Vous ne vous êtes jamais remis de la disparition d'Akercocke et Voices n'est pas à votre goût ? Alors vous devriez jeter une oreille sur ce premier album éponyme de The Antichrist Imperium.

Pourquoi ? Parce que sur les quatre membres du group,e trois sont passés par Akercocke, et le quatrième est un ex-The Berzerker. Tout ce beau monde s'est réuni pour remettre en place des idées ou morceaux qu'Akercocke n'avait pas finalisé pendant les sessions de "Antichrist". En dehors du fait qu'on ne trouve pas Jason Mendonça au chant (c'est Sam Loynes qui s'en charge), on a donc du Akercocke tout craché. Je pense que personne ne leur reprochera un manque d'originalité, premièrement parce que des groupes qui sonnent comme Akercocke il n'y en a pas des masses, deuxièmement parce que les membres d'Antichrist Imperium ont quasiment tous fait partie du groupe et que la reprise de ce style est donc tout à fait légitime, et enfin parce que nombreux sont ceux qui ne se sont jamais remis du split du groupe. Pour ceux qui seraient passés totalement à côté de la musique d'Akercocke et qui se demandent à quoi peut bien ressembler celle de The Antichrist Imperium, disons qu'on se retrouve face à un mélange death / black à la fois brutal, technique et assez barré. L'album démarre sur les chapeaux de roues avec "Elegy" qui rase tout sur son passage d'entrée de jeu, avec du blast à fond les ballons, des riffs à la fois techniques et bien velus et des growls de derrière les fagots. Puis le break arrive et on reconnaît la bonne vieille patte de ces malades avec un passage acoustique planant et mélodique précédé d'un autre plus tordu avec un chant clair assez décalé. S'en suivent des arpèges malsains et inquiétants qui plombent méchamment une ambiance déjà pas très fêtarde. Bref, on reconnaît bien là la musique qu'on croyait avoir perdue dans une obscure salle de répétition en 2007.

Bien entendu, la durée des morceaux est elle aussi restée dans la tradition d'Akercocke, à savoir des pavés qui s'étirent allègrement vers les 6 ou 7 minutes avec moult changements de rythme. Si vous n'avez jamais écouté Akercocke, vous risquez d'être désarçonnés, The Antichrist Imperium construisant forcément sa musique de la même manière. On trouve donc des morceaux qui changent d'ambiance ou de rythme plusieurs fois, qui baladent l'auditeur sans ménagement et qui ignorent allègrement toutes les barrières stylistiques. En tout cas, c'est toujours aussi imprévisible, aussi malsain et peut-être un poil plus brutal. The Antichrist Imperium perpétue le style inimitable d'Akercocke (à part peut-être Talanas qui avait réussi à s'en approcher), mélange improbable de toutes les branches extrêmes du metal et d'autres styles qui n'ont rien à voir avec cet univers-là. Et pourtant ça marche, c'est totalement barré et décousu mais paradoxalement cohérent et efficace. Je précise tout de même que le son est bon, la prod' est peut-être un poil trop synthétique une fois de plus au niveau de la batterie qui sonne comme une boîte en plastique mais sinon c'est plutôt approprié. Je dis ça pour ceux qui penseraient que cet album n'est en fait qu'une compilation de démos de 2007 enregistrées à l'arrache, ce n'est pas le cas, cette sortie éponyme est bien un véritable album.

Premier album concluant qui permet de renouer avec le fantôme d'un groupe mort depuis quelques temps maintenant, et quand on aime Akercocke c'est toujours sympa à prendre. Reste à savoir si ce projet est celui d'un album ou si le groupe saura composer de nouveaux morceaux.