Le groupe
Biographie :

Terra Tenebrosa est un groupe de black metal avant-gardiste suédois formé en 2009 et actuellement composé de : Hibernal et Hisperdal, et de The Cuckoo (chant / The Old Wind, Breach, ex-The Ocean). Terra Tenebrosa sort son premier album, "The Tunnels", en Mars 2011 chez Trust No One Recordings, suivi de "The Purging" en Février 2013 chez Trust No One Recordings, et de "The Reverses" en Juin 2016 chez Debemur Morti Productions.

Discographie :

2011 : "The Tunnels"
2013 : "The Purging"
2014 : "V.I.T.R.I.O.L. - Purging The Tunnels" (EP)
2016 : "The Reverses"


La chronique


Terra Tenebrosa m'avait filé une sacrée claque avec "The Tunnels", premier album sorti en 2011. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ces malades, ce sont d'anciens membres de Breach qui ont décidé de faire du metal extrême pour faire simple. Ils sont de retour avec leur troisième album, "The Reverses", et on va voir ce qu'il a dans le ventre.

Si "The Purging", deuxième album du groupe, était lui aussi très bon et très glauque, je n'ai pu m'empêcher de regretter ce grain de folie qui était présent sur "The Tunnels" et qui a disparu depuis. Alors évidemment la musique de Terra Tenebrosa est toujours très sombre et très glauque, mais sa construction est devenue plus conventionnelle, on distingue quasiment tout le temps des couplets et des refrains et il y a un côté presque accrocheur que n'avait pas "The Tunnels" (à ce titre, "The End Is Mine To Ride" est un tube, dégueulasse certes mais on pourrait presque le siffloter sous la douche). Le premier album était au contraire une sorte de magma sonore, on ne savait jamais dans quelle direction il allait partir et réussissait à nous attaquer par surprise tout du long. Ce nouvel et troisième album suit le même chemin que son prédécesseur, la folie du premier album n'est pas revenue cette fois non plus. Pour autant la qualité est toujours là, la musique du groupe est moins psychotique mais toujours habitée et il est toujours aussi difficile de rapprocher ce que font ces gars d'un autre groupe en activité. On retrouve évidemment beaucoup de dissonances mais elles ne sont pas du tout utilisées de la même façon que chez les groupes de black orthodoxe par exemple. Dans une moindre mesure, on pourrait rapprocher l'utilisation de ces dissonances à l'approche utilisée par un groupe comme Dolorian pour ceux qui connaissent (dans l'esprit hein, sur la forme ça n'a rien à voir). Pour la petite anecdote, on retrouve des guests de luxe sur ce nouvel album, Mkm (Antaeus), Vindsval (Blut Aus Nord), Jonas A Holmberg (This Gift Is A Curse) et Alex Stjernfeldt (The Moth Gatherer).

Pour les deux du fond qui n'auraient jamais écouté Terra Tenebrosa, ne vous attendez pas à une violence débridée avec eux, c'est certes du metal extrême mais c'est bien plus basé sur les ambiances et la violence psychologique que sur le bourrinage intensif. La violence vient du fait que la musique de ces gars vous donne l'impression d'entrer dans le cerveau dérangé d'un quelconque malade mental, donc n'espérez pas des blasts à tout-va. La musique du groupe est malsaine, lourde, rampante, elle s'infiltre dans vos tympans et vos neurones pour y foutre la merde et vous faire oublier la moindre trace d'humanité qui pourrait encore se cacher chez vous. Même la pochette de l'album est flippante avec cette photo de The Cuckoo qui se tient bien droit au milieu des bois devant sa petite cabane des horreurs comme un fantôme, une tâche dans le décor, une minuscule bactérie qui va suffire à nécroser tout le reste. Un morceau comme "Exuvia" renoue un peu avec l'esprit de "The Tunnels", ce Terra Tenebrosa plus ambiant, plus bruitiste, plus chaotique, plus dangereux. Un aparté plus ambiant qui permet d'annoncer le pavé qui clôture l'album avec ses 17 minutes au compteur et qui répond au nom de "Fire Dances"... Mon petit doigt me dit que la référence à un album de Killing Joke n'est pas innocente. Le cÖté tribal lui a sûrement été emprunté et constitue un autre lien avec "The Tunnels", ces deux dernières pistes reprennent la furie psychotique qui habitait ce premier album. On retrouve les guitares bourdonnantes, le côté dangereux et taré, le chant trafiqué à mort, les couches de son superposées en mélasse sonore poisseuse, bref l'album se termine sur une bonne grosse dégueulasserie des familles.

Au final, un troisième album qui montre que Terra Tenebrosa n'a pas perdu la main. C'est toujours aussi sombre, glauque, malsain, et toujours aussi bien foutu. Je le redis, je regrette le côté fou dangereux qu'avait le premier album mais "The Purging" et ce nouveau méfait sont des albums aussi excellents qu'atypiques et méritent largement que vous leur accordiez toute votre attention.


Murderworks
Septembre 2016


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/terratenebrosaofficial