent au headbang. Les leads complètent parfaitement la rythmique épaisse tout comme sur "In Fire Reborn" qui prend rapidement la suite et révèle sans attendre sa force de frappe tout en restant ancré dans une touche mélodieuse entêtante sur les refrains intenses et parfois même un peu mélancoliques. Le solo ne fait que renforcer les sonorités old school tout comme "Death To The Crown" qui s’embrase d’un seul coup et devient très agressive avec une rythmique saccadée assez simple mais directe et accrocheuse, mais le morceau ralentit et devient plus lourd avant de rejoindre "To Bleed Out" qui s’oriente vers une approche plus aérienne. Les riffs conservent une cadence assez soutenue tout en ajoutant ses leads épiques aux refrains, puis c’est avec "Unbound" que les racines les plus sauvages se déchaînent tout en tirant profit de toutes ses influences pour rendre le morceau virulent.
On retrouve les palm mutes pesants sur la fin, puis un groove brut sur "Hell Is Wasted On The Dead" qui nous piétine sans ménagement et profite de ses racines thrash pour placer un blast quasi permanent. "Through The Fire" propose des patterns assez similaires et largement propices au mosh en live, chose très prometteuse que l’on retrouve également sur "Collateral Carnage" qui - bien que son intro soit assez intrigante - s’alourdit et propose de nouvelles influences massives, mais aussi ces pointes de dissonance apaisante. Les harmoniques volent également sur "Blood Clots", sorte d’interlude qui nous permet de respirer un moment avant que "Salvation Recalled" ne nous fonde dessus sans aucune pitié, faisant ressortir les instincts les plus sauvages des musiciens. La fin de l’album se rapproche avec "Labyrinth Of Lies", morceau plus lent et mystérieux qui s’appuie sur des leads dissonants et restera assez éthéré jusqu’à rejoindre l’inquiétante "Letters Of Last Resort" qui explose assez régulièrement et nous offre nos dernières séances de headbang avant de clore l’album.
Le retour de The Haunted est plus que réussi ! Si sur scène, les Suédois étaient déjà en très grande forme, "Unseen" nous prouve leur détermination et leur puissance brute avec des nouveaux morceaux qui restent parfaitement dans la veine des précédentes sorties.
"Strength In Numbers"
Note : 16/20
Quand on parle de The Haunted, un débat sempiternel et récurent à en devenir traditionnel fera obligatoirement son apparition : période Peter Dolving ou période Marco Aro ? La question fera toujours débat et entraînera peut-être, dans de rares cas, des insomnies chez certains. Mais dans la majeure partie des discussions sur la chose, la question restera certainement en suspens après avoir été posée. Tout comme une autre question d’ailleurs, puisque si le choix se porte sur Peter Dolving, tandis que certains citeront "rEVOLVEr" comme leur album préféré, d’autres s’égosilleront à leur rétorquer "The Dead Eye". En revanche, s’il se porte sur Marco Aro, tandis que certains diront d’un air déterminé "Exit Wounds", d’autres préféreront leur aboyer "One Kill Wonder" ou désormais "Strength In Numbers". Bref, la question est loin d’être réglée et avec elle, nombreuses sont les amitiés qu’une réponse ne faisant pas l’unanimité est susceptible de briser. Quoi qu’il en soit, en 2017, c’est bien Marco Aro qui reprend le micro pour aider le quintette à pondre "Strength In Numbers". Alors ni une ni deux, mais plutôt une et deux, en route pour se prendre du bon Marco Aro dans la tronche (et je ne parle même pas du dégât si le bougre se laisserait tenter par un mosh sur la tête d’un fan...).
