Le groupe
Biographie :

The Erkonauts est un groupe de metal progressif suisse formé en 2014 et composé de : Kevin Choiral (batterie / Insomny, ex-Sybreed, Obsydians, ex-Further Dimension, ex-Just Us, ex-Inner Visions), Los Sebos (guitare), Fred Di Limoncelli (guitare / Djizoes) et Ales Campanelli (chant, basse / Djizoes, ex-Sybreed). The Erkonauts sort son premier album, "I Did Something Bad", en 2015 avant de signez chez Kaotoxin Records pour une réédition en 2016. Le deuxième album, "I Shall Forgive", sort en Novembre 2017 chez Indie Recordings. "I Want It To End" sort en autoproduction en Octobre 2020.

Discographie :

2015 : "I Did Something Bad"
2016 : "I Did Something Bad" (Réédition)
2017 : "I Shall Forgive"
2020 : "I Want It To End"


Les chroniques


"I Want It To End"
Note : 17/20

Si vous traînez vos guêtres par ici depuis un moment, vous avez forcément entendu parler des Suisses de The Erkonauts puisque les chroniques des deux premiers albums ont été publiées en ces pages. Ces grands malades sont de retour avec "I Want It To End" qui, avec un titre pareil, promet d'être torturé et d'avoir été enfanté dans la douleur comme d'habitude.

"War Flamingoes" commence à fond les ballons d'entrée de jeu avec une basse endiablée et un rythme aussi énervé que groovy et un chant qui comme d'habitude passe du hurlé au clair avec des mélodies imparables. Comme précédemment, The Erkonauts mélange tout ce qu'il trouve que ce soit du metal, du rock, du punk ou des sonorités plus funky et groovy avec un sens de la mélodie qui fait mouche et une accroche constante. On ressent toujours cette rage latente et cette envie de tout casser mais sans jamais se départir de ce côté accrocheur qui fait systématiquement des ravages. Comme je l'avais déjà dit dans mes précédentes chroniques, The Erkonauts est un groupe torturé qui donne la patate, un paradoxe qui donne naissance à une musique faussement facile d'accès et qui révèle comme toujours avec le temps une profondeur insoupçonnée au premier abord. Les gros métalleux bourrins ne trouveront évidemment pas leur compte ici et un minimum d'ouverture d'esprit sera nécessaire pour accrocher à la musique de The Erkonauts, exactement comme pour les deux premiers albums. Le groupe continue sur la voie qu'il s'est tracée et "I Want It To End" ne devrait pas dépayser ceux qui avaient déjà craqué sur "I Did Something Bad" et "I Shall Forgive". On note d'ailleurs que tous les titres des albums commencent par "I", petit détail qui confirme l'aspect cathartique de la chose pour ceux qui en douteraient encore. On trouve en plus une petite surprise sur ce nouvel album puisque Benjamin Nominet, ancien chanteur de Sybreed, vient donner de la voix sur "The Cult Of The Burning Star" et ça fait plaisir de le réentendre (oui, Sybreed était un excellent groupe) !

Comme précédemment, le groupe ne s'étale pas et le tout est plié en trente-huit minutes histoire de garder un maximum d'impact. De toute façon, vu le nombre de sonorités différentes utilisées par le groupe, un album plus long aurait probablement mis tout le monde à genoux. D'autant que The Erkonauts ne fait jamais semblant et en dehors de morceaux plus calmes comme "It Could Be Over Soon" ou "Caravaggio" qui font un peu redescendre la pression, le groupe fonce pied au plancher et ne s'économise pas. "Losing Is The First Step" remet d'ailleurs les pendules à l'heure avec un petit solo de basse complètement dingue en guise d'entrée et des riffs bien énervés pour un morceau limite funky encore une fois. Comme d'habitude, la production est énorme mais ce n'est pas étonnant quand on voit que l'album est passé entre les mains de Drop et de Jens Bogren. Le résultat est un son très clair, très puissant et collant parfaiement au style, ou plutôt aux styles pratiqués par The Erkonauts. Ce groupe fait partie de ceux qui mériteraient d'être plus connus mais qui passent entre les mailles du filet pour une raison que j'ignore. Il y a tout ici que ce soit la profondeur, la richesse des sonorités utilisées, l'efficacité et l'accroche des morceaux, le gros son, la qualité de composition et l'originalité ! Si vous êtes passés à côté jusqu'à maintenant et que vous n'êtes pas cantonnés au gros bourrin qui tache, allez jeter une oreille sur The Erkonauts ça vaut le détour, d'ailleurs même si vous êtes un gros bourrin faites le aussi, on ne sait jamais sur un malentendu ça peut marcher.

