Le groupe
Biographie :

The Amenta est un groupe de death metal industriel australien formé à Baulkham Hills en 1997 sous le nom Crucible Of Agony. Ils jouaient à la base du black metal et ont enregistré deux demos en 1999 sous ce nom. En 2001, ils ont décidé de changer leur nom de groupe en The Amenta. Ils ont ensuite enchaîné l'enregistrement de plusieurs albums couplés à quelques tournées mondiales (Europe, Australie, Amérique). The Amenta est actuellement composé de : Diazonon (batterie / Abramelin, Consummation, CrisisAct, King, Prophet Of Abhoth, Psycroptic, Ruins, Werewolves, ex-Disseminate, ex-Pestilence, ex-Blood Duster), Erik Miehs (guitare / ex-Depravation, ex-Crucible Of Agony), Timothy Pope (samples / programmation), Dan Quinlan (basse / ex-Paindivision) et Cain Cressall (chant / ex-Centaur, ex-Malignant Monster, ex-Pathogen).

Discographie :

2002 : "Mictlan" (EP)
2004 : "Occasus"
2008 : "n0n"
2011 : "VO1D" (EP)
2012 : "Chokehold" (EP)
2013 : "Teeth" (EP)
2013 : "Flesh Is Heir"
2021 : "Revelator"


Les chroniques


"Revelator"
Note : 18/20

Je me demandais il y a encore quelques temps ce que devenait The Amenta et si du neuf allait arriver un jour. Il suffisait de demander puisque le groupe revient après huit ans d'absence avec "Revelator" ! Une absence visiblement volontaire puisque le groupe a déclaré vouloir peaufiner et réfléchir sa musique et ne sortir un album que lorsqu'il a quelque chose de réellement intéressant à proposer. Après avoir sorti ses trois premiers albums chez Listenable, c'est cette fois Debemur Morti qui prend la relève pour nous livrer ce nouveau joyau noir.

The Amenta a toujours été un groupe particulier que ce soit par sa démarche artistique, sa musique, ses visuels, tout le démarque d'une scène qui a trop tendance à s'enfermer dans des codes. Il y a pourtant chez ces Australiens un ADN que l'on retrouve à chaque sortie et qui permet de les reconnaître immédiatement malgré les multiples changements de forme. Cela commence par un "Occasus" qui mélange du death légèrement teinté de black avec des arrangements electro ou plus particulièrement indus qui lui fournissent des ambiances froides et cliniques pour un album globalement brutal. S'ensuit "nOn" qui montre un groupe moins frontal, plus indus, plus froid et surtout plus sournois et bien plus malsain. L'orientation surprend mais le résultat est excellent et ce deuxième album tient encore aujourd'hui du coup de maître ! Puis, après cinq ans de silence, c'est "Flesh Is Heir" qui suit avec là encore un visage différent et plus metal qui laisse les arrangements indus loin derrière. On y entend un metal plus brut mais pas aussi frontal que les débuts du groupe avec des morceaux d'apparence plus conventionnels mais qui révèlent une profondeur insoupçonnée aux premiers abords. Entre temps de multiples EP sont sortis sur lesquels le groupe expérimente encore plusieurs voies et nous en arrivons enfin à "Revelator", le dernier méfait de ces dingues. C'est à "Epoch Ellipsis" que revient la charge d'ouvrir l'album et si on retrouve sans problème la patte typique de The Amenta, on remarque aussi que le groupe n'a jamais bénéficié d'un son aussi chaud et organique et que quelques petites nouveautés viennent une fois de plus se glisser sur ce nouvel album. Notamment quelques parties en chant clair qui ici ne servent absolument pas à adoucir l'ensemble, cela a plutôt tendance à appuyer un climat assez apocalyptique. Un break tout en arpèges dissonants et arrangements inquiétants vient confirmer que l'ambiance va être pesante et malsaine avant que le groupe ne rebalance ces fameux tapis de double ravageurs. Ce premier morceau montre en tout cas un sacré changement pour The Amenta qui aère un peu plus sa musique et laisse de la place à quelques mélodies qui illuminent brièvement ce premier titre qui se montre pourtant aussi furieux que glauque.

Encore une fois, la personnalité du groupe se reconnaît de suite mais "Revelator" est probablement l'album sur lequel The Amenta expérimente le plus ou en tout cas sur lequel il s'émancipe le plus. Ces fous ne se sont jamais imposés de barrières mais leur moyen d'expression restait assez brutal et froid, cette fois quelques rayons de lumière filtrent discrètement et le spectre sonore s'est encore élargi. "Sere Money" suit d'ailleurs de façon très groovy avec là encore un chant à cheval entre la voie claire et criée qui tranche avec le pilonnage en règle avec lequel le groupe nous a souvent habitué. Cain Cressal profite d'ailleurs de tous ces changements pour s'exprimer pleinement au micro et nous fait entendre un éventail de voix différentes assez impressionnant ! N'hésitez pas à lire les paroles puisque si la tour de Babel figure sur la pochette de l'album, elle est aussi mentionnée dans les textes qui se retrouvent du coup truffés de jeux de mots et de néologismes. Il y a un vrai travail qui a été fourni aussi à ce niveau-là et il n'est pas impossible que l'oeuvre de James Joyce ait quelque peu inspiré nos amis australiens. Pour en revenir à la musique, "Revelator" est clairement l'album le plus varié de The Amenta, le groupe se permet des choses qu'il n'avait encore jamais tentées, notamment l'utilisation de la guitare acoustique et de la voix claire sur "Silent Twin" qui prend des airs de western apocalyptique ! "Psoriastasis", quant à lui, ramène la violence au centre des débats et remet cette ambiance malsaine et froide typique du groupe au premier plan. Malgré la variété des sonorités utilisées sur "Revelator", l'ensemble garde une cohérence à toute épreuve et on sent qu'il y a un concept ou au moins un gros fil rouge derrière tout ça. Il est donc conseillé d'appréhender ces neuf nouveaux morceaux comme un tout indissociable et d'écouter l'album d'une traite. Ce nouvel album a probablement demandé un travail de malade tant il y a de niveaux de lectures, de sons qui se mélangent, traités ou non, de voix ou sonorités différentes. Et si le groupe nous avait habitué à avoir un propos et des paroles loin des clichés habituels du metal, il franchit cette fois une étape supplémentaire et accouche d'une véritable œuvre travaillée jusque dans ses moindres détails.

