Le groupe
Biographie :

The Agonist est un groupe de metal québécois aux influences death mélodique et metalcore crée en 2004. Le groupe a sorti son premier album "Once Only Imagined" le 14 Août 2007 sur le label Century Media Records. La chanteuse originelle, Alissa White-Gluz, a également participé à l'émission Canadian Idol. Le 23 Février 2009 est sorti le second album du groupe, "Lullabies For The Dormant Mind". L'album suivant, "Prisoners", sort le 4 Juin 2012, toujours chez Century Media Records. En Avril 2014, Alissa White-Gluz se voit offrir le poste de chanteuse chez Arch Enemy en remplacement de Angela Gossow, ce qui l'amène à quitter le groupe ; elle est remplacée par Vicky Psarakis. Le quatrième opus, "Eye Of Providence", est sorti le le 23 Février 2015. Le cinquième album,"Five", est sorti le 30 Septembre 2016. "Orphans" est sorti en Septembre 2019 via Rodeostar Records.

Discographie :

2007 : "Once Only Imagined"
2009 : "Lullabies For The Dormant Mind"
2011 : "The Escape" (EP)
2012 : "Prisoners"
2015 : "Eye Of Providence"
2016 : "Five"
2019 : "Orphans"
2021 : "Days Before The World Wept" (EP)


Les chroniques


"Days Before The World Wept"
Note : 17/20

Je suis toujours perplexe avec les EPs. Parfois, il paraît évident qu’un groupe ou un artiste sort ce genre de disque que pour garder l’attention active sur eux avant la sortie d’un album complet. Par contre, c’est tout le contraire que nous offre ici The Agonist. J’ai rarement entendu un produit fini aussi efficace sous la barre des 25 minutes. Chapeauté par la plus que versatile Vicky Psarakis, chanteuse extraordinaire, aux multiples talents, compositrice, créatrice de contenu, elle se passe aujourd’hui de présentation.

Accompagnée à nouveau par les tout autant talentueux musiciens (Danny Marino – guitare, Pascal Jobin – guitare, Chris Kells – basse, Simon McKay – batterie), la bande a produit avec cet EP une solide leçon de death metal mélodique, complexe et intrigant. Produit par Chistian Donaldson (Beyond Creation, Cryptopsy, Despised Icon), "Days Before The World Wept" est sans doute, malgré sa courte durée, l’un des disques les plus aboutis de la formation montréalaise et sa chanteuse américano-grecque d’adoption.

Que ce soit autant au niveau des chants clair et guttural de Psarakis, les riffs puissants et nerveux des guitares ou bien la frénétique section rythmique, rien n’est laissé au hasard. Aucun gaspillage sur cet EP, tout va droit au but. 25 minutes donc, mais avec une densité de contenu et une diversité inégalable. "Days Before The World Wept" porte son nom à merveille, tant les ambiances du disque, ambivalentes, certes, se veulent à la fois solennelles, sombres et envoûtantes. L’apogée est atteint lorsque suite aux mélancoliques notes de guitares claires d’entrée de jeu sur la pièce titre, est relâché un assaut étouffant de death metal, complexe et technique.

Reprenons donc l’introduction de cette chronique et posons un diagnostic ici. "Days Before The World Wept", un EP pour garder les projecteurs sur The Agonist ou oeuvre à part entière ? Prétendre le premier et nier le deuxième serait de la pure mauvaise foi. Cet EP ne passera pas inaperçu et met la barre bien haut pour le prochain album complet du groupe.


Mathieu
Novembre 2021




"Orphans"
Note : 17/20

Je n’apprécie qu’un seul album d’Arch Enemy, version féminine et c’est "Wages Of Sin". Angela Gossow était un véritable souffle d’air frais (une tornade si vous voulez mon avis) avec tous les groupes à la Nightwish sévissant à l’époque et leurs chanteuses d’opérette. Lorsque Alissa White-Gluz prit la relève, je me disais que le groupe serait entre bonnes mains, et pourtant, la magie n’y était plus. En fait, elle n’y était plus depuis un bon bout de temps. Bon, je m’égare et cette longue introduction se voulait seulement mon propre grain de sel dans le débat salé entre The Agonist et Arch Enemy, Mme White-Gluz étant juste leur ancienne chanteuse, et paraît-il, une véritable plaie.

Venons-en donc à "Orphans", sixième album de cette formation canadienne. Si vous voulez mon avis en toute transparence, le débat ne devrait même pas exister. Pour moi, il est clair que The Agonist est la formation gagnante. Vicky Psarakis est excellente et exécute ses deux contre-emplois (chant clair et agressif) avec brio. Elle me rappelle d’ailleurs Kittie, formation qui n’a jamais vraiment connu le mérite qui lui revenait. Mais la comparaison ne s’arrête qu’au chant, car The Agonist fait clairement dans un death metal technique et mélodique hors du commun. Et c’est que fait la force du groupe. Album après album, la nouveauté, la variété sont au rendez-vous, le tout dans une continuité de qualité sans égale. Je ne connais pas beaucoup de groupes qui savent produire autant de chansons, tout en conservant cette capacité de ce renouveler.