Un troisième album tout aussi rageur, efficace et accrocheur que ses prédécesseurs avec toujours cette profondeur insoupçonnée qui se révèle à mesure que les écoutes passent. "I Want It To End" est un très bon cru de la part de The Erkonauts mais vu ce que le groupe nous avait déjà envoyé dans la tronche avec "I Did Something Bad" et "I Shall Forgive", je ne doutais pas une seconde de la qualité de ce nouveau méfait. Et soit dit en passant, vous ne devriez pas non plus alors si The Erkonauts vous est encore inconnu il est temps de corriger ça !


Murderworks
Décembre 2020




"I Shall Forgive"
Note : 17/20

En 2016, je vous avais parlé du très bon premier album de The Erkonauts, "I Did Something Bad", et il se trouve que le groupe est de retour avec "I Shall Forgive" pour nous remettre la banane. Un coup d'œil sur la pochette suffit à confirmer que ces gars-là sont toujours dans leur délire, en marge de ce qui se fait à côté.

Pas d'expérimentations à tout-va pour autant, The Erkonauts propose toujours une musique terriblement accrocheuse et mélodique. La technique est par contre au rendez-vous puisque la basse qui ouvre "Little Mary" est totalement folle et que les riffs du morceau sont tous assez tordus, même si le refrain va une fois de plus vous rentrer dans le crâne en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Mais ce qui frappe le plus, c'est encore une fois la patate, l'énergie que dégage "I Shall Forgive" sur chacun de ses morceaux, on sent le groupe à fond les ballons du début à la fin. Pas de place pour la demi-mesure chez The Erkonauts, le groupe donne tout et ça s'entend sur tout l'album. Vous pouvez choisir n'importe quel morceau au hasard et vous êtes sûrs de vous prendre une décharge dans les dents, il y a du rock là-dedans, du punk, du metal, bref une bonne dose de boost. Le son est une fois de plus énorme, puissant, clair, bref un vrai bonheur pour les tympans. Comme sur "I Did Something Bad", il est bien difficile de rapprocher la musique de The Erkonauts d'un autre groupe, ces Suisses font leur propre sauce et il y a tellement de choses mélangées ici que l'on n'entend même plus leurs influences. C'est ce que l'on appelle un OVNI musical et ça fait toujours plaisir à entendre ! Et que le côté très accrocheur et l'apparente simplicité ne vous trompent pas, il est évident à l'oreille que cet album est le fruit d'un gros travail et que rien n'a été laissé au hasard.

Tout est inhabituel chez The Erkonauts, le mélange des genres qui explose toutes les barrières, mais aussi le fait que l'on sente de la rage et une forme d'abattement dans sa musique malgré son énergie communicative. En gros, la musique du groupe donne la patate mais on sent un côté plus torturé en dessous, une profondeur que certains pourraient ne pas soupçonner au premier abord vu la facilité qu'a le groupe à accrocher l'oreille. Un paradoxe musical en somme qui résume bien la personnalité du groupe, toujours à jouer au funambule au dessus du précipice. Comme pour le précédent album, il va bien évidemment falloir un esprit musical très ouvert pour apprécier la musique du groupe, les cloisons sont explosées et les normes musicales n'existent pas chez The Erkonauts. Ces gens-là sont des extraterrestres, leur musique pioche dans beaucoup de registres différents et ne ressemble à aucune autre tant la personnalité du groupe prend le dessus. C'est d'ailleurs assez fort de réussir à produire une musique aussi riche, profonde et variée sans jamais tomber dans l'expérimental tordu ou l'avant-gardisme imbitable et en gardant une accroche constante et des mélodies qui touchent systématiquement au but ! En tout cas, The Erkonauts est bel et bien inclassable et l'efficacité de "I Shall Forgive" est incontestable.