Il aura fallu attendre huit ans pour avoir des nouvelles de The Amenta mais "Revelator" est un album bluffant à plus d'un titre ! Le spectre sonore s'est bien élargi, la palette vocale aussi d'ailleurs et si la patte reconnaissable du groupe est toujours là, ce nouvel album va chasser sur des terres que The Amenta n'avait encore jamais explorées. Au-delà du simple album, "Revelator" est une œuvre totale et tout ceux qui ne prêtent pas plus attention que ça aux paroles en général feraient bien de s'y pencher cette fois. Une fois de plus le groupe surprend mais frappe là où ça fait mal, du coup certains aimeront, d'autres peut-être moins, mais la démarche artistique est louable et le résultat dépasse de très loin une concurrence souvent bien trop frileuse pour espérer pouvoir rivaliser.


Murderworks
Avril 2021




"Flesh Is Heir"
Note : 18,5/20

Pour tout bon amateur de metal extrême qui se respecte, les Australiens de The Amenta ne sont guère des inconnus au bataillon : depuis la sortie de "n0n", suivi de quelques EPs pas foncièrement indispensables, ils ont arpenté les routes aux côtés de pionniers du genre tels que Deicide ou Obituary dernièrement, pour ne citer qu’eux. Une fois le cap de 2013 passé, soit 5 ans après "n0n", il était définitivement temps pour eux d’enfin donner aux fans quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent. Chose promise, chose due avec un tout nouvel opus intitulé "Flesh Is Heir".

Proposé dans un artwork à la pochette assez médiocre (capture d’écran du clip de Teeth ?), le disque comporte douze titres pour une durée approximative de 45 minutes. L’éponyme (et sa production martiale en béton armé) marque le coup d’envoi, et montre par la même occasion que la formule de composition du groupe n’a pour ainsi dire, pas fondamentalement changé. Les éléments qui ont fait le fort du groupe par le passé (à savoir un son futuriste, une batterie évoquant l’image d’un rouleau compresseur et un chant très saturé) se retrouvent bien évidemment toujours sur l’album. Ainsi, plusieurs écoutes sont impérativement nécessaire afin de s’imprégner du talent de The Amenta et de déceler la richesse et les nombreuses subtilités de leur musique tellement le résultat peut sembler massif voire indigeste à la première écoute. Car une fois le cap de cette première écoute passé, "Flesh Is Heir" propose des titres plus pondérés, prenants, et à la structure extrêmement intéressante ("Ergo Sum", "Teeth" et le superbe "Cell" qui sort particulièrement du lot).

Les Australiens de The Amenta avaient donc déjà frappé très fort en 2008 avec "n0n", mais placent incontestablement la barre bien plus haut aujourd’hui avec un "Flesh Is Heir" dantesque qui ravira les fans de metal extrême et dont le résultat en live est totalement à la hauteur des attentes à leur égard. Très bon boulot !


Ichigo
Mai 2013




"n0n"
Note : 14/20

Depuis 2004 qui a signé la sortie de leur premier album "Occasus", les Australiens se sont activés et démenés pour nous concocter un nouvel opus plus brutal, et surtout plus original. En effet, le groupe revendique plus que jamais son désir de se démarquer de la masse de groupes insipides, inodores et incolores qui inondent le marché de l’extrême. Critiquer ce phénomène est une chose, mais ne pas sombrer dans la corruption et se tenir à ses idées de base en est une autre. Ca, The Amenta l’a bien compris et réussit pleinement le pari avec cette nouvelle bombe qu’est "n0n". Car on peut bel et bien parler de bombe tant le résultat est puissant, travaillé et calibré. L’album a tout de même été enregistré dans trois pays différents et dans sept studios différents…ce qui force au respect. Alors ce CD nous impose douze titres (d’une durée moyenne de cinq minutes dirons-nous) d’un death metal / indus non accrocheur et ce dû à sa forte particularité. Cette particularité vient du fait que même si les riffs ne se montrent pas des plus complexes, la batterie donne une véritable impression de rouleau compresseur et donc très surprenante ! Le mélange des machines et du death nous donne quant à lui quelque chose d’assez nouveau et d’intéressant, même si un grand nombre d’écoutes se montreront nécessaire pour s’imprégner des morceaux comme il se doit et qu’un peu plus de diversité serait le bienvenu. Le chant par contre n’est pas des plus marquants, n’importe quel autre chanteur sachant hurler un minimum et bénéficier des avantages d’un ordinateur pourrait arriver au même résultat sans aucun problème, et ce même si différents types de chants sont expérimentés pour scander un dégoût plus que perceptible de notre société. "n0n" fait donc preuve de pas mal d’originalité, peut-être même un peu trop…mais avec cette rage dans les veines et cette volonté de se montrer différent, la suite ne peut être que prometteuse !


Ichigo
Novembre 2008


Conclusion
L'interview : Timothy Pope

Le site officiel : www.facebook.com/theamenta