Si vous pouviez écrire un message à votre vous adolescent de l’époque, quels conseils lui donneriez-vous ? Voici le concept développé par le frontman Jonathan Vigil dans ce quatrième album à l’artwork et au titre sans ambiguïté : "Dear Youth". C’est dans cette dualité avec son correspondant que le Vigil du présent cherche à donner au Vigil du passé plus d’ambition et d’optimisme afin de traverser ses combats et moments difficiles à venir. Mais aussi par la même occasion lui faire parvenir des prédictions et des mots d’encouragement afin d’améliorer sa vie. L’idée est intéressante et colle parfaitement à l’univers de The Ghost Inside (TGI) où la morosité et le pessimisme n’ont pas leur place.

Au bout d'un certain temps de carrière et de succès, la volonté de réaliser un concept album traverse souvent l'esprit d'une formation. TGI a atteint les cimes de la réussite avec "Get What You Give" chez le très populaire Epitaph Records et avec l'aide de Jeremy McKinnon à la production (Chant - A Day To Remember). Du coup, le quintette a pu se permettre de prendre un peu le temps afin de réaliser ce qui semblerait être (théoriquement) leur plus ambitieux album. Cependant, côté musique, le groupe ne prend pas de gros : on reprend les mêmes et on recommence. De plus, le thème de "Dear Youth" est loin d'être inexploré, car celui de l'innocence perdue revient régulièrement dans le précédent "Get What You Give". Un peu dommage de voir TGI marcher en terrain connu, mais cela ne l'empêche pas pour autant de resservir sa recette gagnante, c'est-à-dire son talent inégalé pour mixer harcore mélodique et metalcore, le tout couplé avec une production américaine bien burnée !

Ainsi l'auditeur retrouve de bon gros breakdowns à déterrer tous les navets du jardin d'une seule traite, des riffs syncopés, des refrains super motivants aux punchlines mémorisables instantanément - "Because you're born / doesn't mean that you live" sur le titre "The Other Half" - "I won't fight for a throne that doesn't exist" présent sur la piste "End Note" ou encore "Life's swinging hard / But I'm swinging harder" sur "Mercy". Pas de surprise, pratiquement tous les morceaux sont étudiés pour la scène et être scandés par la foule. Le meilleur de tous étant "Mercy". Ce dernier commence sur une petite intro typée ambiance pour ensuite enchaîner en fanfare avec le cri "For whom the bell tolls !" (Rapide dédicace à Metallica), explosion, coup d'infra-bass et breakdown. Cette description résume le ton de l'ensemble des compositions par ce seul mot : "efficacité" ! Cependant, trouve-t-on quand même de la nouveauté ? Oui un peu. Les rares fois où TGI sort de sa zone de confort, ce dernier propose des éléments allant à l’ opposé de son penchant pour la vitesse et se permet de ralentir le tempo. Une dynamique utile à l’ambiance de "Death Youth". Les bons exemples sont la balade "Phoenix Flame" ou encore "My Endnote", morceau le plus lourd de l’album.

En résumé, "Dear Youth" semble marcher sur des œufs. Peut-être parce qu’il emprunte la voie de la facilité, puisque qu’il recycle ce que The Ghost Inside a toujours su produire de mieux, et de ce fait perd son étiquette de "concept-album ambitieux", où bien parce qu’on lui en demande trop et que l’on passe alors à côté de son réel but : mettre le feu en live. Quoi qu’il en soit, The Ghost Inside démontre à nouveau qu'il est le porte étendard du mouvement hardcore mélodique. Le groupe a juste maintenu le cap. Par conséquent, "Dear Youth" est un album hardcore clé en main où les nouveaux fans trouveront leur compte, laissant les initiés sur leur faim.