Deuxième album pour ces dingues qui nous balancent une fois de plus un OVNI musical aussi sombre qu'énergique et accrocheur. "I Shall Forgive" est un album torturé qui va vous filer la banane !


Murderworks
Juin 2018




"I Did Something Bad"
Note : 17/20

Aujourd'hui, on va parler d'un album qui a déjà largement fait parler de lui puisqu'il a déjà été épuisé deux fois en autoproduction ! L'album en question c'est "I Did Something Bad" de The Erkonauts qui ressort cette fois chez Kaotoxin Records, avec en bonus deux morceaux supplémentaires enregistrés en 2015.

Ne vous fiez pas forcément aux influences citées par le groupe, qui vont de Suicidal Tendencies à Gojira en passant par System Of A Down et The Offspring, puisque dans cette liste il n'y a que Gojira que j'apprécie vraiment et pourtant cet album de The Erkonauts est passé comme une lettre à la poste ! Le groupe présente sa musique comme un mélange de metal / punk / rock et c'est plutôt bien trouvé pusique c'est bel et bien entre ces trois là que la musique du groupe navigue le plus souvent, avec en plus un côté accrocheur sûrement hérité de certains groupes de pop. Et l'album commence fort avec "The Great Ass Poppery", dont le titre aurait d'ailleurs pu se retrouver sur un album de Devin Townsend, tout en mélodies accrocheuses sur un tempo assez remuant et avec un format très court qui fait que ça tape là où il faut dès le début. S'ensuit un "Tony 5" ( un jeu de mots avec Johnny 5 ?) qui fait comprendre pourquoi Gojira est cité dans les influences, le couplet ressemblant en effet beaucoup à la musique de ces derniers. Mais le premier vrai tube de l'album débarque avec "All The Girls Should Die" sur lequel vous allez maudire le groupe, le morceau risquant évidemment de ne plus vous sortir du crâne pendant un bon moment ! Tout y est, la puissance, la mélodie, le rythme, les lignes de chant, bref impossible de ne pas se remuer sur une tuerie pareille et ce quels que soient vos goûts musicaux. La mélodie et le groove, voilà les deux points autour desquels gravitent tous les morceaux de The Erkonauts, et le savoir-faire du groupe en termes de composition fait que sa musique fait mouche à chaque coup.

En milieu d'album, le rythme se pose un peu sans pour autant verser dans la ballade sirupeuse, multipliant par là même les sonorités développées sur ce premier album ("Your Wife" et sa guitare acoustique). C'est ce qui est finalement très fort avec la musique de The Erkonauts, malgré le fait qu'elle brasse un nombre d'influences incalculables, elle ne tombe jamais dans le fourre-tout sans queue ni tête et garde une cohérence et une accroche à toute épreuve ! Alors certes, les gros metalleux purs et durs risquent de ne pas trouver leur compte ici, pourtant on a quand même quelques gros riffs qui traînent, mais avec un minimum d'ouverture d'esprit la qualité de ce premier album est indéniable. On a aussi quelques soli d'excellente qualité, inspirés et jamais démonstratifs, notamment sur la fin de "Gog", sur l'inédit "Culbutos", et surtout le solo magnifique de "Hamster's Ghosthouse" avec l'orgue en fond qui donne un côté très Pink Floyd à ce morceau. L'autre inédit, "Machine", commence par des rythmiques syncopées typiques des groupes de metal moderne, avec des roulements de batterie de fous furieux et comme sur tout le reste de l'album, un groove à faire trembler les murs. Techniquement parlant, on va faire simple, c'est l'ex-Sybreed Drop qui s'est occupé de la production donc autant dire clairement que ça sonne gros, puissant et propre.

Bref, voilà un premier album devrait encore faire parler de lui avec cette signature chez Kaotoxin, c'est en tout cas tout le mal que je lui souhaite. The Erkonauts nous dit qu'il a fait une vilaine chose, je ne sais pas ce que c'est mais ce n'est pas cet album.


Murderworks
Mai 2016


Conclusion
Le site officiel : www.erkonauts.com