Le niveau technique ne devrait pas rebuter ceux qui ne se reconnaissent pas dans le metal progressif ou dans le  math metal  aux changements de mesure à détruire le cerveau des néophytes. The Agonist propose plutôt un metal réfléchi, qui demande un certain niveau d’attention et d’écoute, pour en saisir les subtilités et surtout la qualité des morceaux. Un album de cette trempe ne serait rien sans une production sans faille. Aucune inquiétude ici, le groupe s’étant doté d’un son puissant, dynamique, et malgré une Psarakis bien en avant-plan, n’a jamais lésiné sur un mix mettant en valeur chacun des musiciens du groupe.

The Agonist ne déçoit pas avec "Orphans" et poursuit exactement là où il s’était arrêté avec "Five", l’album précédent. Le groupe établit fermement sa marque dans le spectre du death metal mélodique et s’il poursuit sur cette lancée, il ne pourra qu’être déclaré comme l’un des plus grands du genre.


Mathieu
Décembre 2019




"Five"
Note : 18/20

Quel groupe pourrait prétendre avoir survécu au départ de sa chanteuse vedette pour une autre formation, qui plus est, au succès planétaire ? Les membres de The Agonist, depuis le départ d’Alissa White-Gluz pour Arch Enemy, ont réussi cet exploit. Vicky Psarakisis s’acquitte de la tâche ingrate de remplacer White-Gluz depuis maintenant deux ans et "Five", cinquième (oh, l’originalité...) album du groupe, en est le deuxième pour Psarakisis.

Je me permets ici une petite note éditorialiste en début de chronique. J’adore la musique de The Agonist, leur recherche de diversité et leur indéniable capacité à composer des chansons de haut niveau technique. Par la force des choses, depuis 2014, date du départ de White-Gluz, il m’est plus que facile de comparer les offrandes d'Arch Enemy à celles de The Agonist. Sans être chauvin, le groupe étant originaire de Montréal, je constate que je préfère de loin les deux derniers albums de The Agonist à ceux de la bande à Amott.

La force du groupe réside dans sa capacité à proposer des pièces construites comme autant de petits bijoux uniques. À la première écoute, l’anticipation est à son comble, morceau après morceau, tant l’auditeur ne sait à quoi s’attendre. Autant serez-vous surpris par la simplicité de "The Moment" que subjugué par la démonstration technique sur "The Vilain". En tant que policier en chef de la brigade de l’originalité, je ne peux que lever mon couvre-chef devant autant d’efforts mis à pondre d’aussi solides chansons. Je vous laisse le soin par contre de juger de la reprise de "Take Me To Church". Cette chanson, nous ayant cassé les oreilles sur nos gentilles radios commerciales, bénéficie du traitement de The Agonist. La sauce "reprise metal" est depuis longtemps usée, mais je crois que le groupe parvient tout de même à s’approprier correctement ce succès pop.

Comment ne pas tomber sous le charme de la performance de Psarakisis sur cet album aux rythmiques et changements de tempo à faire baver tout amateur de death metal melodique ? Elle excelle tout autant dans un registre clair et haut perché que dans ses growls malsains au contrôle impeccable. Les amateurs de guitares ne seront pas en reste, Danny Marino et Pascal Jobin offrant chacun de leur côté une solide performance, avec des riffs ambitieux et recherchés. La section rythmique, la batterie en tête, est sublime. Une seule écoute de la prouesse de Simon McKay sur "The Resurrection" vous convaincra. Le groupe y est d’ailleurs en pleine forme et je considère ce morceau comme l’apothéose de l’album. Le mix entre voix claire et growl y est parfait. D’ailleurs, là où plusieurs groupes usant de growls  dans leur musique tendent de plus en plus à les laisser tomber, je suis heureux de vous confirmer que The Agonist maîtrise mieux que quiconque la combinaison "douce amère" au niveau du chant.

Dire que The Agonist a songé à utiliser un chanteur pour poursuivre leur aventure. À mon humble opinion, cela aurait été une grave erreur. L’avenir pour le groupe est des plus reluisants et je ne peux que saliver d’anticipation en attendant le prochain album.


Mathieu
Octobre 2016




"Eye Of Providence"
Note : 18/20

Toujours difficile de remplacer le chant dans un groupe, et délicat. La couleur du timbre et l'émotion empreinte dans chaque note est propre à chaque voix, impossible de retrouver quelque chose de similaire ou de semblable, et c'est aussi ça qui est excitant : la découverte de la nouvelle couleur d'un groupe au changement vocal. Le dernier The Agonist est donc la petite surprise de cette année, avec leur nouvel album "Eye Of Providence" avec Vicky, nouvelle chanteuse en titre.