Et assez étrangement, ce nouvel album ne démarre pas tant sur les chapeaux de roues que ça, mais préfère opter pour une piste instrumentale introductive qui ne fait que monter crescendo pour annoncer les gueulantes de Marco Aro et qui, pourrait-on dire, reposerait presque les écoutilles ("Fill The Darkness With Black"). Et puis, c’est définitivement lancé, ce "Strength In Numbers" s’excite avec un "Brute Force" qui s’occupe de ravager instantanément les oreilles. La suite suit directement cette entrée en bouche et n’est qu’amas d’une violence débridée à en faire pâlir les spectateurs attendant une éventuelle confrontation retour McGregor / Mayweather sur un ring de MMA. Combat du siècle ou non, "Strength In Numbers" livre une brutalité à l’état pur qui rappelle ce qu’est Marco Aro dans The Haunted : un frontman énergique pour des vocales terriblement agressives ("Spark", "Means To An End"). Et même si, en live, le sieur a une fâcheuse tendance à s’éclater le micro sur la tête à s’en ouvrir le crâne, sur album, il étale une palette vocale assez variée et travaillée ("Monuments"). Quoi qu’il en soit, de ses titres les plus rapides ("Tighten The Noose" par exemple) à ses titres les plus lentement gras ("This Is The End"), cet album sonne comme un tout unique, ce qui rend l’écoute très agréable en dépit de la hargne arrangée dont cette œuvre dispose et qui pourrait en rebouter certains.
Globalement, même si certaines pistes s’écartent parfois des sentiers battus ("Strength In Numbers", "Preachers Of Death"), la plupart de cet album nous renvoie à la face ce à quoi The Haunted nous a habitué : un thrash moderne qui semble trempé dans des affaires louches avec pas mal d’autres styles, notamment le death, le hardcore et bien évidemment le groove ("The Fall"). L’instrumental varie donc mélodies taillées et riffs rentre-dedans, ou encore envolées solistes et rythmiques crashs et cash. Pour le reproche, "Strength In Numbers" est un bon album mais qui n’apporte malheureusement pas beaucoup d’expérimentations ou de nouveautés au son de The Haunted. Mais à ne pas s’y méprendre pour autant, "Strength In Numbers" est un excellent défouloir qui ne sera pas une désillusion ni une déception pour la nuque en quête de sensations fortes. Ainsi, "Strength In Numbers" emprunte les pas tracés par "Exit Wounds" sans toutefois le dépasser. En fait, The Haunted répète ici la méthode efficace qu’il s’est tracé à travers les années et les sorties studio : un concentré acerbe de thrash, de cognards et de gueulards. En somme, un punching-ball auditif assez ravageur qui a largement de quoi faire passer Super Nanny ou Pascal le Grand Frère comme désuets quand il s’agit de calmer des gosses turbulents.
Et pour répondre à l’éternel débat Dolving / Aro, même si ce "Strength In Numbers" est un très bon cru, personnellement je resterai Peter Dolving. Peter Dolving, notamment pour les variations qu’il insère dans son chant ou les parties clean qu’il a pu pondre pour donner bien plus de profondeur à la hargne de ses vocales de gueulard. Mais peu importe, pour finir sur une touche de "Strength In Numbers", ce neuvième album des Suédois est une valeur sûre et tout amateur de violence peut s’y jeter les yeux fermés. Bref, une hargne incisive tout droit venu de Göteborg (ou presque) et qui ne fait que s’accroître depuis ces vingt dernières années. Le tout résumé en près d’une quarantaine de minutes d’un jet auditif à t’en rendre hanté par la voix de The Haunted. Plus besoin donc de gants ni même de batte de baseball pour se défouler...
"Exit Wounds"
Note : 15/20
The Haunted, ou le Santa Barbara du metal extrême : je pars, je reviens, je repars, je reviens, au risque de nuire à la carrière du groupe, surtout quand on parle d'un membre aussi important que le chanteur... N'est ce-pas monsieur Aro ? Malgré tout, The Haunted nous revient avec son nouvel album "Exit Wounds" trois ans après (n’ayant pas peur des mots), le décevant "Unseen". Si le groupe de Göteborg débarque plus motivé que jamais, force est de constater tout de même que le temps du très bon "Revolver" est révolu.
