Arjen A. Lucassen et Anneke Van Giersbergen nous offrent une nouvelle aventure avec "The Diary", premier opus de leur projet naissant, cette année. Ils nous plongent au 17ème siècle et content une histoire (vraie) d'amour sous fond épistolaire d'un marchand à sa femme durant ses années de mer.

On retrouve avec plaisir la douce voix de Anneke, presque sublimée dans ces airs tantôt troubadour, tantôt plus violents ; En effet, il s'y trouve deux versions : une première, la version "Gentle", superbe, acoustique, mettant plus l'accent sur la voix justement et sur un ton plus intimiste, au milieu de ces pages du journal de Suzanne, la femme laissée sur le port. Plusieurs instruments viennent soutenir le projet, entre corne française, violons, contrebasse, divers instruments à vent… nous avons un véritable univers qui habille cet album concept. Le projet ne tenant lieu qu'à deux musiciens, ils se sont entourés du reste avec leurs confrères venant de groupes tels que Delain, After Forever ou encore Stream Of Passion pour ne citer qu'eux ainsi que de certains musiciens moins connus dans la sphère du metal mais tout aussi prestigieux. Cela donne une musique très vivante et variée d'un morceau à l'autre qui amène l'oreille à voyager, et on se laisse agréablement porter entre le timbre conteur et la contrebasse voluptueuse, le tout agencé d'un piano agile, d'une histoire à l'autre en suivant les pérégrinations de ce couple séparé. C'est amusant de constater parfois des airs qui "font penser à….". Je vous laisse juger sur "The Moment" qui est très familier de par son air d'un morceau de variété par exemple. Et ça arrive plusieurs fois dans l'album. Mais cela n'en enlève pas la beauté et la légèreté du moment dans une écoute apaisante et tranquille. Oui car si vous recherchez du metal, passez votre chemin. Folk oui, rock oui, sympho dans l'ensemble instrumental aussi, mais pas très metal. Même la version "Storm" sensée donner du peps et du riff aux morceaux de l'album reste assez molle dans l'ensemble. On redécouvre l'album dans une version plus sombre et plus rythmée mais on est encore loin de parler de "metal" dans sa construction en tout cas, car il ne s'agit pas de rajouter une batterie et une guitare pour ça (là aussi ce serait réducteur, pour de vrai).

Cependant, "The Diary" reste un album concept des plus riches et intéressants, et justement ici, le metal desservirait la construction musicale et la place de chaque instrument qui se retrouverait mangé par une batterie nerveuse ou des guitares folles (oui je sais, c'est réducteur, j'exagère). En bref, il suffit juste de fermer les yeux et d'imaginer les voyages exotiques de ce marin qui écrit à sa chère femme restée sur la terre ferme, et d'imaginer la romance à travers les violons, pianos, et autres fantaisies que nous offre "The Diary", jolie pièce d'un duo de charme !