Alyssa et sa belle chevelure bleue me manqueront… mais la relève est assurée et ma première écoute de cet opus se conclut par une claque monumentale ! Chaque morceau est une perle de brutalité, de beauté et de riffs déchaînés  ! Les deux premiers titres "Gate Of Horn And Ivory" et "My Witness, Your Victim" ont d'ailleurs été choisis comme clips vidéo, comme pour éviter de trop en dévoiler du reste et laisser l'album dans l'ombre jusqu'à sa sortie. Car ces deux titres annoncent la couleur immédiatement mais sans une vraie nouveauté. On dirait qu'ils sont là pour présenter Vicky , tant et si bien qu'on assiste directement à ses capacités entre growl et voix claire maîtrisée. Mais on assiste également à un tout : la fin du premier suit le début du deuxième sur une mélodie très similaire... Enfermés dans des tours d'Ivoire, victimes de notre propre emprisonnement, mais témoins lointains de la haine du monde. Voilà l'introduction du concept de l'album (et explication de la pochette donc de cet œil connecté directement à la pupille). Les morceaux s’enchaînent dans un rythme endiablé et saccadé, nous offrant 13 nouvelles façons d'apprécier The Agonist, et la voix de Vicky, qui oscille donc comme sa prédécesseur avec force et grâce. La différence tient dans l'éclat quelque peu "groovy" que je lui trouve (très présent sur "The Perfect Embodiment"), sensuel et très personnel qui fait donc que la belle s'est très bien approprié l'univers du groupe et s'y ai fondue parfaitement ! Le jeu de guitare donne l'ampleur nécessaire à la fonction "épique" des morceaux qui ne peut nous laisser de marbre, virtuosité des notes ou enchaînement pur et brut, chaque passage a ce qu'il lui faut, accompagnant la batterie simple mais efficace, qui supporte le tout par sa lourde présence par une double pédale peu discrète.

Le tout forme une belle boule d’énergie qu'on se prend en pleine poire sans concession. Puissant et mélodique, un brin rock'n'roll (ce côté-là fait joliment ressortir une basse un peu trop laissée derrière !), on ressent toute la hargne que le groupe y met pour faire passer son message sur ce monde virtuel empoisonné et ce, sans jamais nous lasser ! On souhaite la bienvenue à Vicky dans le groupe qui, pour moi en tout cas, est la voix parfaite pour The Agonist !


Fianna
Février 2015




"Prisoners"
Note : 11/20

C'est avec plaisir que je retrouve la délicieuse voix d'Alyssa White-Gluz. Ben quoi ? On peut faire des chroniques d'albums black metal les plus noirs et aimer les belles choses, non ? Non ? Bon OK j'y vais, j'ai un poulet sur le feu... Plus sérieusement, si "Lullabies For The Dormant Mind" m'avait agréablement surpris quant au style assez atypique (du death melodique à voix féminine hurlée ET chantée juste et parfaitement), je suis plutôt ravi de devoir chroniquer le nouvel album des Canadiens. En dehors de la voix, j'aimais aussi les riffs de guitares à la base. Mais au final, je ne serai pas autant transcendé par cet opus... Je m'explique. Alors ce que j'aurai à regretter tout d'abord, c'est la trop grande présence de chant clair à mon goût. Pire, ce chant clair m'apparaît un peu trop linéaire, trop peu varié, c'est vraiment dommage. Autre point. Le côté death metal est trop peu présent dans les quatre premières pistes, ce qui pourrait rebuter tout fan de bourrin à première impression. Il faudra attendre "Panophobia" pour voir réellement se développer ce qui a fait certains des bons côtés de "Lullabies For The Dormant Mind". Les quelques riffs melodeath sont plutôt sympa dans l'ensemble, mais n'atteignent cependant pas la grandeur de "Lullabies". J'ai envie de dire : "Alyssa, chante moins et gueule un peu plus. Et vous les guitaristes, un peu plus de patate, que diable !". Les morceaux ultra mélodiques ralentissent un peu trop l'album à mon avis. Les riffs réellement efficaces semblent tellement rares, ç'en est un peu triste. On a l'impression de sombrer dans une espèce de romantisme un peu trop mielleux... Les quelques paroles en Français de la chanteuse sur la dernière piste ne suffisent pas à me convaincre. Bref un opus un poil décevant pour les Québecois. J'attendais tellement mieux. L'émotion fort présente dans le précédent opus aura laissé la place à une sorte de bouillabaisse mélodique assez plate.


Lukos
Juin 2012


Conclusion
L'interview : Danny Marino

Le site officiel : www.facebook.com/theagonistofficial