Attention, The Haunted a toujours autant la rage, la pêche et l'énergie plus que débordante, le groupe est toujours chez une major, mais le ballon se dégonfle vite, ce n'est pas que l'on s'embête sur "Exit Wounds", loin de là, mais cet album en qui beaucoup portaient beaucoup d'espoir ne révolutionne rien, on a l'impression d'avoir écouté et entendu ce style de metal extrême maintes et maintes fois...
Il est toutefois certain que si vous êtes fans de la formation suédoise, vous ne serez pas déçus, vous aurez droit à votre décharge d'adrénaline durant 14 titres et 44 minutes, rassurez-vous. Ce nouvel album de The Haunted contient son petit lot de brûlots à l'image de "Eye Of The Storm" ou "Time (Will Not Heal)" ; si l'on y regarde plus près, deux titres c'est peu pour redorer un blason. On retrouve peut-être au sein du groupe des musiciens ultra reconnus ayant joué ou jouant dans des groupes aussi prestigieux que At The Gates, Paradise Lost, Six Feet Under ou encore The Resistance mais voilà, pour The Haunted et "Exit Wounds" on dit dommage...
Je vous le répète, cet album est loin d'être mauvais, il est juste décevant, se situant un cran en dessous de ce que les musiciens du groupe sont capables de donner pour le metal. Certes c'est puissant, énergique, mélodique mais "Exit Wounds" ne marquera par l'année 2014 qui arrive peu à peu à sa fin.
C'est dommage, plus que dommage même, car les Suédois ont beaucoup de talent créatif et musical, c'est indéniable.
En conclusion, je dirais que si vous aimez le genre, ne boudez pas votre plaisir les amis, The Haunted saura avec "Exit Wounds" vous masser délicatement quelques vertèbres !
"Unseen"
Note : 10/20
Les Suédois de The Haunted sont de retour avec leur sortie de leur album "Unseen". Mélange de thrash, de death et également de compos rock, le groupe se base sur une structure certes carrée mais divergeant sur les trois catégories de styles citées précédemment. Chantant essentiellement sur une voix claire et des guitares saturées, les pistes diverses et variées apportent certains moments de bonheur comme certains moments cassant l’ambiance de la chanson. Je ne cache pas qu’il a été très dur de pouvoir étudier cet album, surtout lorsque l’on n’arrive pas à se demander si on apprécie vraiment ou pas après une dizaine d’écoutes.
Si je décortique l’album, la première piste "Never Better" commençant dans une ambiance à la Sick Of It All se tarie progressivement par des voix claires et des guitares auxquelles on aurait aimé s’attendre à plus de pêche. Le refrain reste plutôt accrocheur et la mélodie à la guitare claire marque la fin de la chanson de façon correcte. Concernant la piste suivante "No Ghost", je ne sais même pas dans quoi la classer mais ce dont je suis sûr, c’est que le chant plutôt rauque sur des guitares légérement saturées dans une ambiance rock metal ne ressemble vraiment à rien même si le pont de la chanson arrive à se dégager de façon correcte. Pour "Catch 22" et "Disappear", je reviens sur la critique de la première chanson "Never Better" où l’on a l’impression de se demander si l’on a pas mis un disque s’adressant à un plus grand public rock metal pour sa facilité d’écoute. Néanmoins, tout cela manque de pêche et d’intérêt. Pour "Motionless" et "Unseen", ces pistes arrivent à relever le niveau de l’album par son esprit rock thrash metal plus accrocheur et dont je ne me lasserai pas d’écouter. Pour les pistes suivantes, je ne ferai pas en particulier de critiques supplémentaires car ce qu’a voulu imprégner le groupe dans cet album est la variation de plusieurs styles qui ne ravira peut-être pas tout le monde en raison de leur notoriété de base plutôt thrash metal.
Même si les chansons sont plutôt bien structurées, il manque une vraie ambiance pour savoir écouter et album du début à la fin sans parfois fronçer les sourcils en se disant "Je n’aime pas ce passage". Et si je dois comparer les albums, il est clair que "Unseen" reste largement inférieur à "Versus" en matière de thrash. The Haunted risque le jeu de perdre des fans d’un certain côté mais d’en gagner de l’autre. A vos paris, Messieurs-dames.
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